Nouveau dimanche sans grasse mat’. Réveil vers 7h15. Douche froide pour moi. Lavage, graissage et chargement des mules. Départ à 8h00.

Nous partons à la recherche d’un roti canai. Mais sans succès. Nous trouvons un restau propret tenu par deux jeunes femmes. Ce matin, ce sera nouilles, ships et poulet au p’tit’ déj’. Nous rebroussons chemin pour nous diriger vers la gare et trouver les horaires des trains qui remontent vers le nord. Il y en a un qui part à 13h53 de Yala, à une quarantaine de kms d’ici, vers Thung Song. Cette ville se trouve à 250 kms plus au nord. Elle se situe à l’intérieur des terres à hauteur de Koh Lanta.

Une fois les horaires récupérés, nous sortons de cette grande ville à majorité musulmane. D’ailleurs, nous passons devant la grande mosquée verte de la ville. Une photo s’impose.

Ma trace Maps.me nous fait suivre la route principale 4060. Alors que nous avons déjà parcouru quelques kilomètres, Nico me dit qu’il y a une variante en suivant la voie de chemin de fer. Pour moi, c’était un chemin sur sa première partie. Nous ne pouvons plus couper. Nous continuons donc sur cette route avec, de temps en temps, ces fameux barrages militaires à franchir.

La route est évidemment beaucoup moins sympa que celle d’hier. Mais nous avançons bon train (sic!) sur un bitume qui rend bien et vent dans le dos. Arrivé dans un village, un groupe de jeunes cyclistes nous double. Je n’ai pas pris assez de vitesse pour essayer de les accrocher. Cependant, je profite du passage d’un camion chargé de bois pour « sauter dans sa roue ». Je reviens à bonne allure sur le groupe. Las ! Il s’arrête dans un village. Nico me dit qu’ils ont bien rigolé quand ils m’ont vu passer au cul du camion. A ce sujet, ce n’est pas le groupe du Stade Toulousain Cyclisme Académie mais ça pourrait. Cette section vient d’être montée et a participé à sa première course à Villemur/Tarn avec les encouragements des anciens du STC. J’espère avoir l’occasion de rouler avec ces jeunes à mon retour.

En milieu de matinée, l’appel, non pas de la prière, mais du café retentit. Je trouve une gargotte en bord de route et m’y arrête en attendant Nico. Il commence à fatiguer le jeunot. D’autant plus, qu’il a beaucoup plus de mal à dormir que moi. J’envisage éventuellement de continuer ma route à vélo tout seul avant de le rejoindre sur la côte. Avant cela, je me bois un double-café glacé. La patronne est très heureuse de notre présence. Elle veut nous photographier avec ses deux filles, la 3ème étant à l’Université. Nous acceptons et en profitons aussi !

Arrivé à l’entrée de Yala, nous tombons à nouveau sur le marché qui se tient des 2 côtés de la route. Bien qu’elle soit sèche contrairement à hier, c’est un peu le bordel pour le traverser. Mais ça se passe à l’asiatique : dans le calme et sans stress. Ça change des excités occidentaux toujours à speeder pour gagner quelques foutues secondes. Cool Man !

Nous arrivons à la gare peu avant midi. Il y a du monde un peu partout. Finalement, je me suis résolu à suivre Nico. Nous arrivons dans la plaine et les paysages risquent de ne pas être grandioses. Et puis, un peu de repos ne me fera pas de mal non plus. Je n’ai plus vingt ans même si le moteur et la carrosserie sont encore en bon état.

Nous vérifions les horaires sur le panneau principal. Ici, il y a la traduction des villes en anglais ce qui n’était pas le cas ce matin à la gare de Rueso. Heureusement, Nico a installé un outil qui permet d’assurer la traduction à partir d’une photo prise (menu, horaire, panneau, …). Cela ne marche pas sur mes iBidules. Ou alors il faut payer. Merci Apple. De toute façon, c’est décidé, je change mes iBidules, qui ont bien morflé avec tous mes périples à vélo, pour revenir sur Android. Cette mission spéciale a été confiée au fiston.

