J132 – lundi 10 avril – Thôn Hai / Phú Tho

Ni coq, ni cloche, ni appel à la prière, ni mantra et ni lumière. Je me réveille à 6h30. J’ai raté le lever de soleil. Tant pis pour moi. Il faut dire qu’hier soir j’ai encore veillé pour regarder les 60 derniers kms de Paris-Roubaix remporté par le hollandais volant, et petit-fils de notre Poupou national, Mathieu van der Poel. Dommage que le belge Wout van Aert ait crevé au plus mauvais moment. Mais quels champions ! Je me prépare vite fait. Je quitte ce bel hôtel peu avant 7h00.

Puis, je fais un dernier tour dans ce quartier qui me fait penser, toute proportion gardée, à la rue principale dans les Western.

Je reprends le boulevard pour retrouver ensuite la route secondaire DT716. Je m’arrête dans la ville portuaire de Liên Huong pour y acheter un casse-croûte aux œufs (opla) et y boire mon café matinal bien serré. Alors que je le sirote tranquillement, un vieil homme traverse difficilement la rue. Je le regarde et m’imagine dans quelques années quand je ne pourrais plus arquer. Il a dû lire dans mes pensées. Il se pose devant ma table pour me signifier que, un jour peut-être, je serais comme lui.

Après mon café bu et le vieil homme disparu (de ma vue), je reprends ma route. En sortant de la ville, je suis surpris de voir des ouvriers, non pas étaler des gravillons, mais du riz à sécher en plein milieu de la chaussée.

Je retrouve maintenant la National Road 5 (AH1) pour rouler à l’intérieur des terres sur cette 2*2 voies. D’un côté le paysage est fort agréable avec ces paysages de rizière et les monts en toile de fond.

Mais, du côté mer, c’est beaucoup moins sympathique. En fait, je contourne une zone pétrochimique. Comme souvent, les bords de route sont dégueulasses. C’est vraiment dommage que, dans tous ces pays, l’environnement ne soit pas encore une priorité. Je pense que la priorité de beaucoup de gens est surtout de bouffer. La pollution …

Je continue mon chemin pas forcément des plus agréables sur cette route. Je n’ai pas d’autres alternatives pour le moment. Je m’arrête à nouveau pour prendre en photo cette église alors qu’un scooter arrive en face sur « la bande d’arrêt d’urgence » où je circule. C’est là qu’il faut faire vraiment gaffe. En principe, scooter et parfois triporteurs se serrent à gauche. Si je déboite un peu pour les éviter, il faut que je regarde avant dans mon rétro pour vérifier qu’il n’y a pas un fada motorisé qui me double sur ma gauche.

C’est reparti mon kiki. Je passe enfin devant ces cheminées que j’apercevais depuis un bon moment. Cette usine ressemble presque à un paquebot posé sur la mer juste derrière. Je passe devant 3 autres usines du même type. J’ai l’impression de circuler du côté de Fos/Mer. J’ai traversé cette zone pétrochimique une fois à vélo. C’est assez impressionnant.

Après cette zone vraiment pas terrible, je retrouve enfin le front de mer. C’est quand même beaucoup plus agréable comme paysage.

Arrivé à Phuoc Diem, je laisse enfin cette route principale pour bifurquer sur ma droite et revenir vers la côte. Je longe à présent des marais salants. Quelques pêcheurs posent des filets en traversant cette étendue d’eau peu profonde.

Un peu plus loin, ce sont des salines qui sont exploitées alors que les vaches entretiennent la voirie. Au moins, elles ne font pas grève, elles !

Je contourne ensuite un vaste chantier portuaire. Heureusement, j’ai la présence d’esprit de m’arrêter devant un marchand ambulant pour y acheter de l’eau et une mangue. Installé sur un boulevard sans personne à cette heure, il doit faire son beurre avec les ouvriers qui bossent dans le secteur.

Il est 10h00. Je n’ai toujours pas bu mon café syndical vu que je n’en pas aperçu un seul depuis la dernière bourgade traversée. Je vais attaquer la seconde partie de cette journée après que la première ne m’a pas laissé une forte impression … C’est le moins que je puisse dire. Par contre, à partir de maintenant, cela va devenir magnifique. J’ai décidé de suivre la côte au plus près en longeant un cap. Pour ce faire, je prends de la hauteur, et encore plus de zef, à travers un massif rocheux.

Cette petite route en corniche va s’avérer rude mais tellement superbe. D’autant plus qu’il n’y a pratiquement personne qui l’emprunte. La beauté sauvage de cet endroit est magnifique. Certainement, une des plus belles routes empruntées depuis mon départ.

Je vais parcourir 25 bornes et faire plus de 700m de dénivelé autour de ce cap avec de magnifiques vues sur cette côté ciselée.

Seules quelques troupeaux de chèvres (et aussi scooters) viennent troubler la quiétude de cet endroit.

Cependant, je dois avouer que le vent violent qui me souffle dans les bronches me rappelle le bora croate. Ce vent catabatique qui m’avait envoyé, moi et mon destrier Haka1, les quatre fers en l’air à 2 reprises lors de mon 3è périple européen entre Venise et Istanbul.

