J128 – vendredi 7 avril – Saigon / Bình Châu

Hier soir, j’ai passé un moment sur mes cartes et l’appli vietnam-railway. En effet, avec cette contrainte de date pour mon visa, il faut que je planifie au mieux ces 13 jours restants. J’étais prêt à réserver un train et me rendre direct sur la côte à Pan Thiêt. Mais le train partait ce matin à 6h10. De plus, je ne savais pas si je pouvais embarquer mon vélo. Et, finalement, il était complet jusqu’à la semaine prochaine. Donc aucun regret. Je vous présente quand même le réseau ferré vietnamien. Quant à moi, il faudrait que je monte jusqu’à Diêu Trì (sic !) puis prendre N-O pour monter au Laos. Cela va être chaud patate. Mais, comme vous le savez : « Tout se fera ! ».

Après une courte nuit, je me lève vers 5h30. Peu avant 6h du mat’, je quitte cette auberge de jeunesse dans l’hyper centre. Un autre français est déjà réveillé et boit son café sur les marches.

Puis je quitte ma voie 9 3/4 pour rejoindre les Moldus et les grands boulevards.

A cette heure matinale, je roule sans aucun problème. Les excités ne sont pas encore réveillés. J’emprunte à nouveau le pont à hauban. Le ciel est menaçant ce matin. Cela n’empêche pas les cyclistes matinaux de se réunir en bande. Cela me rappelle d’ailleurs un article lu dans L’Equipe Magazine sur les cyclistes qui se réunissent à cette heure-ci pour rouler autour de l’Hippodrome de Longchamps. Après avoir passé ce pont, je m’arrête acheter quelques chaussons au riz enveloppé dans des feuilles de bananier à un marchand ambulant. Cela me fera mon p’tit déj’.

Je traverse à nouveau le nouveau quartier où loge Marie-Pierre & Frédéric. Je me rends à l’embarcadère qui traverse la rivière Song Dong Mai. Par contre, là, c’est blindé. Nous patientons alors que la horde de scooters débarquent dans l’autre sens. Avec mon p’tit vélo, je dois jouer des coudes pour arriver à me frayer un passage.

C’est vraiment chaud pour embarquer le plus de monde possible. Mais cela se passe à l’asiatique : en bordel organisé et sans un cri, ni une injure. Je me serre à l’arrière sur la droite pour pouvoir photographier cette scène. On se croirait au départ d’un marathon scootérisé. Et dire qu’il y a quelques années, cela devait être des vélos à la place de ces scooters. D’ailleurs, il devrait renommer la ville de Saigon en Ho Scooter Ville.

Une fois débarqué à Phù Hūu de l’autre côté du fleuve , je m’arrête cette fois-ci pour boire mon premier café dâ (café noir glacé) de la journée. Malgré mes 2 traces, je suis obligé de contourner une zone militaire le long du fleuve. Puis je longe le quartier de Nhon Trach à l’entrée de la ville industrielle de Phu Hoi. Comme tous les villes et villages traversés, l’entrée est marquée par une imposante arche. De nombreuses personnes entretiennent les espaces verts dont ces 2 femmes avec ces fameux chapeaux coniques.

Je roule ensuite sur un immense boulevard à 2*4 voies sur lequel il n’y a pratiquement personne. C’est hallucinant. De chaque côté, de grands panneaux indiquent la construction prochaine de Saigon City 2. Pour le moment, seuls quelques employés arrosent les arbres plantés récemment.

Ensuite, un peu plus loin, je traverse comme avant-hier un grand complexe industriel aux nombreuses usines. Décidément, ce pays est beaucoup plus développé que le Cambodge. Je longe ensuite le nouveau quartier de Long Tho. Cette fois-ci, c’est tout un ensemble d’immeuble construit à l’identique avec des magasins prévus au RDC dont les enseignes font quelque peu sourire. On y retrouve toutes les grandes marques mondiales (Nike, MacDo, Starbucks, …) dont les marques françaises de luxe. Hallucinant !

J’ose espérer que je vais arriver dans du rural. Parce que, depuis mon entrée au Vietnam, j’enchaîne les villes et villages surpeuplés. Cela commence à me fatiguer grave. D’ailleurs, alors que je suis obligé d’emprunter un tronçon de la National Road 51, j’ai les esgourdes qui fatiguent à cause des klaxons incessants des camions et automobiles pour signaler qu’ils doublent. C’est bon les gars, je ne vais pas déboîter pour me suicider. Sur ma gauche, je recherche un échappatoire pour aller visiter ce temple à l’impressionnante pagode mais je ne trouve pas l’entrée.

Par contre, j’emprunte un charmant petit chemin … qui débouche sur un cul-de-sac. Un des ouvriers agricoles baragouinant un peu anglais m’indique de faire demi-tour plutôt que d’essayer de longer une rizière à sec. Je suis son conseil et me retrouve à nouveau sur la grande route.

Mais je vais enfin partir dans la pampa. Avant cela, comme il est déjà 9h30, je m’enfile un casse-dalle aux œufs et légumes acheté en bordure de cette route. Je crois que c’est mon premier morceau de pain depuis mon départ. Moi qui ne pouvait pas faire un repas sans, finalement je m’en passe très bien. Je prends en photo la vendeuse avec son chapeau et le trafic intense derrière.

Une fois récupéré mon sandwich et traversé ce carrefour de la mort-qui-tue, je m’arrête le dévorer accompagné de mon second café dâ de la journée.

