Ce matin, je suis réveillé par Nico qui me quitte à 6h30 du mat’. Il va rejoindre le centre-ville et essayer de trouver un pick-up pour l’emmener à la station de train de Phumpin. De mon côté je me lève vers 7h00. Puis le patron m’invite à prendre un café accompagné d’un morceau de gâteau. Et, alors que je n’ai pas rendu la clé, il me rembourse les 100THB de caution. Il doit avoir quelque chose à se faire pardonner. Je quitte cette hôtel/restau/garage avec ses nombreux moteurs en devanture. Cela me rappelle mon père, diéséliste de métier, bien évidemment.

Vers 7h45, je reprends la route des grottes que nous n’avons pas pu visiter hier. Je m’arrête déjeuner au marché à la sortie de la ville. Ce matin je teste un nouveau petit déjeuner composé de riz bouilli avec des épices. La patronne m’offre également un beignet de poisson pour l’accompagner.

Après avoir parcouru 6 km, j’arrive dans un cul-de-sac où se trouve un petit port. Je me renseigne pour savoir comment visiter les caves. Un homme de forte corpulence me parle avec quelques mots de français. Je lui explique que je viens de Toulouse. Il connaît la ville et surtout son équipe de football. Je comprends que son fils (ou son frère) a dû faire un test là-bas. Incroyable ! Le monde est vraiment petit.

Nous en revenons à la location. Il me dit qu’il est obligatoire de louer un canoë pour s’y rendre. Puis il m’informe des tarifs. Une location coûte 600THB les 3 heures auquel il faut ajouter 300THB pour les gardes du parc national. Si je prends un guide c’est 800. Cela me paraît excessif. Sa femme me dit alors que si je prends un long rail, je peux éviter les gardes et c’est 800THB. Vu qu’il n’y a personne, je négocie à 300THB sans guide pour 1h30. J’enfile mon gilet de sauvetage. Je récupère un sac imperméable, une pagaie et mon canoë. Je quitte le port.

Je dois me rendre à environ 1 km. Je devrais trouver un ponton où je laisserais mon canoë pour me diriger vers les grottes. Cela faisait un bail que je n’en avais plus fait. Je crois que, la dernière fois, c’était lors de congés d’hiver en Guadeloupe avec ma Coco pour nous rendre de la plage de Malendure vers la réserve Cousteau pour y faire du snorkeling. Un sacré bail donc. Mais le canoë, c’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas.

Lors de mon approche, je double quelques maisons construites sur des barges. Je dois remonter le courant. Ma position assise sans dossier est inconfortable. Après toutes mes années de course à pied, j’ai une vertèbre tassée et j’ai le dos qui morfle.

Je finis quand même par arriver sur zone. J’amarre mon canoë. Puis je grimpe les marches qui me mènent à la grotte aménagée de Phi Hua To. de repérer les peintures préhistoriques en pigment rouge d’humains et d’animaux étranges. Mais je ne les trouve pas. Heureusement des ouvriers sont en train d’installer un ponton pour rejoindre l’autre grotte.

Je leur demande des précisions. Un d’eux m’indique les fameuses peintures. Eurêka !!! Je les aperçois. Avec le zoom, cela ne rend pas mais je vous assure que l’on distingue bien ces peintures.

Il s’agit de cet étrange animal rouge. Pour de plus amples infos, je vous invite à vous rendre, non pas sur site, mais sur leur site.

L’autre peinture représente deux avant-bras avec les mains également en pigment rouge. C’est bien sûr beaucoup moins impressionnant que les peintures de la grotte de Lascaux en Dordogne ou celles de Chauvet en Ardèche. Mais c’est aussi le cadre, l’arrivée en canoë et le fait d’être seul qui participent à cette émotion.

La grotte en elle-même est assez grande. Je peux y admirer de nombreuses stalactites, stalagmites et draperies.

La sortie à l’air libre est également splendide avec ces parois de calcaire, cette forêt vierge et ce bras de mer en contrebas.

Je redescends ensuite sur le ponton pour y récupérer mon embarcation. Selon les indications du boss, je dois retourner en arrière, prendre un autre bras de mer sur ma droite puis aller jusqu’au bout. Je suis ces indications scrupuleusement. En effet, si je me paume, je n’aurais pas grand monde pour venir me chercher. J’arrive devant l’entrée de la seconde grotte nommée Tham Lod. Spectacle impressionnant !

Je me glisse à l’intérieur de cette cavité. Ma solitude n’est brisée que par les chants des oiseaux.

Le spectacle est à nouveau absolument incroyable.

