J130 – samedi 8 avril – Bình Châu / Phan Thiêt

Cette nuit, la lumière est restée allumée dans le couloir qui donne sur les quelques chambres de cet hôtel-maison. De ce fait, je suis encore réveillé de bonne heure. Je patiente un peu en espérant ne pas me rendormir. Je me lève un peu avant 6h00 et je me prépare vite fait. Je prends avec moi la bouteille bue. En effet, le gérant-parent de 3 jeunes enfants ne plaisante pas avec l’argent. Hier, il m’a expliqué le prix de chaque aliment et boisson en me montrant les biftons correspondants. D’ailleurs, il y a même les prix affichés au-dessus de la prise du frigo.

Avant de sortir mon vélo, il me saute dessus pour me réclamer les 10.000VND. Je lui tends le bifton et lui rends sa bouteille vide au cas où il me réclame une consigne … À 6h15, je reprends ma route vers l’est.

En sortant de la ville, je remarque un grand panneau de promotion pour ce superbe endroit en construction. Le bâtiment central est en construction alors que les maisons en bordure de plage sont déjà prêtes. C’est tout ce quartier, et donc le front de mer, qui est inaccessible.

Avant d’attaquer cette nouvelle longue journée, je m’arrête à nouveau dans la 1ère gargote rencontrée. Je n’ai pas le choix du plat ce matin. Ce sera soupe et viande. Il faut quand même avoir l’estomac bien accroché pour s’enfiler des abats de si bonne heure. Mais j’ai cette chance de ne vraiment pas être difficile. C’est bien simple : je mange de tout. Si vous arrivez à me trouver un plat que je n’aime pas, j’offre le restau !

Après ce roboratif repas, je suis prêt à tout affronter. Mais, avant cela, je fais un nouvel arrêt à la sortie de la ville pour aller enfin voir la mer. Je traverse une rivière qui se jette dans l’estuaire avant de pouvoir fouler le sable fin et d’admirer ce spectacle toujours aussi fantastique. Ce ne doit pas être l’avis de cet homme solitaire qui fait sa gym matinale en tournant le dos à l’écran alors que de gros nuages s’amoncellent au-dessus de sa tête pour le punir.

De l’autre côté, quelques vietnamiens matinaux ramassent des coquillages. Quant à moi, je profite avant de reprendre la route pour un premier tiers de parcours sans suivre la mer.

Je suis en effet obligé d’emprunter à nouveau la route principale National Road QL55. Je surveille les bornes kilométriques pour passer le temps. Le vent souffle à nouveau plein est. Je l’ai encore dans le pif. A la borne 61,9kms je m’arrête, non pas pour déposer une gerbe, mais pour couler un bronze. (Je pense que mes enfants apprécieront la prose poétique du paternel). Et oui, cette borne évoque évidemment mon mois et mon année de naissance étant né le 20/09/1961. Pour celles et ceux qui regardent attentivement mes photos, vous remarquerez qu’un rayon de soleil s’est posé sur cette borne. J’avoue que, cette fois-ci, je ne l’ai pas fait exprès.

Je continue sur cette route alors que le trafic s’intensifie avec toujours ces fous du volant qui klaxonnent à tout-va. Arrivé dans la ville de La Gi, je bifurque à droite vers le bord de mer et « la station balnéaire » de Tan Phuoc. Je dois dire que le choc est quelque peu brutal en arrivant sur la plage. Hormis les vendeurs ambulants et les scooters de mer au milieu des baigneurs habillés …

… je découvre des zébus tirant des charrettes et baladant des badauds sur la plage. Celui-ci a même mis son chapeau de paille pour ne pas choper un coup de bambou sur la tête. Je n’avais encore jamais vu cela.

Du côté plage, ce n’est pas triste non plus. Un marché s’y tient parmi des stands de restaurants et de cafés.

