J107 – jeudi 16 mars – Chanthaburi / Klong Yai

Le drôle, au-dessus de ma couche, a été sage. Je ne l’ai pas entendu. Nico vous dirait que je suis sourd comme un pot. De plus, je mets mes boules Quiès pour être vraiment isolé du bruit et dormir profondément. Vers 7h00, je quitte cette petite auberge de chanesse. Ce matin, j’aurais finalement compté 4 chiwawas ou assimilés après m’être rapidement éclipsé tellement ça sentait fort la pisse.

Hier soir, profitant d’une wifi performante, j’ai pu charger toutes les cartes du Cambodge, Laos et Vietnam sur mes iBidules. Désormais, je vais tracer ma route avec Mapy.cz sur mon iPad puis la transcrire avec Maps.me sur mon iPhone qui me sert de GPS. J’ai déjà testé depuis quelques jours et c’est nickel. Après avoir déjeuné d’un plat de nouilles sautées dans une gargote toute proche, je quitte cette charmante ville avec, uniquement, le regret de ne pas avoir pu me faire une séance de massage comme je le prévoyais hier.

Elle vaut vraiment le détour. D’ailleurs, elle a même été sous domination française une dizaine d’années entre la fin du XIXè et le début du XXé siècle. Le trafic routier est important pour rentrer dans la ville. Mais, de mon côté, j’en sors en suivant la rivière.

Très rapidement, la circulation devient moins dense. Je traverse maintenant de vastes plantations de durian. Ce fruit très recherché mais qui pue et qui est interdit d’hôtel. Cette région est la 3è mondiale en terme de production de ce fruit. La rivière permet d’irriguer facilement toutes ces plantations.

Après une dizaine de kms, je rejoins une charmante route bétonnée qui suit les méandres de la rivière et serpente à travers des collines. J’adore. C’est calme et bucolique. Seuls quelques chiens de ferme rompent le silence en m’aboyant dessus. Heureusement, ils sont beaucoup moins agressifs que les chiens grecs et turcs !

Après cette belle déambulation matinale, je dois rejoindre la route principale. En effet, il me faut franchir un col et je n’ai pas d’autres alternatives. Je retrouve une route à 2*2 voies. Cela faisait un bail. Je dois d’autant plus redoubler d’attention à la vue de ce panneau. Nico avait vu le même en empruntant une route plus au nord.

Je vais grimper pendant une bonne dizaine de kms pour franchir un défilé entre 2 montagnes qui culminent à 1.600m d’altitude. La crête sur le versant est délimite la frontière avec le Cambodge. Après une belle grimpette en plein cagnard et sans un pet d’air, j’arrive à un petit temple blanc qui marque presque le sommet.

Je me fais tirer le portrait par un vieux monsieur, au port altier, vétu d’une belle chemisette blanche et parlant très bien anglais. Il s’interroge sur ma présence à vélo en ce lieu insolite. Je lui narre mon périple. Il semble sincèrement impressionné. Je le remercie de sa gentillesse. Puis, regardant la photo prise, je confirme l’impression donnée : je dégouline tellement il fait chaud !

Je profite de ce moment de répit pour admirer ce paysage sauvage et reprendre mon souffle après cette belle grimpette montée tout à gauche dans du 8%.

Après avoir franchi un contrôle policier et m’être ravitaillé en eau, j’ai encore une derrière bosse à franchir avant de redescendre légèrement dans la vallée. J’espère fortement trouver un café où me poser. Alors que je désespère, je tombe sur un superbe endroit, nommé Anda Cottage, situé quelques hectomètres avant que je ne bifurque sur une petite route à droite. Coup de bol. L’endroit, et son patron parlant anglais, est charmant. Une nouvelle fois, je raconte mon périple. Pour me remercier de ma venue, il m’offre une mangue ô combien rafraîchissante. Si vous avez l’occasion de venir dans le coin, n’hésitez-pas à lui rendre visite.

