Réveillé au lever du jour par un sacré boucan malgré mes boucles Quiès, je sors voir ce qui se passe. Ce sont 2 macaques, que je n’avais pas vu hier, qui se jettent contre les grilles de leur cage. Ils en ont après un chien apparemment. Et, comme la cage donne sur ma salle de bain, cela fait un sacré raffut. J’attendrai qu’ils soient calmés, et moi un peu plus réveillé, pour essayer d’en prendre un en photo.

Je me prépare tranquillement avant de quitter cette GuestHouse dans laquelle quelques cambodgien.nes sont hébergé.es. J’ai bien récupéré avant cette dernière matinée à travers la campagne avant d’arriver dans la grande ville. A 6h30, je reprends la route.

C’est vraiment agréable de rouler à cette heure. La température est clémente et l’animation est importante alors que les écoliers se rendent déjà dans leurs classes. Quant à moi, il me reste une quarantaine de bornes à faire. Cela va être une journée cool.

Dès que je peux, je m’approche du fleuve pour prendre la température de la journée. Ce matin, c’est très calme. Parfait.

Effectivement, la première heure se déroule tranquillement. La circulation est toujours aussi fluide. De plus, j’essaie de suivre au plus près le fleuve en empruntant soit un chemin, soit un dalle bétonnée. Mais, ce n’est pas toujours possible hélas. Et, quand je reviens sur la National Road, elle est en travaux. Par contre, il n’y a aucune déviation. Des camions déversent d’abord du gravier. Plus loin, d’autres engins aplanissent.

Je sors de ce long passage couvert de poussière de la tête au pied. Quand à Haka2, on ne reconnaît plus sa robe. Lui et les sacoches ont pris quelques rides et sont devenus gris. Dès que je peux, je retourne sur mes chemins de traverse. Arrivé dans un temple, je m’arrête pour photographier cette gigantesque barque creusée dans un seul tronc. Comme c’est du massif, elle doit peser une blinde. J’aurais bien aimé la voir naviguer.

Je poursuis tranquillement ma route. Plus loin, ce sont deux moines faisant l’aumône qui attirent mon regard. Il faut dire qu’ils sont visibles de loin … même par temps de brouillard. L’aumône est constituée de quelques billets ou de riz. Ceux-ci sont chaussés de tong. Souvent, ils se déplacent pieds nus. Après avoir reçu cette aumône, ils récitent une prière pour la personne ayant donné.

Peu avant 10h00, je m’arrête pour ma pause syndicale qui va s’avérer compliquée. En effet, après avoir commandé mon black café ice, le « barman » m’apporte un café chaud au lait. Je le bois. Un autre client arrive et passe sa commande (un café noir glacé). Cela me donne trop envie. Je demande « same-same » et le nom en khmer « café teuklo » que, cette fois enfin, je note sur mes tablettes. Il était grand temps alors que je vais bientôt quitter le pays !

La caféine fait rapidement son effet. Je repars remonté comme un coucou.. Alors que je m’approche de la capitale, de magnifiques demeures sont érigées le long du fleuve. Juste à côté se trouvent de pauvres baraques en bois. Le contraste est saisissant.

Vers 10h30, je découvre les premiers immeubles et les premières tours. La navigation devient aussi plus intense. La ville se rapproche. Cela faisait une éternité que je n’avais pas vu ces superbes constructions. Cela me manquait terriblement.

Alors que je circule toujours sur ma charmante petite route bétonnée, mon regard est attiré cette fois par un magnifique champ de nénuphars qui s’étend de ce coté du fleuve alors que les tours se trouvent sur l’autre rive.

Je prends la sente à droite pour me rendre au bout de ce champ. Je tombe alors sur une cabane où les enfants jouent sur un scooter électrique. Quel sacré contraste entre ces 2 rives mais aussi entre cet engin et cette cabane où ils vivent.

Je reprends mon cheminement. J’arrive presqu’au bout et ne vais pas tarder à rejoindre la route principale au fond. Je m’arrête à nouveau pour saisir cette image choc. Cette fois, c’est une femme avec son enfant qui récupère des cartons et des cannettes vides. La vie n’est décidément pas équitable entre les plus riches et les plus pauvres.

