Comme hier, c’est réveil à 7h00 du mat’ pour récupérer notre bateau de 8h00. Mais en ce vendredi,, l’imam de la mosquée nous gratifie de ses prières à partir de 6h00 du mat’. Vu que j’ai bouquiné tard, la nuit a été plutôt courte pour un voyageur au long cours. Nous quittons notre masure sans aucun regret.

Puis nous allons déjeuner sur le quai de l’embarcadère. Ce devrait être notre dernier roti canai malaisien si tout se goupille bien. C’est un des meilleurs que nous ayons mangé. Il a été préparé par une vieille femme. Ensuite nous filons sur l’embarcadère. Un premier bateau arrive mais ce n’est pas notre compagnie. Nous patientons. Un second accoste. C’est le bon. Le pilote récupère ensuite un couple de jeunes français, un couple anglais aperçu hier au snorkeling et un père américain avec sa grande fille et son grand ns fils, aux pontons de leurs hôtels respectifs un peu plus chic que le nôtre. Nous enfilons notre gilet de sauvetage au cas où …

Vers 8h30, nous quittons ce magnifique archipel en train malheureusement de se délabrer. Les deux moteurs de 150CV chacun peuvent lâcher les chevaux alors que le soleil tente de percer à travers les nuages matinaux. La mer est beaucoup plus calme qu’à l’aller. Le pilote envoie grave. Trente minutes plus tard, nous accostons au ponton de Kuala Besut.

Nous retournons à notre hôtel où nos montures nous attendent sagement. Nous renfilons notre tenue de cyclistes et rangeons nos sacoches. Puis nous prenons la route en longeant la côte. Une monture beaucoup plus altière que les nôtres s’entraîne sur la plage.

Ce matin, c’est mon tour de tracer la route. J’en ai repéré une superbe qui longe la côte. Manque de chance, elle a été emportée par la mer. Nous devons rentrer dans les terres et emprunter de petites routes afin d’éviter la route principale n°3. Toujours la même problématique.

Puis nous rejoignons la route D7 qui enjambe le fleuve Sungai Semerak. De grandes structures permettent de cultiver des coquillages qui sont ensuite écrasés pour récupérer la chair qui est ensuite séchée au soleil.

Nous poursuivons notre chemin sur des petites routes très agréables. D’un côté la mer que nous ne voyons pas, de l’autre des cultures de melons et pastèques poussent dans le sable. Des jeunes, certainement les enfants des agriculteurs, tiennent des stands pour essayer de les vendre. Mais il y a vraiment très peu de clients. Le milieu de la matinée est passé. J’aimerais m’arrêter pour se désaltérer. Nous prenons à droite dans un chemin où est indiqué un hôtel. Mais c’est un hôtel de luxe (Villa Danialla Beach Resort) avec piscine débordante en bordure de mer, grosses voitures et belles villas. En clair, pas pour des cyclotouristes puant et suant.

Un peu plus loin, peu avant le village de Kampung Telong, nous trouvons notre bonheur dans une gargotte en bordure de plage. Le couple de jeunes qui la tient est très sympa. La femme est thaïlandaise. Et, comme beaucoup de jeunes couples malaisiens, ils sont déjà parents. Alors que nous apprécions notre boisson (teh lemon o ais – thé citron glacé sans lait pour moi), les gros nuages qui s’amoncelaient finissent par ouvrir les vannes. Nous patientions le temps que ça se calme. Quelques minutes plus tard, l’orage est passé, le ciel bleu refait son apparition. Nous repartons.

Arrivé à Kampung Pantai Baru, nous faisons un dernier stop en bord de mer. Je m’essaie à la balançoire de mer. Le premier coup, je me fracasse la tête dans le sable. Le second, je joue au cochon pendu. Dans ce pays, je ne risque pas de finir à la broche mais c’est quand même risqué. Les gamins qui jouent un peu plus loin, sont explosés de rire. Moi aussi mais pas pour les mêmes raisons.

Le troisième essai sera le bon. Pour ma décharge, ces balançoires sont un peu bancales. Moi aussi, vous me direz. Et je ne suis pas encore tout à fait au point pour me présenter à Koh Lanta, même si l’épreuve de la balançoire de mer n’existe pas encore.

Alors que nous faisons des zigouigouis dans la cambrousse (mais cette fois, c’est moi qui dirige les manettes du jeu), nous finissons par dégoter une gargotte où déjeuner. Ce sera riz-poisson pour nous deux. Nous sommes les deux seuls clients. Je me demande toujours comment ces familles font pour subvenir à leurs besoins. Ici, il y a le grand-père, ses deux filles aux fourneaux, sa petite-fille âgée d’une vingtaine d’année (et déjà maman) au service, son gendre se baladant à scooter, son autre petite-fille partant au lycée avant d’aller plus tard à la fac, et son dernier fils en train de fendre des noix de coco. Cela fait quand même du monde à nourrir. Ils ont aussi quelques bêtes derrière la maison-restau. Après ce bon dîner, nous empruntons la route D5. Nous tombons par hasard sur le temple de Wat Phothikyan Phutthaktham (à vos souhaits !) et son Bouddha debout de 33 mètrès.