Je me balade à l’intérieur. Je demande l’autorisation de prendre en photo ce stand de coquillages et de calamars. Cela donne envie mas il n’est que 9h du mat’, quoique, avec un p’tit coup de blanc sec, un bon morceau de pain et du beurre salé …

Je retrouve Haka2 qui patiente sagement en espérant ne pas finir comme les zébus. Puis je m’arrête à la sortie de cette station pour y boire ma café matinal. Je retourne ensuite sur ma National Road. Je traverse la ville très animée de La Gi avant de franchir le pont qui enjambe la Dinh River. Je me demande encore comment certains bateaux peuvent sortir de ce merdier pour rejoindre la mer au fond de cet improbable port.

Sur le pont, ce n’est pas triste non plus. Je n’arrive même pas à traverser devant le flux incessants de scooters des 2 côtés du pont.

En m’éloignant de cette ville, je retrouve, comme ce zébu, un peu de calme. Derrière ce ces champs de rizière, un petit village bleu est adossé à des dunes de sable. Plus loin la mer devient beaucoup plus accessible. J’attaque le 2/3 de mon parcours. Je longe maintenant la mer par la route 719.

Je continue ma route avant de m’arrêter à nouveau pour regarder ces femmes à l’ouvrage en train de mettre à sécher de petits poissons. Sur le poteau à gauche, le drapeau vietnamien me confirme la direction du vent comme une manche à air. Je l’ai en plein dans le pif. D’ailleurs, je roule sur la plaque du milieu en moulinant pour avancer.

Dès que la route se rapproche de la mer, je bifurque à droite pour m’y rendre. Avant le village de Tan Binh, je prends encore la tangente, voire presque mon envol, sur cette route qui semble être une piste de décollage en direction de la partie malaisienne sur la grande île de Bornéo juste en face.

Par contre, il ne faut pas louper son envol. En-dessous de la piste, il y a des mecs qui bossent dur. Ce sont de pêcheurs de petits coquillages. Ils traînent leur engin sur le sable …

… avant de le trier minutieusement pour trouver ces petits coquillages qui doivent valoir leur pesant de cacahuètes.

Je reviens sur ma route côtière. Je découvre maintenant des plantations de Dragon Fruit, ce fruit rouge qui a la texture du kiwi. Celle-ci a déjà été récoltée. Elle se trouve au pied de dunes de sable.

Plus loin, je traverse d’autres plantations. Celle-ci ont la particularité d’avoir un système d’éclairage et d’arrosage le long de chaque rang.

Cependant, je ne sais pas pour quelles raisons ces rampes d’éclairage sont conçues. Encore un point à éclaircir. Avant qu’il n’arrive à maturité et devienne rouge, le fruit a cette forme.

Après cette visite fruticole, je bifurque à nouveau sur ma droite pour aller sur la plage de Tan Tien. D’un côté, ce sont des embarcations que je découvre sur cette plage …

… alors que, de l’autre côté, quelques marchands attendent le chaland. On ne peut pas dire que ce soit l’affluence malgré la beauté de cette baie sauvage.

Après le farniente et le péché, je reviens sur ma route pour immortaliser cette charmante église rose. Cela fait quand même bizarre de croiser autant d’églises alors que, depuis quelques mois maintenant, ce sont plutôt des temples bouddhistes voire des mosquées que je visite.

J’arrive presque au bout de mon second tiers de parcours. Cependant, alors que j’arrive dans le village de Tan Tanh, je longe à nouveau un futur méga complexe hôtelier. Pour l’instant, seuls les abords ont été aménagés. Mais c’est déjà hallucinant. Une pelouse verte, un bassin avec des lotus, des palmiers sont entretenus et arrosés sur un bon kilomètre. L’eau ne doit pas coûter bien chère en ces contrées.

J’aimerais filer jusqu’à Vān Kê au bout de cette baie pour y déjeuner. Mais il est déjà 12h30. J’ai les crocs. Et j’en ai un peu marre de bouffer du vent. Je repère une gargote en bord de route pas très loin de ce futur complexe. Je m’arrête. Je suis accueilli par un jeune homme parlant un peu anglais. Il me sert une belle assiette de riz avec du poisson frit. Puis m’apporte des verres d’eau emplis de glaçons. Une fois, ce copieux déjeuner avalé, il me demande d’où je viens, où je vais. Cela faisait un bail. Je lui sors ma carte d’Asie et lui montre mon périple. Puis je lui demande si je peux dormir dans un des hamacs.

