Comme prévu, nous nous réveillons à 7h du mat’. A 7h30, nous avons déjà plié les gaules et quittons notre bel hôtel de luxe.

A 7h35, nous sommes installés devant notre roti canai matinal. Ce matin, il est délicieux. Par contre, après que Nico a faille s’étouffer, j’évite la sauce pimentée rouge en bas de mon assiette.

A 8h00 pétantes, nous enfourchons nos montures pour une matinée chiante. En effet, nous allons devoir emprunter la route 5 pendant une quarantaine de bornes afin de passer l’unique pont qui enjambe le fleuve Bernam River. Après avoir fait des zigzags dans une zone pavillonnaire de Teluk Intan, nous sortons de la ville et empruntons la 2*2 voies. Je branche ma musique sur Les quatre saisons de Vivaldi. Nico ouvre la route. Je lui prends la roue. Ce convoi de vélos déclenche des coups de klaxon d’encouragement. Il y en a besoin. A une grande intersection, nous partons en direction du fleuve à 2kms pour vérifier que le traversier est bien HS.

C’est bien le cas. Seuls des bateaux de pêche naviguent sur ce fleuve. Le traversier est à quai. Un quidam nous confirme que « The ferry is destroyed ! ». Demi-tour et retour sur la route 5. Nous allons rouler 45 kms sur cet axe avant de franchir enfin le pont après le village de Kampung Seri Perkasa.

Le ciel s’assombrit. Des orages sont annoncés plus tôt que d’habitude dans cette zone marécageuse. Quant à nous, nous nous dirigeons vers l’océan, ou tout du moins la mer d’Andaman, où la météo devrait y être plus clémente. Nous empruntons dorénavant un réseau de petites routes qui nous rapprochent de la mer. Les plantations de palmier à huile sont toujours aussi nombreuses. Nous entendons du bruit dans les arbres. Nous ralentissons. Ce sont à nouveau des singes. Il y a des bagarreurs qui font un boucan d’enfer, des équilibristes qui se baladent sur les fils de télécommunication et des affamés qui se régalent des restes de nourriture dans les décharges et sur les bas-côtés.

Après cet intermède simiesque, nous continuons notre route beaucoup plus agréable sur ces réseaux secondaires. En bordure de celle-ci, un ouvrier agricole, couvert de pied en cap, débroussaille les bas-côtés.

Un peu plus loin, c’est la même activité mais de façon moins mécanique. Je me méfie quand même du mâle alpha belliqueux de ce troupeau. Il n’a pas l’air très content de ma présence pourtant bien pacifique.

Nous rejoignons enfin la côte mais qui est difficilement accessible. Nous traversons le village de Sungai Besar. Nico aperçoit un magasin de vélos. Il s’arrête à la recherche de graisse pour sa chaîne et d’une nouvelle gourde. Mais il n’y a pas. Par contre, le stock de vélos en attente de reconditionnement est impressionnant. J’aurais du boulot pour le restant de mes jours avec tout ce stock dans mon atelier-vélo de l’Arche !

Nous repartons et finissons enfin par trouver un chemin qui mène en front de mer. Nous comprenons pourquoi aucun accès n’y mène. C’est une vaste zone marécageuse bordée par une mangrove. Les baigneurs et les plagistes ne doivent pas être légion dans le secteur !

De temps en temps, nous devons emprunter des chemins moins carrossables le long d’un canal d’irrigation. Les vaches paissent tranquillement. Elles regardent passer, non pas les trains, mais les cyclistes en vadrouille. Derrière elles, la mangrove et la mer.

Ce chemin nous emmène aussi dans de petits ports où l’activité fourmille. C’est souvent un bras de mer (ou de rivière) qui abrite les bateaux de pêche.

Vers 12h30, nous déjeunons à nouveau dans une gargote isolée sur ces cheminements. Il n’y a que 2 tables. La première occupée par des habitués et la nôtre placée dans un courant d’air fort bien venu. La cuisinière, une femme âgée et bien fatiguée, ne parle que malaisien. De toute façon, le choix est restreint. C’est riz-légume vert avec un œuf poché bien pimenté (n’est-ce pas Nico !) ou un morceau de poulet au curry pour moi.

La reprise après la pause-déjeuner est toujours aussi difficile. Entre la digestion et la chaleur étouffante, il faut débrancher le cerveau et avancer en mode automatique. Notre route se poursuit paisiblement. Ce paysage de palmiers à huile à perte de vue finit pourtant par devenir lassant. De temps en temps, une belle maison en bois sur pilotis, typique de ce pays, attire mon regard. Toutefois, je ne m’imagine pas du tout vivre ici.

Nous arrivons enfin à Tanjung Karang, terme de cette étape. Nous nous posons dans un endroit à l’ombre pour réserver une chambre. J’en trouve une pas chère du tout (16 RM), bien notée et situé dans le centre. Je réserve de suite. J’active la localisation. Cette chambre se trouve … sur l’île de Sumatra en Indonésie ! Comme la réservation est confirmée et la somme prélevée sur mon compte, je vais devoir réclamer le remboursement. Franchement, j’ai bien d’autres choses à faire ! Nous faisons une nouvelle recherche plus « ciblée » mais ne trouvons rien dans nos tarifs. Il nous faut poursuivre notre route jusqu’à la prochaine ville de Kuala Selangor à une quinzaine de kms au sud. Soit 1 heure de route en plus.

En empruntant toujours de petites routes plutôt que la route principale 5, nous arrivons vers 16h30 à notre Sun Flower Hôtel. L’heure de la sieste est hélas passée. Nous vaquons à nos occupations en attendant d’aller dîner dans le restau chinois d’à côté. Les prix sont élevés. Ils servent des plateaux de fruits de mer et du poisson frais. Je me contenterai d’un plat de nouilles noires. Une nouvelle fois, c’est simple mais succulent.

En dessert, nous nous offrons une glace Magnum dans le toujours fidèle 7-Eleven. Alors que nous la dégustons en marchant dans le quartier, je vois au loin arriver un cyclotouriste roulant bon train sur la route principale. Il arrive vers nous. Je reconnais Hughes, l’anglais rencontré avec Ian le N-Z, après notre départ de Bangkok. On se retrouve 1.800 kms plus au sud. Incredible but true ! Nous discutons quelques minutes. Il est plus de 19h30 et il se rend à son hôtel. Nous retournons également à notre hôtel après être entré dans un magasin, sis juste à côté, où les clients pêchent leurs crevettes. Incroyable également.

Il est temps de se reposer. Cette journée a été notre plus longue étape. 116 kms au compteur et toujours sous le cagnard.