Contrairement aux autres pays déjà traversés où le café n’était pas toujours de qualité, ici ce sont de très bons cafés préparés au percolateur et servis en petite quantité même glacé. A chaque fois, je le savoure. Puis récupère les glaçons pour les enfiler dans ma gourde. Je repars. Mes vœux sont enfin exaucés. Je me retrouve sur une petite route qui me mène à Ngāi Giao où j’avais prévu initialement de m’arrêter. Mais là, ce sera seulement pour déjeuner. Par contre, il y a de nombreuses bornes présentes sur ce tronçon dont je ne comprends pas la signification. Hô Càu Moi est le nom d’un lac un peu plus au nord. Peut-être est-ce l’emplacement d’une conduite qui amène l’eau ?

Peu importe, j’enchaîne les montées et les descentes sur cette route vallonnée. La circulation y est très calme. Le paysage est devenu rural. Par contre, le vent assez fort souffle toujours de l’est. Il m’assèche la bouche. Je bois en grande quantité. Je fais d’ailleurs une pause ravito dans un village où je suis tout surpris de voir une église.

Je continue ma route. Je traverse à présent une immense forêt d’hévéas. Je croise de nombreux jeunes sur de petits scooters électriques. Leur présence sur cette route perdue m’interpelle.

Comme ma présence sur des chemins de traverse, pour éviter les axes principaux, doit interpeller aussi les autochtones.

En fin de matinée, j’entre enfin dans la ville de Ngāi Gioa par un imposant boulevard urbain après avoir monté une belle côte.

Il est midi. Je m’arrête déjeuner à la sortie de la ville. Je repère un restau où quelques personnes sont déjà installées. Alors que je regarde les gamelles pour faire mon choix, je vois la patronne qui apporte une belle assiette à un des clients. Je commande la même.

Je crois que c’est une de mes assiettes les plus copieuses. Et là, ce ne sont pas quelques morceaux de poulet d’élevage qui se battent en duel mais une belle cuisse de poulet fermier grillée avec du salé-sucré. Je me régale. Et le tout pour un peu plus d’1€. Je vide aussi un pichet de thé froid. Je dois impressionner la patronne qui me demande un selfie. J’en fais de même avec mon iPad mais j’ai toujours un peu de mal à savoir où regarder. Je ne suis pas le seul. Cela me rassure …

Après ce délicieux et copieux repas, je remercie la patronne et pars à la recherche d’un endroit où siester au calme et à l’ombre. A défaut de temple bouddhiste, une église fera parfaitement l’affaire. Je me pose donc à l’église à la sortie de la ville. Je me trouve un banc parmi les nombreux qui siègent, si je puis dire, devant une statue de la Vierge Marie. Parfait. Je roupille une bonne heure. Il me faut repartir vers l’est. Auparavant, j’avise un café pour mon 3ème de la journée. Beaucoup sont fermé à l’heure de la sieste. Je reprends la route en plein cagnard. Il me reste « à peine » quarante bornes.

Heureusement, je traverse à nouveau d’immenses forêts ombragées. Je pose le cerveau. J’avance. Je me suis fixé la mer comme objectif. De toute façon, il n’y a aucun hébergement dans ce coin perdu. J’ai vraiment l’impression de traverser les Landes pour aller sur l’océan. Je ne croise pratiquement personne. C’est assez impressionnant. A un moment, la forêt a été coupée certainement pour planter des hévéas ou des anacardiers présents ici également. J’aperçois au nord quelques massifs à travers cette immense friche.

Je m’approche de la mer. La végétation change. Je pense traverser des forêts d’eucalyptus mais n’en suis pas certain. Le sol également. Il devient sablonneux. Je compte les kilomètres restants en regardant les bornes sur le côté de la route … 19, 18, 17, 16 … Et toujours ce foutu vent dans le pif. Je dois être à plus de 110 bornes … 15, 14, 13, 12 …

De toute façon, il faut que j’arrive sur la côte pour trouver un endroit où dormir. Pas le choix. J’ai repéré quelques hébergements … 10, 9, 8, 7 … Ça s’égrène tranquillement. Mon bidon est vide. Ma bouteille de réserve aussi. Aucun magasin. Personne. Encore quelques kms. Des panneaux contre les incendies sont posés. Malgré cela, des feux ont détruits quelques parcelles. Plus envie de m’arrêter prendre une photo … 5, 4, 3, 2, 1. J’arrive enfin à l’entrée de cette ville. Je m’arrête au premier hôtel. Le gérant me propose une chambre à 300.000VND. Trop cher pour moi. 250.000 VND. Je lui fais comprendre que je vais voir ailleurs. 200.000VND. 8€. Vendu. Ras le bol. Envie de me poser. Une fois douché et mes sacoches posées, je repars vers la ville pour voir la mer. Je ne verrai que le port.

En effet, au sud de cette ville, une large bande de terre cache la mer. Entre les deux, un bras de mer et des bateaux. A l’ouest, un quartier ultra moderne est en cours d’aménagement. Il est accessible par un large boulevard. Mais des vigiles en interdisent l’accès. L’accès à la mer est de nouveau confisqué par les promoteurs immobiliers et les politiques. Je retourne dans le centre pour y dîner d’une bonne soupe aux nouilles accompagnée d’une ô combien méritée bière Saigon.

Fin de ma plus longue journée à vélo de rando depuis belle lurette avec 130 bornes au compteur et 800 mètres de D+. J’en connais un qui va bien dormir cette nuit …

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