« Good Morning Vietnam !!! ». J’ai failli la louper celle-là. C’est en roulant dans la pampa que m’est revenue cette réplique de Robin Williams dans le film éponyme de 1987 sur la guerre du Vietnam. D’ailleurs, ce matin, je suis réveillé par la radio. J’ai pensé que c’était ma mamie grincheuse et bancale qui avait mis sa radio à fond. Mais non, c’est un des nombreux haut-parleurs qui diffusent la radio de bon matin. Il doit être un peu plus de 5h du mat’. Je trainasse encore un peu avant de plier les gaules. A 6h pétantes, je règle l’addition et je reprends mes pérégrinations.

Je dois dire que ma nuit a été quelque peu perturbée. En effet, hier après-midi, j’ai passé quelques coups de fil, dont un, à ma fille Gwen. Elle m’a notamment appris une nouvelle surprenante. Les initiés comprendront peut-être avec cette photo. Décidément, le monde est petit …

Je sors de ce chemin sablonneux pour retrouver la petite route parallèle à la côte. Alors que mon GPS m’indique de partir à gauche, je décide de partir à droite ayant repéré un chemin plus direct. Je traverse un hameau où une vendeuse ambulante écoule son stock de boites en polystyrène. Quant à moi, ce sera à nouveau un chausson au riz.

Finalement, mon chemin coupe dans les marais mais il est recouvert par du sable. Je dois faire demi-tour et revenir sur mes pas. Cela commence bien … J’en profite quand même pour immortaliser ce lever de soleil derrière la station balnéaire de Cam Ranh.

Je reprends cette fois-ci la bonne direction pour aller dans la ville de Nha Trang. Avant de prendre la route 6571 qui longe la côte, je bifurque à droite pour aller sur la plage. Je m’installe sur les marches pour déjeuner, admirer à nouveau le lever de soleil … et surveiller Brice de Nice qui se trouve au bord du reflet du soleil sur la mer. De fait, en arrivant, j’ai discuté avec le seul occidental présent dans le secteur. C’est un allemand surfeur. Il est avec 2 potes et sa compagne au splendide fessier.

Je les laisse attendre la vague. J’abandonne cette Golden Coast bordée par de nombreux hôtels et resorts. Puis j’attaque l’ascension de ce nouveau cap. Autant avant-hier, je me suis régalé. Autant aujourd’hui, je ne prends aucun plaisir. Je roule sur une 2*2 voies bordées par des Resorts de luxe. Devant chaque Resort, de magnifiques étendues de gazon anglais arrosé à grandes eaux laissent deviner le luxe et le prix de ces endroits réservés à une clientèle haut-de-gamme.

Vers 7h00, je passe le cap et arrive dans la Diamond Coast. Tout un programme. J’ai vu sur les nombreux îlots de cette baie : Mieu Islet, Tam Islet, Mot Islet, Mun Islet. Derrière ces îlots se trouve la grande île de Tre Islet. Sur la photo, on aperçoit Mun Islet la plus au sud.

Je contourne ensuite un magnifique golf 18 trous. Par contre, je n’y aperçois aucun golfeur. Je traverse la pointe sud de cette grande ville pour me poser en bord de plage. Quelques baigneurs profitent de la fraîcheur matinale toute relative. Derrière eux, les îlots que j’évoquais sont noyés dans la brume matinale.

De l’autre côté, la plage couvre toute la baie sur une distance de 14 kms. Cette baie est bordée principalement par des hôtels de toute taille. Les boutiques en tout genre sont couverts d’écriture cyrillique. Encore une enclave russe.

J’ai commencé une des trois missions de la matinée. Je suis à sec et dois en effet retirer de l’argent vietnamien. Les 2 premiers distributeurs ne m’ont rien donné (« We can’t process this operation ») avec ma carte Revolut. Je commence à m’inquiéter. Sur la promenade, j’essaie un 3è ATM avec mes 3 cartes bancaires. Sans succès non plus. Je m’inquiète. Je me rends dans l’ATM d’une banque. Cela fonctionne. Ouf ! Je peux retirer 5 millions de dongs. Je suis riche de 200€. Cela devrait me permettre de finir la semaine et de pouvoir revenir au Vietnam avec du liquide. Et ne pas me retrouver sans un Dong comme la première fois il y a une semaine. Haka2 pose devant ce monument, alors qu’une mariée en belle robe blanche à traine fait de même sur les marches, pour dire au-revoir à la mer de Chine. Nous allons remonter sur la gauche et nous en éloigner pour un long moment.

