Réveil à nouveau matinal après une bonne nuit récupératrice. Le voisin a branché sa musique thaï. Je charge la mule. Mais non Haka2, je plaisante. Tu es un vrai pur-sang. Vers 7h00, je suis déjà en route. Je profite ainsi de la fraîcheur et du lever du jour. Par contre, les Double P dorment toujours. Je leur laisse un petit mot pour les remercier de leur chaleureux accueil.

Je retrouve le front de mer et la baie de Laem Maephim. Et également une gargote où je m’arrête déjeuner. Il n’y a pas encore foule. Quelques scooters s’arrêtent récupérer une poche alors que la cuisinière s’active au fourneau.

Peu avant 8h00, je me pose à Mae Pim Beach. Je salue quelques joggeurs et marcheurs qui profitent de la douceur matinale et de cette belle lumière.

Après avoir franchi la pointe de Laem Maephim, le décor change. Finies les belles baies aux plages de sable fin. La côte devient inhospitalière. Je m’arrête une dernière fois en bordure de mer. Un pêcheur vient de rentrer au port et remonte son bateau à quai.

Ce matin, mon âme est comme la mer et le ciel de ce port : grisâtre ! En effet, j’ai eu mon fiston un moment au téléphone hier soir. Nous avions un projet commun relatif à son business. Nous nous étions fixés cette date du 15 mars pour acter ou pas notre décision. Finalement, les incertitudes et contraintes sont trop nombreuses. Nous renonçons donc à ce projet commun. Je vais devoir me remobiliser pour continuer à avancer.

Je retrouve une bande cyclable sur une route rurale (Department of rural roads) qui sillonne à travers un paysage plus rural. J’y retrouve aussi les élevages de crevettes.

De toute façon, je suis obligé de rentrer dans les terres. Il me faut emprunter l’imposant pont qui enjambe le fleuve Prasae River. Comme souvent, un village de pêcheurs et ses bateaux de pêche sont accrochés à ce fleuve tel un bernard-l’ermite à son rocher.

Du côté mer, la couleur du fleuve se confond avec ciel et mer alors que de vieilles embarcations pourrissent devant un hangar rouillé.

Je poursuis ma route plein est avant de remonter vers la ville de Chanthaburi. Je retombe sur la route dénommée Scenic Road déjà longuement empruntée lors de notre descente de la Thaïlande. En milieu de matinée, je m’arrête pour ma pause café glacé. Je le déguste sur une table confectionnée à partir d’une ancienne machine à coudre. Cela me rappelle évidemment la Singer de ma grand-mère maternelle. D’ailleurs, on en parlait avant-hier avec Dédé (de ma grand-mère pas de la Singer). Elle était le calme et la douceur incarnés par rapport à mon grand-père si tempétueux. Je les adorais tous les deux. J’ai passé tellement de bons moments en leur compagnie.

Après cette pause bienvenue et ce retour dans le passé, je remonte sur mon fidèle destrier. Nous repartons de concert sur notre route scénique. Elle nous fait contourner cette baie rocheuse de Ban Pak Ta Pon.

Juste au pied, une imposante maison d’architecte a été bâtie. Une piscine débordante fait face à la mer. Au-dessus, de gros cubes aux larges baies vitrées doivent offrir un superbe panorama. Cette bâtisse se trouve au milieu de nulle part. J’aimerais bien savoir qui vit dans un tel endroit, que font-ils comme boulot, où travaillent-ils ?

Après ces questions ô combien métaphysiques, je repars pour faire le tour de la pointe de Ban Hua Laem. Cette pointe ferme à l‘ouest un immense lagon. Du haut, la vue est splendide. D’ailleurs de nombreux touristes locaux viennent se prendre en photo.

Je descends de ce promontoire pour contourner le lagon. Plutôt que de déjeuner dans le « village de pêcheurs » (en fait, des magasins et restaus à touriste), je redescends et m’arrête déjeuner dans un restaurant au bord du lagon. Comme c‘est mon dernier jour en bord de mer avant un long moment, j’opte à nouveau pour un mijoté de crustacés, légumes et noix de cajou avec sa sauce sucré-salé. A nouveau, je me régale.