Seuls quelques maisons de pêcheurs se trouvent sur cette côte. Leurs bateaux sont abrités dans ces petites criques. Aucune gargote, aucun café, aucun restaurant. Rien. Sauf Dame Nature dans toute sa splendeur sans (presque) être pollué par l’Homme. J’adore !

Vers 11h30, je passe le cap Padaran. J’arrive dans le hameau de Mui Dinh à quelques kms de la ville de Phuoc Dinh. Je m’arrête au pied de ces gros blocs de rocher pour y boire enfin mon café matinal et, aussi, souffler (sic !) un peu. Les 2 mamies qui me servent sont charmantes. Quand elles voient dans l’état où je suis (certainement un peu cuit et cramé), elles me remplissent ma gourde de glaçons et m’offre de l’eau. Je peux repartir pour la 3é étape de cette journée.

Après être reparti de cet endroit désert, je bascule de l’autre côté du cap. Le paysage change à nouveau de physionomie. Ce sont maintenant de grandes étendues de dunes et de sables qui s’offrent à moi. Incroyable ces changements de décor un si peu de temps.

Les gérants d’un hôtel perdu dans ce coin paumé propose à nouveau des balades en 4×4. Ce sera toujours sans moi. A midi passé, j’arrive enfin en vue de la ville de Phuoc Dinh. Je dois bifurquer à droite pour m’y rendre. C’est un cimetière aux tombes colorées qui m’accueille. Au loin à gauche, j’aperçois la pointe du cap.

Je me pose dans la 1ère gargote trouvée. J’ai faim. Je prends ce que la jeune cuisinière me propose. De toute façon, il n’y a pas le choix. C’est simple mais c’est copieux et goûteux. Je précise que la chope est remplie de thé glacé et non pas (encore) de bière. Par contre, il faut se repérer l’endroit où se trouvent les verres et la bonbonne de thé. En effet, personne ne vous les propose.

Alors que je dévore mes plats, la patronne compte ses sous. C’est impressionnant la liasse qu’elle sort de sa caisse.

Il est bientôt 13h00. Je me pose à nouveau la question de savoir si je cherche un endroit pour siester ou si je file vers ma direction finale à une quinzaine de kms d’ici. Je reprends la route et je verrais. Je décide de suivre la ruelle principale puis de prendre un chemin longeant la côte plutôt que de remonter sur la route secondaire. Je m’imagine longer une belle plage de sable fin. Ce n’est pas tout à fait le cas. D’abord le front de mer derrière le village est assez saisissant.

De nombreuses barques en osier, permettant de stocker les filets ou de rejoindre les bateaux de pêche, sont échouées sur cette plage. De plus, les ordures s’y accumulent sans que cela ne dérange apparemment personne. C’est comme ça mais que c’est triste et déprimant.

Ensuite mon magnifique front de mer espéré est en fait une succession d’élevages de crevettes. Je vais me balader, à travers ces bassins et sur une sente sablonneuse, pendant quelques kilomètres.

Comme clou du spectacle, j’ai également vue sur un tanker échoué sur des hauts-fonds pas très loin de la côte.

Au bout de cette Shrimp Coast, j’arrive dans un hameau avant de retrouver la route secondaire. Je me pose dans un café afin d’étudier ma carte et repérer des hébergements. Le patron et un client jouent à un jeu ressemblant au mahjong alors que, au fond de la salle, ce sont d’autres jeunes qui s’adonnent au billard très prisé dans ce pays.

A ce sujet, j’ai oublié de signaler la pratique du Karaoké comme sport national. Hier, c’était impressionnant. Il y avait plusieurs endroits dédiés à cela et des hauts-parleurs diffusaient les chansons, chantées plus ou moins juste, en pleine rue. Il ne me reste que kms avant d’arriver à destination. Je franchis le pont qui enjambe le fleuve Sông Dinh.

La ville m’a toujours l’air impressionnante de loin. D’autant qu’il semble y avoir des buildings. Le plus grand s’avère être un hôtel-resort. Je ne m’arrête même pas demander le prix. Le hall du second me semble un peu trop cossu pour mon budget. Effectivement, la chambre est à 400.000VND. Le second, situé pas très loin, sera le bon. Apparemment, il vient d’ouvrir depuis peu vu que des travaux de finition ont lieu. La gérante me propose la chambre à 200.00VND. Pile-poil dans mon budget. Je m’installe. La chambre est borgne mais, à nouveau, parfaite : frigo, ventilo, air cond, SdB propre.

Cela me change vraiment des hébergements cambodgiens. Le choc risque d’être rude quand je vais basculer au Laos. Le seul problème est que la wifi ne passe pas bien dans la chambre. Décidément … Après ma sieste, je m’installe dans le hall d’un autre hôtel à proximité pour boire ma bière quotidienne, passer quelques appels et pianoter un peu. Et oui, il ne faut pas perdre la main. Il est plus de 18h00. Je dois rentrer étudier mes cartes pour la suite du voyage que je n’ai toujours pas fixée. Gloups ! Mais avant cela je tombe par hasard sur une maison qui propose aussi des plats à emporter. Le proprio doit renfiler son pantalon avant de me servir. Puis je pars avec ma boite en polystyrène emplie de riz, légumes et œufs. C’est bon et moins dispendieux que ma bière à 1€ à l’hôtel.

Fin de cette journée ô combien contrastée.

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