La deuxième mission est de réparer ma paire de lunettes. En effet, j’ai la vis d’attache d’une branche qui s’est barrée il y a quelques jours déjà. Sans tournevis de précision (et sans lunette), il m’est difficile de la réparer. En attendant, j’ai réussi à insérer un bout de cure-dent pour la maintenir. Il faut aussi être Mac Gyver pendant ces périples à vélo. Il y a toujours un truc qui pète et qu’il faut réparer avec les moyens du bord. Je me balade donc dans ces grandes artères en surveillant la circulation et les boutiques. Je finis par trouver mon bonheur.

La 3è mission est de trouver un magasin de cycles pour m’acheter une nouvelle paire de gants et un nouveau cuissard ainsi que vérifier l’usure de ma chaîne qui approche des 3.000kms. Sur mes GPS, je ne trouve aucun magasin. Tant pis. Je sors de cette grande ville au plus vite. Je n’ai même pas envie d’aller visiter le peu de monuments intéressants. Trop de monde. Trop de russes et de chinois. Trop de bruit. Trop de béton. Trop de trop. Je prends la direction des terres intérieures. Je traverse maintenant des quartiers périphériques. J’y remarque cet hôtel-karaoké. Quand je vous disais que c’était vraiment des fans de cette activité.

Je zieute quand même les nombreuses boutiques le long de ce boulevard qui me sort de ce merdier. Il y a énormément de magasins de scooters, quelques uns de voiture mais pas de vélo. J’ai parlé trop vite. J’aperçois un jeune assis à la vietnamienne en train de réparer un pneu. Je freine. C’est effectivement une boutique vélo. Je m’arrête et fais l’acquisition d’une paire de gants, pour me protéger les mains des vibrations et de mes poignées en plastoque pas terrible, et d’une chaîne. Apparemment, la mienne serait encore bonne. Le patron n’a pas de réglette pour tester l’usure. Il positionne la chaine sur petite plaque et petit pignon. Le dérailleur ne touche pas la chaine. C’est donc qu’elle n’est pas morte ! J’ai encore appris quelques chose ce matin. J’espère que tu as bien noté Stéphane ? (Petit clin d’œil à mon compagnon avec qui nous avons monté l’atelier vélo de L’Arche-en-Pays-Toulousain).

Il fallait quand même deviner que c’est un magasin de réparation de vélos. Bon, à part le cuissard, les missions sont remplies. Je peux quitter la ville et retourner dans la cambrousse. Pour ce faire, je passe la porte d’entrée dans la pampa à Dien Khanh.

A partir de maintenant, je vais longer le fleuve Sông Cái en empruntant la route provinciale 8. Le paysage devient à nouveau bucolique. Je préfère mille fois. Avec tous ces impondérables, l’heure avance et je n’ai toujours pas pris mon café. Mais je tombe sur le Cà Phê France. Je ne peux que m’arrêter. Des photos de l’Equipe de France à différentes périodes (1982, 1998, 2022) ornent les murs. Je discute bien évidemment avec le patron qui baragouine quelques mot de français et d’anglais. Et, devant chaque photo, je lui nomme le nom des joueurs. Ce qui a le don de l’exciter et de rameuter les autres clients. J’en profite pour me faire tirer le portrait devant notre symbole national à l’étranger.

Après cette escapade parisienne, je reprends ma petite route fort sympathique.

De plus, j’ai maintenant le vent qui me pousse au cul. J’avance bon train. Cependant, en rentrant dans les terres, le profil change bien que je reste dans des vallées à contourner de petits monts. Et puis, la faim commence à me tenailler. Arrivé dans le village de Khanh Binh, je mets le clignotant à droite pour m’arrêter déjeuner. Je commande comme le « We Must Win » arrivé en dernier (« J’dis ça, j’dis rien » comme dit cette expression à la con) et je m’assois aussi sur mon petit tabouret à ma petite table. Ils ne sont pas bien grands les vietnamiens mais c’est quand même pas évident pour grailler. Par contre, Nico sera à l’aise. Et pan !

