Après m’être endormi en bouquinant, la nuit fût calme et douce. A 6h30, je suis déjà d’attaque. Comme ma charmante voisine qui se réveille accompagnée d’une musique thaï. La paroi entre nos 2 bungalows n’est pas épaisse. J’en profite (de la musique !). Alors que 7h00 n’a pas encore sonné, je décolle déjà.

La frontière n’est qu’à une poignée de kms. Le jour pointe tout juste le bout de son nez. La route est rectiligne. Je ne croise que quelques bétaillères remplies ras la gueule de travailleurs cambodgiens. J’imagine qu’ils partent bosser, à moindre coût, dans les exploitations fruitères.

A 7h pétantes, je passe la frontière thaïlandaise. Je me dirige ensuite vers celle du Cambodge où les formalités devraient plus longues.

Je passe d’abord par le bureau des visas. Je remplis les formulaires puis m’acquitte de la somme de 1.300THB (35€). Mais je n’ai pas besoin de photos d’identité. Ensuite, je pars faire la queue pour le tamponnage du passeport. Deux files d’attente se tiennent devant les guichets d’arrivée n°4 et 5. A part moi, chacun a un porte-badge avec un n° dessus. Un garde-chiourme dirige la maoeuvre et « trie » les numéros. Et ça ne rigole pas ! A 7h45, je franchis sans encombre la frontière cambodgienne.

Avant d’attaquer cette journée au Cambodge, je vous livre quelques infos sur ce pays d’Asie du Sud-Est. Ce pays, traduit littéralement par « le pays khmer », est peuplé d’environ 17 millions d’habitants. Sa superficie est de 181.000km2 (3 fois plus petit que la France). Sa capitale est Phnom Penh. Sa monnaie est le Riel (KHR) … et le dollar US (USD) ! Un euro correspond à 4300KHR environ (ça va être facile pour la conversion !). Le salaire moyen est de 266€. Le SMIC est de 155€.
C’est une monarchie constitutionnelle, héritière de l’ancien empire khmer hindouiste et bouddhiste qui régna sur la péninsule d’Indochine entre le XIè et le XIVè siècles. Le Cambodge est entouré par la Thaïlande, le Laos et le Viêt Nam. Il a une bordure maritime de 443kms sur le Golfe de Thaïlande. Les habitants du pays portent le nom de Khmers ou Cambodgiens. La majorité des Cambodgiens sont de religion bouddhiste theravāda (96 % de la population, religion d’État).

Je traverse la ville frontalière de Phsar Prom en roulant de nouveau à droite. Il va falloir réhabituer le cerveau. Cela fait plus de 100 jours que j’ai pris l’habitude de rouler à gauche. De nombreux casinos jouent à touche-touche. Je retrouve les mêmes gargotes que côté thaï. Je m’arrête devant un bureau de change, ou tout du moins une cabine, pour troquer mes 700THB du visa contre 81200KHR. Puis je vais m’acheter une carte SIM avant d’aller déjeuner. Je ne me pose pas trop de question et prends comme tout le monde. Ce sera un bol de soupe servi avec des nouilles et de la viande. Le tout accompagné de thé chaud et froid.

Puis j’attaque la trace en direction de Battambang au nord. Le paysage change complètement par rapport à hier. Les grandes plantations fruitières posées dans la verdure et les collines font place à une plaine aride. La moindre colline et la moindre parcelle de terre sont exploitées soit pour des cultures, soit pour de l’élevage. Des fagots de manioc attendent d’être ramassés. Ce pays est le 4è pays producteur en Asie et le10è mondial. Plus de 12 millions de tonne ont été ramassées l’an dernier. C’est l’une des principales cultures agro-industrielles du Cambodge.

Je croise également de nombreux troupeaux de vaches maigrelettes surveillés par d’autres garde-chiourmes beaucoup plus sympathiques que celui de ce matin.

Un peu plus loin, je m’arrête saluer ce zébu haut sur patte. « Touchez ma bosse Monseigneur … » semble me souffler ce bel animal.

J’ai la même sensation de dépaysement total lorsque j’avais franchi la frontière entre la Grèce et la Turquie du nord, avec ses immenses plaines et ses pistes qui succédaient aux paysages verdoyants de la Thessalonie. Le changement est brutal. La pauvreté y est encore plus prégnante qu’en Thailande me semble-t’il. Jusqu’en milieu de matinée, je roule sur de larges routes bitumées mais non tracées. Beaucoup de scooters et d’engins agricoles y circulent. Par contre, je ne trouve aucun point café pour faire ma pause. En désespoir de cause, je m’arrête dans un gargote à la sortie d’un hameau. Je suis aussi en panne sèche. Vu la chaleur, il me faut impérativement boire.

Cette maman et ses deux enfants m’accueillent chaleureusement dans leur magasin-maison. Derrière le comptoir se trouve son lit. J’y achète de l’eau, une cannette de boisson énergisante relativement fraîche et quelques gâteaux chinois. A côté se dresse une ferme délabrée. Des hommes font la sieste dans des hamacs à l’abri des frondaisons.

Je repars. Le soleil tape toujours aussi fort. Quelques kms plus loin, la route fait place à une mauvaise piste. Le moindre camion soulève des nuages de poussière. Les habitants des cabanes en bord de route doivent déguster … Même si je n’y suis jamais allé, j’ai l’impression d’être au milieu de la brousse africaine.

Après cette piste, je retrouve un peu de bitume avec de me coltiner à nouveau une piste en terre battue. Un peu avant midi, j’arrive enfin dans une bourgade. Je fais le tour d’un marché couvert (le grand bâtiment bleu) mais il n’y a aucune gargote à l’intérieur. Finalement, j’en trouve une un peu plus loin sur le côté. Je m’y arrête déjeuner du plat unique : une assiette de riz accompagné de bœuf braisé. Le thé est en libre-service dans un pichet. J’en vide une moitié pendant cette pause. Une nouvelle fois, malgré la barrière de la langue, je suis très bien accueilli. La présence d’occidentaux dans les parages doit être rare.