Nous achetons nos billets dont le prix est de 103THB auquel il faut ajouter 90THB pour le transport des vélos soit un peu plus de 5€ pour faire 250kms. Puis nous partons à la recherche d’un endroit où déjeuner. Ce midi, ce sera riz et abats pour moi. A la fin du repas, un jeune garçon, accompagné de sa maman qui parle anglais, arrive à notre table. Elle nous demande si on peut converser en anglais avec son fils. With pleasure ! Il nous demande nos prénoms, notre pays, d’où l’on vient, où l’on va. On discute aussi foot et, bien évidemment, de Mbappé son joueur préféré avec Ronaldo le portugais et Mo Salah l’égyptien. Sa maman nous demande également de nous prendre en photo. Décidément, c’est la journée des stars. Nous acceptons une fois de plus avec grand plaisir.

Après avoir réservé un hôtel, pris mon café et fait quelques provisions de gâteaux en prévision de ces 5 heures de voyage, je retrouve Nico à la gare. Avant d’embarquer les vélos, il a le temps de peser le sien qui est à 40kgs tout de même. Cela ne m’étonne pas qu’il en chie grave dans les montées. Quant à moi, je n’ai que le temps de me peser. Je suis descendu à 67kgs habillé et après repas. L’équivalent de mon poids de forme optimale en 2005 à l’époque où j’ai couru le marathon de Paris en 2h49. Presque 20 ans après, je n’ai pas pris un gramme. Il faut dire aussi qu’on grille quelques calories par jour et que notre sauna quotidien ne favorise pas la prise de poids. Peu avant 14h00, notre train entre en gare.

Nous chargeons les vélos à l’avant du train avant de trouver notre place dans le wagon 9 … à l’arrière du train en Class 3. C’est toujours aussi simple de charger un vélo avec sacoches dans un train. Et encore, là, il n’y a pas d’escaliers à monter et à descendre comme dans la gare Matabiau de Toulouse par exemple. A ce sujet, beaucoup de travailleurs aimeraient pouvoir faire du transport multimodal plutôt que de prendre sa bagnole et se taper les embouteillages matin et soir. Le principe est simple. Vous partez de chez vous à vélo pour vous rendre à la gare. Vous chargez votre vélo dans le train. Vous arrivez à destination. Vous déchargez votre vélo et vous vous rendez à votre boulot à vélo. Lorsque, évidemment, vous avez une gare près de chez vous ! Vu la difficulté pour trimbaler son vélo et la complexité des abonnements, beaucoup renoncent hélas.

La mienne de place est occupée par une jeune femme qui est avec deux autres femmes plus âgées. Elle ne veut pas libérer sa place. Je laisse Nico en cette charmante compagnie et pars m’installer ailleurs. Le wagon est bondé, le train aussi je pense. La climatisation est assurée par les fenêtres ouvertes. Les sièges sont durs et pas très confortables. Mais ce n’est pas pire que la selle de vélo.

Je profite de ce temps mort pour rédiger ces lignes. Comme cela, ce soir, je pourrais bouquiner pas trop tard et, éventuellement, regarder France-Ecosse en rugby à 22h heure locale. J’essaie aussi de dormir un peu. Mais ce n’est pas facile avec une gamine qui fait sa gym entre 2 sièges juste derrière moi. Arrivé dans la grande ville de Hat Yai, juste au-dessous des grands lacs de Songhkla où nous étions passés à l’aller, le train fait une halte assez longue. De nombreux marchands ambulants en profitent pour monter à bord et vendre leur produit. J’achète un thé glacé. A 16h30, le train repart. Le wagon s’est vidé de moitié. Le train chemine à travers la plaine dans des endroits où nous sommes déjà passés à vélo. Le soleil décline alors que des jeunes à scooter patientent au passage à niveau.

Vers 19h15, nous arrivons enfin à destination. Nous avons remonté tout le train et traversé de nombreux wagons beaucoup plus confortables (Class 1 & 2); notamment de nombreux wagons-couchettes climatisés pour les passagers qui se rendent à Bangkok. Nous déchargeons les vélos. Je branche mon GPS Google Maps en mode piéton pour rejoindre notre hôtel distant d’un kilomètre environ de la gare. Nous y arrivons. Alors que je dis à Nico que c’est quand beaucoup moins compliqué qu’en Malaisie, un nouveau sketch commence. Bien que j’ai réservé, payé, confirmé notre arrivée par mail et message, la famille au complet à la réception va mettre une bonne demi-heure avant de comprendre que la chambre est payée et de finir par nous donner les clés d’une chambre. Une douche rapide et on file dîner dans la gargote la plus proche. Il est 21h00 quand on rentre dans notre superbe chambrette. Fin de cette nouvelle longue journée multimodale !