Je reprends donc une petite route et traverse d’autres plantations fruitières. Les feuilles de ces arbres imposants ressemblent à celles du citronnier …

… alors que le fruit a plutôt l’apparence d’une prune jaune voire d’un abricot. Son goût ressemble à celui de la mangue. Son noyau est assez gros. Malgré mes recherches sur Google mon ami, je ne trouve pas son nom.

Après ces questionnements métaphysiques, j’en reviens à une problématique beaucoup plus physiologique : j’ai faim ! Le p’tit déj est loin. Mes petites bananes, achetées en grappe d’un kg et avalées de temps en temps, ne suffisent pas pour combler la dépense de calories. Alors que je vais quitter ma petite route, je repère quelques gargotes alignées. Seulement deux sont ouvertes. Je choisis celle où je suis hélée par une jeune femme.

Je m’installe et commande un plat. Elle me confectionne une fricassée de fruits de mer avec son riz. Comme hier midi mais beaucoup moins dispendieux comme dirait le fiston québécois. Je me régale. A la fin du festin, j’ai droit à un interrogatoire en règle. Les deux frangines veulent absolument savoir si je suis seul ou si j’ai une blonde (toujours pour rester dans la dialectique de nos cousins). Nous passons un beau moment à rigoler avant que je n’immortalise les frangines avec d’autres habitués venus discuter avec le farang à vélo.

Avant de reprendre la route, je leur demande la permission de siester sur la couche en bambou. Je précise « Seul ! ». Peter Pan (je plaisante !) me prête même un oreiller. Que du bonheur !!!

Après cette longue pause fort sympathique, je repars pour quelques kilomètres sur l’axe principal avant de bifurquer à nouveau vers l’est à travers la pampa. Comme souvent remarqué avec Nico, la trace Mapy.CZ m’envoie quelque fois dans des endroits improbables. Cette fois-ci, il me faut traverser un pont de singe. Quand on dit que les voyages forment la jeunesse, j’ajouterais qu’ils éloignent aussi la vieillesse !

Après ces singeries, je retrouve une charmante route bétonnée qui monte toujours plein nord vers la frontière. Je ne croise pratiquement personne sur cet axe. C’est le pied total.

Je ne croise pratiquement personne. Si ce n’est quelques travailleurs qui élaguent les fameux arbres fruitiers inconnus après que la récolte soit terminée. Les branches vivantes sont soutenues par des étais en bambou. Voici ce que cela donne après la coupe estivale.

Quant à moi, j’ai la chance de tomber sur un arbre dont les fruits n’ont pas encore été ramassés. Je sors un pochon pour le remplir de ma petite récolte. Je me régale en dégustant ce fruit légèrement juteux. En milieu d’après-midi, j’entre dans la bourgade de Klong Yai, village frontière avec Phsar Prom. Alors que le ciel thaïlandais pleure mon départ en laissant tomber quelques gouttes de je ne sais quel nuage, je me pose. Je ne repère des hôtels que de l’autre côté de la frontière. Tant pis. J’aurais aimé passer une dernière soirée en Thaïlande. Mais, en m’y dirigeant, je vois le fameux symbole Season sur ma gauche, je m’y arrête. Le bungalow est loué 400THB. Tope-là l’amie. Je pose mes sacoches.D’ailleurs, la chambre est raccord avec le pont de singe.

J’ai du temps pour faire ma lessive, stabiloter ma carte asiatique, préparer mon futur itinéraire, me raser les poils des pattes … et discuter avec ma charmante voisine thaï. Vers 18h30, je pars à la recherche d’un endroit où dîner. Il n’y a pas trop le choix. Un seul restau est ouvert. Comme le menu est en thaï, je commande en fonction des images. Ce soir, ce sera des spaghettis à la bolognaise. Enfin, son équivalent thaï. J’ai le temps de m’acheter une dernière Chang grand format au magasin à côté pendant la préparation de mon plat. Puis je rentre dans mon bungalow. J’arrose ce dernier jour en Thaïlande avec un fond de Cognac, gardé pour l’occasion, accompagné d’une glace au chocolat. L’association n’est pas dégueu. Fin de cette très belle journée à travers les plantations fruitières et les montagnes thaïs.

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