J119 – mardi 28 mars – Kampong Phnow / Kratie

En ce mardi 28 mars 2023, je me réveille aux aurores beaucoup moins stressé qu’il y a 34 ans. Et oui, à cette époque, j’habitais dans une belle maison périgourdine de 400 ans sise sur un côteau à quelques encâblures de mon superbe village de Lanquais. Je travaillais à Bergerac au CRCAM de la Dordogne à une vingtaine de kms de là. Et, en ce 28 mars 1989 à 11h, j’allais devenir papa d’une petite puce nommée Gwendoline. J’avais 27 ans et demi. A cette époque, j’étais encore sur la pente ascendante. Deux ans et demi plus tard, la chute sera terrible. Mais ça, c’est une autre histoire. A 6h30, après avoir fini mon régime de bananes, je repars sur la piste.

Je retrouve les Kampong Phnow Rapids qui se trouvent juste à côté de mon bivouac improvisé. J’aurais pu dormir dans une des 2 cabanes de cet Eco Tourism Village mais le bruit des rapides et la crainte des moustiques m’en a dissuadé.

Je reprends donc ma piste laissée hier soir. Je croise quelques gamin.es à pieds, à vélo ou à scooter qui se rendent à l’école. A 3 reprises, j’emprunte une vieille passerelle en bois traversant une rivière presque à sec alors que de lourds travaux de construction de passerelle en dur sont en cours. J’imagine, que, pendant la saison des pluies, ces passerelles en bois doivent souffrir. Et, sans elles, les villages se retrouvent complètement isolés.

Je continue mon chemin. De temps en temps, un marchand ambulant, klaxon hurlant, débarque dans un hameau. Il vend des sachets de légumes, de fruits ou de friandises. J’achète un sachet (500KHR le sachet soit 0,10€) contenant 6 boules de riz-coco mélangés. Cela me fera mon p’tit déj’ en complément de mes bananes matinales. Les drôles sont toujours autant surpris de nous voir débarquer avec Haka2. A ce sujet, mon compagnon se comporte magnifiquement sur ce terrain pas spécialement propice à ses aptitudes.

Cependant, nous devons redoubler de vigilance. De temps en temps, ce sont des zébus qui traversent le chemin sans se préoccuper du trafic intense (je plaisante). Parfois, des vaches voire des chiens inoffensifs.

Et puis, il y a aussi les vieilles passerelles à franchir. Sans elle, aucune autre possibilité de continuer ma route longeant le Mékong que l’on aperçoit au fond.

Et, quelques fois, c’est vraiment limite entre les planches disjointes en largeur voire en longueur et les pointes sortant la tête.

J’approche de la bourgade de Sambor. La navigation fluviale est un plus présente. Des îles et de belles plages de sable fin invitent au farniente et à la baignade. Il me faudrait traverser. Je remets cela à plus tard au Laos.

A l’entrée de Sambor, une longue passerrelle permet d’accéder à un village de pêcheurs qui ont installé un système de nasse à poissons. Le petit gamin bleu s’y rend.

Je m’arrête aussi visiter ce grand temple bouddhiste …

… aux belles fresques murales dont celle-ci me rappelant étrangement la peinture de la Cène.

Vers 9h30, après m’être apaisé l’âme, je fais ma pause pour m’apaiser le gosier. Je découvre un kiosque à café dont la maison, sise juste derrière, donne sur le fleuve. Je demande à la jeune femme tenant ce kiosque s’il est possible de m’installer à l’intérieur. Elle et ses 2 enfants m’accueillent avec le sourire. Je profite de cet instant pour apprécier encore plus ce magnifique fleuve.

Après cette longue pause régénératrice, je reprends mon chemin. Mais, alors que j’allais sortir de cette bourgade, un attroupement retient à nouveau mon attention. Je m’arrête. Un groupe costumé vient descendre d’un minibus. Il semblerait qu’il y ait un mariage dans cette boutique de bricolage. Le spectacle peut commencer. A défaut d’image, vous avez la vidéo et le son sur ma page FB.

Après la représentation, le papa en rouge qui m’a autorisé à filmer, les jeunes mariés, la moniale, la maman et la sœur de la mariée remercie les acteurs.