Vers 13h00, je repars sous le cagnard. Il me reste une trentaine de bornes avant d’arriver dans la grande ville. Alors que je pensais trouver un endroit ombragé dans un temple tout proche, je fais chou blanc. Finalement, je me contenterai de la dalle cimentée d’un magasin à l’abandon. Après 30 minutes, ma sonnerie me tire du sommeil du juste. C’est le moment le plus rude de la journée. Je débranche le cerveau. Et je respecte la recommandation des panneaux en restant bien à gauche de mes bandes partagées.

Je file bon train vent dans le dos. En traversant une bourgade, j’aperçois un magasin de photos sur ma gauche. Je pile. Un vieux monsieur aux doigts biscornus se tient derrière son ordinateur. Je lui demande s’il peut me faire des photos d’identité. Enfin lui demander est un bien grand mot vu qu’il ne parle ni français, ni anglais. En fait, je lui montre ma photo sur mon passeport en disant Cambodia et Visa. Effectivement, en lisant le post FB de Nico, j’ai vu qu’il avait eu un souci de photo pour son visa. « Merci pour l’info Nico ! ».

Il ne me reste plus qu’à parcourir la dernière ligne droite avant d’entrer dans Chanthaburi (ville de la lune). Alors que j’attendais mes photos, j’en avais profité pour réserver un lit dans une auberge de jeunesse. Comme cela, je n’ai pas à tournicoter en ville. Je me rends direct à cette auberge que je trouve très facilement. Par contre, en entrant à l’intérieur, l’odeur forte et acide de chats me prend à la gorge. Ce n’est pas une auberge de jeunesse mais de chanesse ! J’en dénombre 6 plus 2 chiens riquiqui. Heureusement, mon dortoir du 4è leur est interdit. Après ma douche, je pars à pied découvrir cette ville très peu prisée par les touristes.

L’auberge est sise dans la vieille ville lovée dans un méandre du fleuve du même nom. Je me balade dans ces rues aux maisons pittoresques multi-culturelles. Puis j’emprunte la rue des pierres précieuses. Les boutiques de taille de rubis et saphirs, provenant de mines de cette région, y sont nombreuses. Par contre, aucun système de sécurité ne les protège. J’évite toutefois de les prendre en photo au cas où … Je rejoins ensuite le grand parc de King Tacsin, vénéré pour avoir chassé les birmans en 1767. Son monument trône en plein milieu du parc. Remarquez les offrandes chevalines et aussi la multitude de coqs en bas à gauche. En Thaïlande, le coq, comme notre emblème national, est vénéré.

Puis je pars sur l’autre rive pour visiter le temple Wat Phai Lom aux fresques florales. J’y arrive à la tombée du jour, le jaune du ciel se mariant parfaitement avec la couleur de ce temple.

Je me dirige ensuite vers la Cathédrale de l’Immaculé Conception. Il y a en effet une forte communauté chrétienne provenant principalement d’exilés vietnamiens fuyant les nombreux conflits qui ont ravagé leur pays.

D’ailleurs, à quelques centaines de mètres de cette imposante cathédrale, se trouve un grand cimetière aux tombes identiques.

Par une passerelle donnant sur la cathédrale, j’enjambe le fleuve et reviens dans Old Town. Les terrasses des restaurants donnant sur ce fleuve ne vont pas tarder à s’animer. Il est 18h00 passé. C’est bientôt l’heure du dîner.

Avant de trouver mon bonheur, je me balade à nouveau dans ces ruelles si pittoresques. Je découvre ces fresques murales …

… dont celle-ci que j’affectionne particulièrement même s’il est quelque peu défraîchie.

Je trouve une gargote loin des terrasses à touriste. Je dîne d’un plat dont je n’ai pas compris le nom mais qui n’est pas un Pad Thai. C’est à nouveau arroy (délicieux) et pas cher du tout (40THB, 1€).

Il est plus de 19h30 quand je regagne mes pénates. J’étais tranquillou mais une famille avec un gamin vient de débarquer. J’espère que ça ne va pas être trop le boxon. Je dois récupérer après avoir roulé 90 bornes sous le cagnard aujourd’hui, et avant de passer à mon tour la frontière cambodgienne.