Réveillé à 7h après une courte nuit. J’ai essayé de regarder le match de rugby hier soir mais la réception était vraiment trop mauvaise. J’ai donc bouquiné en suivant l’évolution du score sur le direct de l’Equipe. Légèrement frustrant. Après avoir bu un thé, nous quittons notre bel Guest House pour aller déjeuner en ville.

Nous tombons sur le marché. Il nous est compliqué de circuler avec tout le flux de scooters. Il y en a même qui se baladent à l’intérieur de la halle. Les stands de légumes sont bien achalandés. On y trouve nos légumes d’été. Par contre, il n’y a aucun stand de restauration. Nous récupérons nos vélos et sortons de ce quartier bondé.

Comme nous ne trouvons pas de gargote avec roti canai, nous nous rabattons sur une gargote « classique ». Ce matin, ce sera omelette bien grasse aux herbes et une assiette de mee mu (?).

Une fois le ventre bien rempli, nous quittons Thung Song par une route principale. Au bout de quelques kilomètres, Nico nous amène sur des axes secondaires. Il nous a concocté une trace superbe qui évite au maximum l’axe principal. Cela commence par la petite route rurale 4087 (Department of rural road) fort sympathique à travers la forêt.

Nous allons nous régaler les yeux pendant la toute matinée. C’est du pur bonheur. Le profil de cette route ressemble un peu à mes routes d’entraînement dans le Gers que j’emprunte lors de mes sorties à vélo de course. C’est un enchaînement de montées à 4 ou 5% et de descentes que je passe sur la plaque du milieu. De plus, c’est souvent ombragé.

Alors que nous cheminons, mon esprit vagabonde sur les changements survenus après être monté 250 kms plus au nord. En effet, les contrôles militaires ont disparu. Les musulmans sont beaucoup moins présents. Les temples hindous ont remplacé les mosquées. Les hijabs et les robes longues masquant les formes féminines ont fait place aux cheveux bruns volants au vent et aux tenues beaucoup plus affriolantes. Je préfère. Esprit, reviens sur terre. De temps en temps, la route bitumée fait place à une route bétonnée. Mais le charme opère toujours. D’autant plus quand un cabanon en bambou agrémente le spectacle de Dame Nature.

Et puis, le spectacle est aussi en bord de route lorsque nous apercevons un enclos de sanglochon, croisement de sanglier et de cochon comme il en existe en Corse et dans le Haut-Var cher à mon frangin Yves-Marie et à ma charmante belle-soeur Florence future retraitée. A ce sujet, mon retour est programmé pour fêter cet évènement le week-end du 14 juillet lors du WoodStock Festival d’Ampus.

Revenons à nos moutons ou, plutôt, à nos cochons. Après cet intermède animalier, nous empruntons à présent une piste. Les autochtones nous saluent toujours aussi chaleureusement tout surpris de voir deux farangs à vélo dans ce coin perdu. Nous apercevons de temps à autre des maisonnettes en bordure de chemin. Et aussi quelques scooters. Arrivé dans un hameau, nous nous arrêtons à un kiosque à boisson situé au carrefour de 2 chemins. Il est bientôt 11 heures et il fait soif ! Ce sera café frappé pour moi et sirop d’ananas glacé pour Nico.

Bien que les locaux ne parlent pas un mot d’anglais, nous passons un long moment de cet endroit ombragé et venté hors du monde. Je pousse Nico à repartir. Il serait bien resté assis sur sa glacière toute la journée. Quant à moi, je préfère rester debout lors de ces pauses alors qu’on a le cul sur la selle une bonne partie de la journée.

Nous reprenons notre chemin en latérite. C’est assez roulant et beaucoup moins cassant que les chemins empierrés. Nos montures n’ont pas l’air de trop couiner.

Après cet intermède de sur ces chemins de traverse, nous retrouvons une route goudronnée. Alors que nous attaquons une nouvelle montée, nous apercevons un homme au milieu de la route avec une grande perche en bambou. Je ne pense pas qu’il essaie pas de battre le nouveau record du monde du suédois Mondo Duplantis qui vient de battre son record du monde avec 6,22m à Clermont, le fief de notre Renaud Lavillenie national, perchiste et organisateur de ce meeting.

Il est surveillé de près par sa femme et son jeune fils. Au bout de sa perche se trouve un sac en plastique. Nous supputons qu’il ramasse des fruits ou qu’il veut attraper un oiseau. « Alors hein ? Qu’est-ce qu’il ramasse mon papa perchman ? » semble me demander le p’tit bonhomme.