Puis tout le monde pose pour la photo avant que cette joyeuse troupe ne parte sur un autre mariage. Je remercie le papa et les jeunes mariés de leur accueil et repars sur les chemins de traverse.

Il est un peu plus de 11h. La chaleur commence à monter. Les écolier.es et lycéen.nes rentrent chez eux. Je salue ce trio à vélo alors que leur copine est un peu à la traîne. Comme partout ici, la tenue de rigueur est la chemise blanche et le pantalon ou la jupe noire. Quelquefois, les gamins croisés reviennent dans un drôle d’état. Quant aux vélos, ce sont de vieux bisous sans vitesse au guidon bien relevé.

Après le bourg, je retrouve la cambrousse alternant entre des portions de chemin ou de route au mauvais bitume. La vue sur le fleuve est toujours aussi incroyable. Mais, comme je le fais de temps en temps, il y a la belle photo …

… et puis celle un peu moins belle avec ces tonnes de détritus en bordure de route. Quel dommage !

Il est un peu plus de 11 heures maintenant. Après les ados qui rentraient qui à vélo, qui à scooter, ce sont les jeunes qui rentrent en bétaillère. Et, à nouveau, ces beaux sourires, même édentés, qui me réchauffent le coeur … bien que le réchauffement climatique soit amplement suffisant.

Arrivé à Cheitr Borei, je m’arrête visiter cet incroyable village construit sur les rapides du fleuve. C’est un peu en mode touristique : parking payant et entrée payante (à peine 1€), rabatteur, restau à touche-touche.

Mais cela vaut quand même le coup d’œil. Des familles vivent là et se partagent ces alignées de hamac. Quant à moi, je vais jusqu’au dernier ponton pour me jeter dans les rapides. Que cela fait du bien … Je remonte trempé de la tête au pied ce qui amuse beaucoup les autochtones.

Mais, comme il est encore tôt, je décide de prolonger un peu ma route avant de déjeuner. Et cela me permettra aussi de sécher. Quelques kms plus loin, je tombe sur des gargotes qui font chauffer de gros escargots verts. Je tenterais bien l’expérience mais j’ai un peu de mal avec la viande depuis quelques jours. Tant pis. Je continue un peu plus loin et je trouve une femme qui confectionne ces petites boules à partir d’une pâte. C’est fourré, servi avec une sauce sucré-salé. Je me régale. Cela fera mon repas.

Je ne suis plus qu’à une dizaine de kms de Kratie. Je décide, en accord avec moi-même, de poursuivre ma route. Auparavant, je me bois un nouveau café glacé en bordure de fleuve pour me filer un coup de boost. Il est 13h00. La ville est en vue.

Après avoir visité 2 guesthouse et un hôtel trop onéreux, je me décide pour un 4ème situé à l’écart du centre. Je prends à nouveau une chambre avec ventilo. Mais comme la chambre est petite et borgne (ben oui, le monde n’est pas parfait !), cela suffit amplement. De plus, le prix de 7$ est raisonnable vu la qualité de la prestation. C’est parfait. Je me pose, me douche, me couche. En milieu d’après-midi, je suis d’attaque pour ma 2ème journée. Alors que je suis au téléphone avec ma puce et qu’aucun signe précurseur ne m’y avait préparé, une pluie diluvienne s’abat sur la ville. La piscine va se remplir facilement …

Je passe l’après-midi à la terrasse de cet hôtel-restau. Et j’y dîne d’une soupe végétarienne au citron accompagnée de riz évidemment et de 2 bières Angkor que je n’avais encore jamais goutée. Une famille de français avec un jeune garçon et une jeune fille débarquent pour se baigner et diner. Cela fait bizarre de voir des compatriotes dans cet endroit. Mais aucun contact ne se noue. Tant pis. Il est 20h00. Je réintègre ma chambrette. Je pense que je vais finalement descendre le Mékong jusqu’à Phnom Penh. J’adore trop cet endroit. Et, évidemment, spéciale dédicace, après cette magnifique journée, à ma puce. 34 ans déjà … que le temps passe vite …

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