Je dévore à nouveau ma belle portion de riz, poulet grillé et légumes. Et là, je n’ai même pas à aller dans un café pour m’allonger. Il y a un hamac de libre qui m’attend. Je branche mon réveil sur 13h00 et je pionce. La sonnerie me tire d’un sommeil profond. Quand je reviens à moi, il n’y a plus personne dans le restau. C’est la fermeture. La gérante attendait mon réveil pour partir. Trop sympa. A ce sujet, je reviens sur mes premières impressions vietnamiennes. Comme me l’avait dit Frédéric en faisant le parallèle avec Thaï et Cambodgiens, ils sont assez fermés au premier abord mais finalement très sympa (la plupart, ceux d’origine chinoise sont souvent détestables). Un peu comme les gens du nord comparés au gens du sud. Sur ce, je repars sous une brume de chaleur à travers monts et vallées.

La route grimpouille de temps en temps mais rien de bien méchant. Au loin, un nouveau mont me défie. Mais je l’éviterai par une vallée partant sur la gauche. Cependant, le marquage hectométrique avec ce H6 par exemple (pour 33kms et 600m) casse bien le moral. Il faut que j’évite de trop regarder le fossé. D’ailleurs la route est propre par ici. Je continue mon petit bonhomme de chemin à travers des plantations d’ananas et autres arbres fruitiers. De temps en temps, je passe devant une fermette. Quelques vaches paissent derrière. Tout cela ne respire pas le grand luxe comme ce matin. Mas le bonheur est-il dans la possession et le matériel ? Je ne le pense sincèrement plus depuis de nombreuses années.

Vers 14h30, je passe devant le lac artificiel de ??. Juste au bord de la route se trouve un café bien accueillant. Je m’y installe un petit moment pour étudier à nouveau mes cartes et trouver un hébergement dans le secteur. Comme étape, j’avais repéré la petite ville de Duc Mÿ, avec son aéroport, sur ma route mais, en demandant aux jeunes assis en terrasse, ils me confirment qu’il n’y aucun hôtel dans ce secteur et que je dois redescendre au sud sur Ninh Phung.

Décidément, cette journée se finit comme elle a commencé : par un retour en arrière. Je prends donc la route principale QL26 vers la mer et reviens 7 kms en arrière. Après avoir tournicoté dans le secteur, demandé à droite et à gauche, m’être fait jeter comme un chien par ces vietnamiens-chinois, trouvé enfin puis finalement non, redemander, m’être fait accompagner par un jeune homme à scooter qui me ramène à l’endroit trouvé, négocié âprement avec la proprio, j’arrive enfin à me poser. Cet hôtel n’est pas indiqué. De plus, il est en retrait de la route. C’est à nouveau une maison d’habitation avec des chambres à louer. Mais je pense qu’elle ne loue qu’à des connaissances. Finalement, j’obtiens une chambre très correcte mais sans la clim et avec un tuyau de douche en rade pour mes 200.000 dongs plafond. Il est 16h passé. Je ne me voyais vraiment pas repartir à la recherche d’un nouvel hébergement.

Vers 18h00, comme hier soir, je pars à la recherche de ma pitance. Par contre, je dois longer cette route hyper empruntée alors que la nuit est déjà tombée. Les klaxons fusent. Après avoir marché un peu, je repère une marchande ambulante de l’autre côté de la chaussée. Je fais hyper gaffe pour traverser. Je commande le plat unique préparé par la maman alors que sa fille s’occupe des assortiments. Quelques scooters s’arrêtent puis repartent avec leur diner du soir dans un pochon en plastique. Quant à moi, je me pose. Mon repas est composé de quelques « crêpes » fourrées au soja, vermicelle et je-ne-sais-quoi accompagnées de salade, menthe et coriandre. Je me régale.

Au retour, je m’achète une bière Saigon et un super gâteau à la noix de coco. J’y retournerai demain avant de partir. Je rentre dans ma chambrette après cette journée ô combien chargée avec encore 100 bornes parcourues et 700 D+