C’est vraiment étonnant de voir ce temple hindou dans cet endroit. En effet, nous sommes abasourdis par le nombre de mosquées récentes qui se trouvent dans ce périmètre. Comme c’est vendredi, beaucoup sont remplis de fidèles. Les imams nous font, comme ce matin, profiter de leurs prêches agressifs diffusés dans des haut-parleurs extérieurs. Je préférais la Turquie voire les pays arabes où les minarets ne diffusent que les appels à la prière. Là, c’est vraiment too much !!! Quant à ce temple très coloré, c’est beaucoup plus calme. Des mantras tournent en boucle. Des bâtons d’encens se consument. Des fidèles jettent leur papier contenant une prophétie dans les branches du magnifique arbre planté au milieu de ce temple (cf ci-dessus). J’adore !

Par contre, après la quiétude de ce temple, il nous faut prendre une route plus empruntée qui nous emmène à Kota Bharu, terminal éventuel de notre journée. Avant d’y arriver, je m’arrête prendre en photo ces cultures hors-sol. Des sachets contenant de la terre sont suspendus à des fils avec l’irrigation par-dessus. Étonnant. Il faudra que je me renseigne auprès de Carmina et Guillaume, mes responsables du maraîchage à L’Arche-en-Pays-Toulousain.

Arrivé à Kota Bharu, je repère, toujours pas hasard, le bâtiment de la police (polis). Ce n’est pas compliqué. C’est toujours un grand bâtiment blanc avec des couleurs bleues. Les pompiers, c’est blanc et rouge. Nous voudrions savoir si la frontière en bord de mer est bien ouverte. Nous n’avons pas encore décidé quel sera notre programme futur. Les deux personnes à l’entrée me confirment que c’est bien ouvert de 8h AM à 7h PM. Avec cette info, nous nous posons dans un endroit ombragé. Nico sort sa carte d’état-major. Moi ma tablette. Après concertation, nous décidons de monter jusqu’à la frontière thaïlandaise mais à l’intérieur des terres pour filer ensuite vers la côte ouest soit à vélo, soit en train si le parcours est très monotone. Nous ne passerons finalement pas par la côté est thaïlandaise qui parait vraiment trop chiante. Et on a déjà donné.

Après un marathon (42,195kms pour rappel) effectué à bonne allure sur des routes principales, nous arrivons enfin à Rantau Panjang côté malaisien. Nous y dînons d’un dernier mee goreng ayam pour épuiser nos derniers Ringit. Arrivé au poste frontière, il nous faut remplir de la paperasse et attendre un long moment devant les guichets de l’Immigration. Après une quarantaine de minutes, nous franchissons enfin la frontière. Nous voilà de retour en Thaïlande après 22 jours passés en Malaisie et 1.300 kms parcourus.

Il est 19h00 heure malaisienne mais seulement 18h00 heure thaïlandaise. Nous traversons la ville de Sungai Kolok à la recherche de notre Sekret Hotel. Il est en périphérie. On le trouve facilement. Cette fois, pas d’embrouille. De plus, nous avons réservé avec Agoda en regardant nos tarifs malaisiens (moins de 100RM soit 20€ max à deux). On se retrouve dans un bel hôtel avec grande chambre et fenêtre, deux lits jumeaux, un coin douche séparé des toilettes avec une chasse d’eau en état, un espace déjeuner, de la wifi qui fonctionne sans problème, de l’eau fraiche dans le frigo. Le paradis après notre masure d’hier. Nous pouvons même faire tourner une machine à laver pour, enfin, laver tout notre linge sale.

Par contre, j’ai trop la flegme de sortir boire une bière. Je me contenterai d’un bon verre de Cognac, bu dans un vrai verre en verre et pas un verre en plastique ou en carton, pour arroser notre retour en Thaïlande. Pour les fidèles de ce blog, vous l’aurez compris depuis un moment, la Malaisie ne nous laisse pas un souvenir impérissable si ce n’est les incontournables George Town, Cameron Highlands, Malacca, Perhentian Archipel. Et aussi quelques kilomètres de pur bonheur sur des routes longeant la mer. Sans oublier évidemment le melting-pot culinaire, culturel, éthnique et religieux ainsi que la gentillesse et l’accueil des malaisien.nes.