J105 – mardi 14 mars – Ban Chang / Song Salueng

Depuis 6 jours, je me balade d’île en île. Les journées à vélo sont plutôt cool. Ce matin, je reprends le collier. Et je vais aussi essayer de retrouver mon rythme que j’avais lors de mon précédent périple de Venise à Istanbul, notamment à partir de la Grèce. En l’occurrence, partir tôt le matin pour profiter de la relative fraîcheur et ne pas trop rouler l’après-midi. Donc je me réveille à 6h30 après une bonne nuit de sommeil. A 7h15, je quitte mon petit nid douillet n°103.

Je dis aussi au-revoir à mon compagnon canin avec qui je me suis bien amusé hier soir. Par contre, il n’y a encore personne à la réception. Je laisse mes clés sur la porte et envoie un message pour le signaler. De toute façon, je n’ai pas laissé de deposit.

Je reprends le chemin à travers les champs qui m’emmène sur l’axe principal pour une première partie de matinée qui ne va pas être folichonne du tout.

En effet, je vais devoir traverser une immense zone industrielle et pétrochimique avant de rejoindre le front de mer. Je n’ai pas d’autre alternative. Et cela fait aussi partie du voyage. Mais avant cela, je m’arrête déjeuner dans une gargote. Ce matin, ce sera riz-légumes-oeuf servi sur une page de journal.

Une fois les batteries rechargées, je sors de la ville avant d’attaquer la zone. Je vais avoir droit à ce décor pendant 20 bornes. De grands boulevards au bitume défoncé par les nombreux poids-lourds les empruntant. Des usines puantes. Des voitures, bétaillères et scooters déversant leur flot de travailleurs. Des carrefours embouteillés où il faut patienter 3 plombes avant de passer.

Peu avant 9h00, je rejoins enfin le front de mer. Je laisse au loin usines et complexes pétrochimiques. Je retrouve le calme et la sérénité. Comme ces chiens, fort nombreux dans les parages, qui prolongent leur nuit en toute quiétude.

Alors que suis la côte en empruntant une petite route très calme, je tombe sur ces drapeaux franco-anglais. Celui des rosbifs est en berne après leur déculottée rugbystique. Good game !

Je poursuis ma route, en empruntant une belle piste cyclable, jusqu’au bout de la langue de terre de cette belle station balnéaire de Rayong. De petites baies sablonneuses, protégées par des brises-vagues, invitent à la chaise longue.

Mais j’ai encore de la route à tailler. Une fois arrivé au bout, je dois faire demi-tour pour retrouver un pont qui enjambe un bras de mer parallèle à la plage. Je longe cette fois-ci la zone portuaire. Les chalutiers côtoient de plus frêles embarcations de pêche.

Je traverse cette ville avant de redescendre sur le front de mer. Alors que je circule dans de petites artères commerçantes, j’aperçois un magasin de cycles. J’y achète un second porte-bidon maintenant que les vis d’attache ont été réparées. Cela me permettra d’avoir un peu plus d’eau disponible au cas où.

En sortant de la ville, je m’arrête dans un café pour y déguster mon café glacé accompagné de deux barres de riz sucré et fourré, enveloppé dans une feuille de bananier. Je profite de la wifi pour rédiger ces lignes. Je reprends vraiment mon rythme de voyageur solitaire. Sans compromis, ni contrainte. Je pense que Nico avait aussi cette envie et ce besoin après ces longs mois à voyager seul. De plus, je peux également échanger avec un couple de thaïlandais sans parasitage.

Alors que je sors de cette grande ville de Rayong en contournant un nème complexe industriel, je traverse ce temple pour rejoindre une petite route secondaire. Il s’agit du charmant temple doré de Wat Pluak Ket.

Quelques kms plus loin, je retrouve une côte plus sauvage dans cette immense baie de Rayong.

Dans ce coin, aucune structure touristique ne s’est implantée. De ce fait, des villages de pêcheurs sont encore présents. La pauvreté ressurgit. Ici, c’est une femme de marin-pêcheur qui est occupée à ramender sous un abri de fortune.

Je poursuis ma route jusqu’à trouver de nombreux restaurants sis côte à côte. Ils proposent tous des fruits de mer ou des poissons. Il est plus de midi. Je m’arrête au pifomètre dans l’un deux. Je commande un encornet grillé avec du riz. Je me fais plaisir et me régale les papilles. L’addition sera beaucoup plus salée (normal, nous sommes en bord de mer) que d’habitude. Je m’essaie à nouveau au selfie mais je ne suis vraiment pas doué. A part ma peau ridée de vieux loup de mer, on aperçoit à peine la mer au fond.