Après ce copieux repas, je n’ai pas à aller très loin pour faire ma sieste. Je n’ai qu’à traverser le canal d’irrigation pour me rendre au temple en fin de construction juste en face.

Je trouve facilement un espace repos ombragé et venté. Parfait. Je branche l’alarme. Trente minutes plus tard, elle me réveille en plein sommeil. Heureusement que ce n’est pas le tocsin, en haut à gauche, qui a sonné. Maintenant, c’est l’heure de la séance motivation. Vu la chaleur suffocante et l’état du chemin, je n’ai pas forcément envie de reprendre la piste.

« Allez zou galinette ! ». « C’est reparti mon kiki ». « On the road again … » Je me motive comme je peux. J’essaie le côté droit du canal. C’est autant cabossé que la gauche. J’essaie d’éviter les nids-de-poule, chausse-trappes, guets-apens, attrape-nigauds, pousse-rapière … Par contre, pour la poussière tout court, c’est impossible.

De plus, ce sont de longues lignes droites interminables. Le mental me fait avancer. Heureusement, j’arrive bientôt sur l’immense réservoir de Kampog Puoy qui se trouve derrière cette colline. Le paysage change. Les premières rizières apparaissent. Un peu de verdure dans ce terne et rude paysage me remonte le moral.

Après une belle montée pour contourner la colline, je n’ai plus qu’à me laisser rouler jusqu’au village de Phum Ta Ngaen. La route est toujours aussi mauvaise. Malgré cela, les engins agricoles ainsi que la poussière y circulent alors que les étals de nourriture sont à l’air libre. Sans évoquer à nouveau les habitations …

Alors que je longe le lac, je m’arrête pour assister à un étrange ballet. Un bateau à moteur et quelques hommes repoussent un îlot d’herbe risquant de boucher l’entrée du canal d’irrigation.

Je fais un nouvel arrêt au bout de ce lac avant de bifurquer sur ma gauche. J’ai repéré un stand de boisson tenu par une charmante cambodgienne. Je me prends une nouvelle petite bouteille d’eau glacée et commande un café glacé. Sa fille joue à la caissière. Pause-fraîcheur et pause-douceur … que du bonheur ! D’autant plus que le paysage change complètement de physionomie. Les rizières refont leur apparition. Cette région est d’ailleurs considérée que le grenier à riz du Cambodge. Je retrouve aussi la même méthode de séchage au soleil déjà vu en Thaïlande et à Bali. De plus, la route redevient bitumée.

Par contre, l’heure avance et je n’ai toujours pas de solution d’hébergement pour ce soir. Je consulte mes applis de résa. Je ne trouve rien, à part dans la ville de Battambang. Mais c’est encore à une grosse vingtaine de kms et j’en ai vraiment plein les bottes. Sur Maps.me, je repère un Homestay qui se trouve sur ma route. Mais je me méfie avec mon appli pas toujours à jour. Je me dirige, enfin à bonne allure, vers cette bourgade. Arrivé au pied du promontoire sur lequel est érigé un temple et dans lequel il y a de nombreuses grottes, je cherche l’adresse.

Je ne trouve pas. Je demande à un barber. Celui-ci enfourche son scooter et m’invite à le suivre. J’arrive par un chemin à travers champs derrière la maison. Je ne sais pas si c’est la bonne adresse ou pas. Un vieux monsieur me reçoit. J’essaie de lui faire comprendre que je cherche une chambre pour la nuit. Il me montre un chalet sur pilotis. Apparemment, c’est bien ici. Il appelle alors son fils avec qui je baragouine en anglais. Celui-ci me dit que le prix est de 15$ US. Je lui en propose 10$ sans avoir pris le temps de visiter la chambre. Il accepte. Je vais visiter. C’est pour le moins typique mais sans clim, ni Wifi.

Après qu’il soit arrivé avec femme et enfant, je lui dis que c’est un peu cher par rapport au prix et aux prestations en ville. Mais elle se trouve à 16kms d’ici, soit encore une bonne heure de vélo, et je n’ai pas trop envie de repartir de ce charmant endroit. Finalement, on se met d’accord pour 8$US soit 32.000KHR. Pas évident avec tous ces zéros pour faire les conversions. Je pose mes valises et vais prendre ma douche dans l’espace commun. Bien que rudimentaire, que cette douche fait du bien pour se rincer de toute cette poussière. Lorsque je reviens, frais comme un gardon et beau comme un sou neuf, une agréable surprise m’attend : une belle assiette de mangue de la propriété et une bonne bouteille d’eau fraîche servies sur une magnifique table de bois massif.

Je les remercie pour cette délicate attention. Vers 19h, comme promis, sa femme m’apporte une assiette de riz frit avec un oeuf au plat accompagné d’une bière Cambodia. J’insiste pour régler la bière. C’est trop. Je bois à cette première journée au Cambodge ô combien difficile mais tellement riche en belles rencontres.

Fin de cette journée marquée aussi par la lecture rapide ce matin de Libé et la découverte du passage en force pour les retraites avec le 49.3 à nouveau dégainé. Quelle bande de sacré enc… Je ne regrette vraiment pas d’avoir voté blanc au second tour pour ne pas donner quitus une nouvelle fois à ce bonimenteur. Et, grâce à sa politique de merde, on va finir par se coltiner la Marine et les fachos. Bravo et merci Mr Macron dont la devise pourrait être « Fric first again ! »
Super gael, merci pour tes récits , on a l impression d y être et te suivre sur ton treap