Je roupille pendant plus d’une heure. C’est d’ailleurs sa sonnerie de téléphone qui me réveille. Il me propose ensuite des petits fruits et m’offre quelques gâteaux. Il est vraiment trop cool. On demande à un ouvrier de nous prendre en photo avant que je ne reparte. Ce jeune homme se nomme Khâ. Encore une très belle rencontre.

Je repars par mon 3è tronçon de la journée. Mais, avant cela, il me faut passer le phare de Van Kê qui délimite la fin de cette baie.

L’endroit est magnifique. Mais, il n’a pas encore été gagné par le tourisme. La digue donne sur le port. Derrière quelques gargotes n’attire pas encore la foule.

La route longuement dorénavant la côte. Il me reste une vingtaine de kms à parcourir. Cette côte est dorénavant orientée nord-est. Je prends le vent de travers. Je peux repasser grosse plaque et envoyer du lourd. Le début de cette grande baie qui va jusqu’à Phan Thiêt est très sauvage. De magnifiques plages de sable fin sont entrecoupées par des parties rocheuses.

Hélas, cela ne va pas durer. Assez rapidement, les premiers Resorts font leur apparition. Quelques uns n’ont pas dû résister à la crise du Covid et sont à l’abandon. Alors que d’autres sont déjà sortis de terre. Cependant, il n’y a pas l’air d’y avoir beaucoup de touristes. De plus, d’autres immenses complexes sont en projet comme celui de tout à l’heure. Des panneaux présentent ces projets pharaoniques. Sur ces panneaux, les photos des futurs privilégiés sont des occidentaux.

Plutôt que de m’arrêter boire mon café dans un Resort, je déniche un kiosque en bord de route. Je me bois un nouveau café frais délicieux. Je suis assis à la table avec un gars de la sécurité du complexe derrière, un ouvrier et la patronne. Le gars de la sécurité baragouine en vietnamien et a l’air de bien se moquer de ma pomme. Comme je ne comprends rien …

Après ce revigorant moment, je fonce vers la grande ville. Auparavant, à 8kms de là, je traverse le quartier de Tien Thanh. C’est DisneyLand ! Une grande roue et des attractions essaient d’attirer le touriste. De nombreux logements ont été bâtis tous aussi moches les uns que les autres. Et, sur la plage, c’est à l’identique.

J’ai vraiment l’impression que le projet final est de bétonner complètement cette côte pour faire venir du tourisme de masse. Comme cela se fait en Espagne, Italie, Turquie et France également. Finalement, on ne doit être qu’à 2 heures de transport de Saigon.

Je ne suis plus très loin. Il me faut franchir une grosse montée pour redescendre sur la ville derrière. Je repère sur ma carte un HomeStay un peu à l’écart de la ville. Je m’y rends direct. Je suis accueilli par une petite mais néanmoins charmante vietnamienne. Elle m’informe que le 1er appartement est déjà occupé et que le 2nd est réservé. Comme je n’ai pas trop envie de me rendre en ville, j’insiste pour savoir s’il n’y aurait pas un endroit où je puisse dormir. Elle me présente un petit appart en travaux. Cela m’ira très bien. On attend confirmation pour la résa et je m’installa dans le jardin pour pianoter pendant que les hommes arrachent quelques grands arbres.

Finalement, la résa est annulée. La proprio me propose de prendre cet appartement au prix de 200.000VND comme hier, prix que je lui avais fixé comme barrière. De plus, elle m’invite à dîner avec toute la petite famille. Incroyable. Je vais déguster du calamar accompagné de riz et des mets typiques. Par contre, à part son frère tatoueur et elle, personne ne parle anglais. Pas évident de suivre la conversation. Après cette belle soirée, je n’ai plus qu’à rejoindre mon grand appartement.

Fin de cette nouvelle très belle journée de 100 bornes avec de belles rencontres et de beaux paysages.

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