Une fois ce délicieux repas avalé, je vais m’allonger sur un des bancs derrière moi pour me taper mon petit siestou digestif. Puis je reprends la route longeant la baie jusqu’à arriver enfin à la pointe qui fait partie du Khao Laem National Park. La mer est basse. Les barques sont à sec. Un scooter, au centre de l’image, coupe au plus court.

J’en fais de même avec mon vélo pour aller à l’entrée de la pointe. Un village de pêcheurs s’y trouve. Je le traverse alors qu’une discussion animée se déroule entre plusieurs personnes assises en arc de cercle. Sont-ce des syndicalistes de tendances opposées ? Sont-ce des députés de partis opposés ? Ou ne serait-pas tout simplement des pêcheurs discutant de nouvelles directives locales voire gouvernementales ? Je ne le saurais pas. Au bout de cette pointe difficilement accessible, se trouvent quelques baraques occupées par de jeunes couples. Le repas en commun débute. Les bières et les joints sont de sortie. Autre ambiance plus paisible.

Alors que tout ce beau monde devait se demander ce que je faisais dans ce coin perdu, je parviens à sortir de cette pointe par de mauvais chemins. Je rejoins alors la route côtière puis bascule dans une autre baie. Nouveau changement de décor. Cette fois-ci, je tombe sur des ramasseurs de coquillage à marée basse. D’autres ramassent les ordures accumulées sur cette plage vaseuse.

J’arrive ensuite dans le pittoresque village de Bang Phe où, à son entrée, un panneau indique les 100 ans d’existence du marché local et de sa grande rue commerçante. Quant à moi, je retombe sur une machine à café, thé ou cacao. La précédente était en panne. Celle-ci fonctionne. Avec une pièce de 10THB (0,25€), je me bois un café sucré au lait. Pas le choix.

Je sors du village par un cheminement piéton qui longe la mer. Depuis un moment, je circule sur la droite de la route pour profiter de l’ombrage des arbres et de la vue sur mer. Sinon, si je respecte le code thaïlandais, je devrais circuler à gauche en plein cagnard et sans trop voir la mer. Bien évidemment, je le fais vu que la circulation n’est pas très dense. D’ailleurs, cela arrive souvent de croiser des scooters ou des side-cars ambulants à contre-sens.

La plage sur cette baie est magnifique. De ce fait, quelques resorts ont été construits. Mais cela reste raisonnable. D’ailleurs, mon futur hébergeur me confirmera que, dans cette baie, il y a surtout du tourisme local. Plus loin, ce sont surtout des scandinaves qui font marcher le business. Je poursuis ma descente du Golfe de Thaïlande. La chaleur est toujours aussi prégnante. L’heure avance. Les side-cars de plage ne vont pas tarder à plier bagage.

Vers 15h30, je commence à sortir mes radars. Une première tentative en bord de mer échoue (location à la semaine uniquement). La seconde dans les terres également. Il s’agit d’une location non répertoriée sur les sites Agoda ou Booking dont l’enseigne écrite en Thaï peut se lire Season. La proprio tient également une boutique. Elle loue plusieurs petits bungalows et m’en demande 500THB. Comme il n’y a personne, je lui en propose 400, somme qui représente ma barrière symbolique des 10€. Mais, comme une fois précédente, elle préfère 0 que 400 ! La troisième tentative échoue également par absence des proprios (ouvert 6AM-9AM, 6PM-9PM).

La quatrième sera la bonne. Je l’avais d’ailleurs repéré sur Agoda mais le prix était trop élevé. L’endroit se nomme Double P. Il est tenu par un français et son jeune homme de fils qui me semble légèrement handicapé mental. D’ailleurs, il n’est pas scolarisé, ne travaille pas et reste avec son père et sa conjointe thaï. Peut-être le nom de l’endroit évoque-t’il les initiales de ces deux hommes ? Je n’ai pas pensé à demander. Nous discutons un long moment, en buvant une grande Chang et grignotant des chips, avant que je ne récupère ma chambre (pour 400THB non négocié).

Vers 18h00, j’enfourche le scooter du proprio pour descendre dîner dans un restau en front de mer. Ce sera salade de papaye au crabe (cela faisait longtemps). Retour au bercail de nuit avant une soirée tranquillou après cette belle journée en bord de mer.

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