Nico, toujours très curieux, va le découvrir à ses dépens. Une fois la perche et le sac reposé, il s’approche au plus près. Je l’entends couiner. Il a les pieds dans la fourmilière ! Ce sont des fourmis rouges qui piquent que cette famille attrape. Nous verrons un peu plus loin un grand plat rond contenant du riz pour que ces fourmis s’installent et pondent leurs œufs, plat très apprécié des thaïlandais. Ces fourmis tisserandes ont également pour fonction de détruire les autres insectes qui attaquent les arbres fruitiers. Ni pesticide, ni néonicotinoïde, ni OGM … laissons faire Dame Nature !

Après cet intermède, nous reprenons notre parcours sur nos superbes routes de l’intérieur. Trente minutes après cet épisode « fourmi », c’est maintenant l’épisode « oiseau ». Nous avions croisé quelques hommes à scooter ce matin trimballant leur cage à oiseau couverte d’un linge. Nous comprenons maintenant pourquoi. Dans ce champ se déroule un concours de chant d’oiseaux, véritable sport national.

Dans chaque cage se trouve un bulbul qui a vingt secondes pour chanter. Ce décompte est effectué par un arbitre au moyen, non pas d’un sablier ou d’un chronomètre, mais d’une soucoupe immergée dans un seau. Toutes les 20 secondes, la soucoupe coule. L’arbitre siffle. L’oiseau chante. Le juge note sur un bout de papier placé sous la cage. Il note également la beauté de la cage. Certaines ont des pièces en nacre. Enfin, c’est ce que j’ai compris. Je ne suis pas partisan d’enfermer ces pauvres oiseaux mais plutôt, comme le chantait Pierre Perret, de clamer « Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux … ».

Après ce nouvel intermède musical, nous reprenons nos pérégrinations. Nous arrivons à un carrefour routier. Il est bientôt midi. Le p’tit’ déj’ est déjà loin. Nous avons grave les crocs. Nous choisissons une gargote où se trouvent de belles tables ombragées en bambou. Le plat unique est la salade de papaye. Cela faisait longtemps. Par contre, nous oublions de prononcer la phrase magique « maï phet ».

La salade arrive avec ses crabes écrasés, ses cacahuètes, ses papayes … et son piment rouge. Quand je vois Nico manquer s’étouffer, je comprends notre erreur. Mes derniers Tom Yam mangés étaient épicés. Mais là, c’est la cerise sur le pompon. Nous finissons la bouche et les lèvres en feu. Et ni banane, ni glace chocolatée pour éteindre l’incendie. Quoique la glace pilée servie avec l’eau fera l’affaire. Il est temps de faire le siestou. Vers 13h30, nous repartons sur des routes moins pittoresques que ce matin. Cependant, nous traversons de beaux paysages de pains de sucre.

Comme la route devient plus monotone, je branche ma zique sur ma playlist de Led Zeppelin. Je pédale au rythme de ces chansons que j’ai écoutées des centaines de fois. Mais je ne m’en lasse pas. Stairway to Heaven, Since I’ve been loving you, Whole Lotta Love, Rock&Roll, All my love, … sans oublier le sublime et planant Kashmir. Si vous ne connaissez pas, je vous invite à l’écouter. Du coup, je largue Nico. D’autant plus que je prends la roue d’un camion et que j’avance à plus de 40kms/h pendant un bon moment. Je m’arrête lorsque je vois un stand de jus de canne à sucre. Je n’avais encore jamais goûté. Nico arrive.

On se pose pour faire le point avant d’arriver à notre destination finale. Il a repéré deux hôtels à l’entrée de la ville. Nous nous y rendons en arrivant. Malgré que Agoda propose une chambre libre à 800THB, la réceptionniste nous dit que c’est complet. Le second à 600 mètres nous accepte sans problème. Il n’y a personne. La chambre est à 380THB. Elle est très bien. On s’installe. Vers 18h00, après avoir acheté notre bière Chang, nous partons dîner dans une gargote où nous essayons de converser en anglais avec la jeune serveuse, fille de la patronne. Elle est adorable et fête ses 13 ans aujourd’hui. Elle aura un petit pourboire comme cadeau. Pour finir cette magnifique journée, nous nous offrons un Magnum au 7-11 du coin, glace que nous dégusterons en rentrant.
Il est 21h00. Au dodo pour lire mes quotidiens préférés L’Equipe et Libé.