Après avoir rejoint la route principale et, alors que Haka2 et moi sommes couverts de poussière, je repère un laveur de scooter. Je décide de faire la toilette de mon compagnon avant de rentrer en ville. Il ressort propre comme un sou neuf. Tout juste s’il ne rouspète pas quand je lui grimpe dessus pour effectuer nos derniers kms.

Je me dirige vers l’embarcadère pour traverser à nouveau le fleuve. J’y arrive par un quartier périphérique. Je suis à nouveau surpris par cet anachronisme entre terroir et modernisme. De ce côté, cette vendeuse ambulante de coquillages, en pause syndicale à son tour, et ces gargotes. De l’autre, la ville moderne qui pousse.

J’arrive à l’embarcadère. C’est bien la première fois où je parviens si facilement en plein centre d’une capitale. J’ai bien fait de suivre cette rive. Je n’ai traversé aucune banlieue ou quartier résidentiel.

Sur l’embarcadère, je fais connaissance avec un français circulant à VTT. C’est un niçois, ancien militaire, qui est installé sur cette rive depuis quelques années déjà. Il vit avec une cambodgienne, son fils de 19 ans et sa fille de 3 ans. La cohabitation avec ses deux beaux-enfants paraît compliquée. Il est devenu expert en incendie. Il me raconte tout un tas d’anecdotes sur son métier et les personnages importants qu’il côtoie ici. A ce sujet, il m’informe que le grand hôtel construit sur l’île du milieu du fleuve est à vendre; le riche propriétaire, un ancien ministre, n’ayant pas payé ses charges.

Peu avant midi, je rejoins mon auberge jeunesse sise en plein centre. Je dépose mes affaires et me prend une bonne douche avant de pouvoir récupérer mon lit à partir de 14h00. Je vais ensuite déjeuner en ville. Les prix sont toujours aussi exorbitants par rapport à la campagne. Je m’en tire pour 4$ alors que d’habitude c’est plutôt autour de 2$. Après une bonne sieste, je pars me balader … à vélo évidemment. Il y a une belle esplanade et une piste cyclable qui longe le Mékong. Cela facilite les déplacements. Sinon, comme dans toutes les villes, c’est le bordel entre les bagnoles, les tuk-tuks et les scooters. Je vous sors à nouveau mon slogan favori « Le vélo est une solution simple à un des problèmes les plus compliqués au monde ».

Je passe devant le Palais Royal que j’ai prévu de visiter demain.

Je pousse jusqu’à The Giant Clock et le Wat Phnom Pagoda …

… avant de revenir par le port et sa large esplanade,

…jusqu’à l’énorme rond-point dont le centre est Independence Monument, construit en 1958 pour commémorer l’indépendance du Cambodge par rapport à la France, signée le 9 novembre 1953 par le roi Norodom Sihanouk, après la fin de la guerre d’Indochine. C’est en 1863 que le Cambodge devient un protectorat français faisant partie de l’Indochine française : Cochinchine (sud Vietnam), Annam (centre Vietnam), Tonkin (nord Vietnam), Laos et Cambodge (plus le territoire chinois de Kouang-Tchéou-Wan pour être tout-à-fait précis).

Après cette balade tranquille, je reviens à mon auberge de jeunesse à la population toujours aussi jeune et à la musique techno que j’adore. Puis je pars dîner d’une bonne soupe aux nouilles achetée à un marchand ambulant en side-car, et, avalée assis sur un tabouret posé sur le trottoir. Les prix pratiqués dans les restaus, et aussi dans les supérettes, sont vraiment prohibitifs. D’ailleurs, après avoir aperçu un 7-Eleven, je me disais que cela faisait un bail que je n’étais plus rentré dans de tels magasins achalandés et climatisés. J’ai l’impression d’avoir changé de pays ! Je rentre ensuite dans mon dortoir climatisé. Cela aussi faisait un bail. Et, comme d’hab, je suis me retrouve dans le lit du haut.