Les stalactites et les draperies se reflètent sur l’eau. C’est tout simplement splendide. Les mots me manquent pour décrire les sentiments que je ressens devant un tel spectacle. En effet, contrairement aux autres sites merveilleux déjà visités, je suis seul. Et ceci n’a pas de prix.

Au retour, je me positionne à genoux pour ramener mon canoë avec le courant à son port d’attache. Je remercie chaleureusement le boss et sa famille avant de prendre la direction du petit temple de Wat Tham Thepnimitr. J’y accéde par un mauvais chemin sablonneux.

Je suis accueilli par un moine solitaire sans âge. Il porte bien évidemment la tenue traditionnelle des moines bouddhistes (kesa) mais torse nu. Il est squelettique. Ses côtes sont saillantes. Nous essayons d’échanger en anglais mais je n’arrive pas à comprendre ce qu’il exprime. Il me montre son ventre et son cœur. Je ne sais pas s’il a faim ou s’il est souffrant. Il m’invite à parcourir son temple.

Celui-ci est bâti à flanc de montagne. À Il nouveau, une grotte m’invite à la contemplation. Dommage que l’éclairage ne soit plus en fonction.

En observant cette paroi rocheuse, je découvre une statuette de bouddha assis tranquille dans une niche. Je ne me lasse pas de la sérénité et de la zénitude de tels endroits. Avant de quitter ce lieu, je dépose un don. Puis je remercie ce moine pour son accueil. Il me fait signe que lui et moi sommes semblables (sem sem). Puis me souhaite un bon chemin.

Effectivement, en y réfléchissant, je m’aperçois de quelques similitudes. Abstinence sexuelle (la libido est à zéro après ces journées passées le cul et les coucougnettes sur la selle; il n’y a que Haka2 qui en profite). Abstinence alcoolique (à part quelques bières et gorgées de cognac). Abstinence tabagique et autres sur . Solitude. Recueillement. Dépouillement. Bienveillance (Il est gentil Gaël). Résilience (Tout se fera). En résumé : « Pour vivre heureux, vivons de peu ». C’est ce à quoi je pense sur cette petite route entre hévéas et palmiers.

Vers midi, après n’avoir roulé qu’une petite trentaine de kms, j’arrive à Thap Put à l’intersection de plusieurs axes routiers dont la fameuse route principale n°4. Je m’arrête au marché de la ville. Quelques stands proposent leur plat. Cette vieille femme m’interpelle et me propose de m’asseoir avec un autre couple. J’exécute. Elle me sert un plat de mee (nouilles) avec des légumes cuits. Après, j’accomode à mes envies avec tous les autres légumes crus, marinés, vinaigrés, … contenus dans les coupelles.

Ce couple est thaïlandais de Bangkok. Ils rentrent dans la capitale après avoir séjourné ici où ils ont de la famille. Nous échangeons en anglais pendant notre repas. En partant, ils me souhaitent un beau voyage et m’offrent le repas. Cela faisait longtemps. Décidément quelle incroyable matinée … J’emprunte ensuite la route 4108 qui passe entre 2 massifs montagneux. Comme dans « Où est Charlie ?», je vous vite à trouver les temples érigés dans la forêt.

En parlant de temple, je m’arrête dans l’un d’eux pour y faire ma sieste quotidienne. Je dois reprendre des forces avant de parcourir la petite cinquantaine de kms qui m’emmène à Phanom. En effet, il n’y aucune ville, donc aucun hébergement, entre ces 2 villes. Cette route s’avère très agréable. Elle est peu empruntée (un autre axe parallèle se trouve dans une autre vallée). Elle tournicote, monte, descend à travers des forêts primaires, d’hévéa ou de palmiers.

Vers 16h30, j’arrive à destination. Comme je ne trouve aucun hôtel sur mes sites de réservation ou sur mes traceurs, je me résous à demander aux quidams. Je finis par dénicher un hôtel « Phaitong resort » pour la modique somme de 400THB. La chambre est superbe avec toilettes et douche séparées, ce qui est très rare à ces tarifs. Hélas, la wifi ne fonctionne pas et le restaurant est fermé. On ne peut pas tout avoir non plus.

Je dois remonter au 7–Eleven pour m’acheter un plat. Par contre, en ce jour de fête religieuse bouddhiste, ils ne servent pas d’alcool. Je trouverais quand même une bière dans hun commerce chinois. Je ne suis pas encore devenu un moine bouddhiste ! En rentrant, je reçois la photo de la jante cassée de Dulcinée.

De son côté, il a pu rejoindre son train et partir en direction de Bangkok. Il ne devrait y arriver que demain après une nuit sur un siège dans un wagon non climatisé. Je compatis. Fin de cette magnifique journée sans mon compère Nico.