J134 – jeudi 13 avril – Ninh Phung / M’Drak

Réveillé à 5h30. Pas un bruit dans la maison. J’espère que le portail n’est pas fermé. Je me prépare vite fait. La proprio est levée. Par contre, son mari roupille encore, allongé sur un matelas posé dans le salon. Je ne fais pas de bruit, salue la patronne et m’éclipse. Il est 6h00.

Il faudra quand même que je vérifie la signification de « Nhà Nghi ». Je me demande si cela ne veut pas dire « Hôtel ». Si c’est le cas, ce sera plus facile pour les repérer ! Pour le p’tit déj’, ce n’est pas bien compliqué ce matin, c’est juste en face. En effet, juste l’autre côté du chemin qui mène à cet hôtel, se trouve une école. Je traverse la route de la mort-qui-tue alors que soleil se lève également.

Et, en face l’école, des vendeuses ambulantes qui proposent repas, gâteaux, chips et bonbons. Pour moi, ce sera repas avec riz légumes et quelques morceaux de viande. Ma présence parmi cette jeunesse uniformisée détonne quelque peu. Les moins timides viennent discuter le bout de gras. Je les encourage à apprendre l’anglais comme je le fais partout où je passe. Ils doivent vraiment me prendre pour un vieux con. J’m’en fous. On est toujours le vieux et le con de quelqu’un …

Avant de partir, je me prends aussi un yaourt à boire tiré de la glacière rouge évidemment. La rentrée des classes approche. Le trafic s’intensifie.

Pour sortir de cette ville, j’ai la chance de pouvoir choper la roue d’un triporteur. Les quelques kilomètres, effectués en arrière hier soir pour trouver cet hôtel, défilent vite. Le triporteur met le clignotant à droite pour s’arrêter prendre un café. Je continue seul ma route. Je passe devant le croisement où j’ai bu mon café hier après-midi. Je continue sur cette route Quôc Lô QL26. La montagne se dresse devant moi. Il est 7h30 quand je passe devant cette borne.

Sur mon traceur, l’option « Vélo de route » me faisait passer dans la pampa avec 93 kms et 1.300 D+ alors que l’option « Voiture » ne fait que 65 kms et 800 D+. Comme cette route me parait parfaite et pas trop empruntée, je continue sur cette option. Il ne faut pas être obtus non plus. Au bout de cette ligne droite, la grimpette commence. Téléphone m’accompagne. Je passe tout à gauche. C’est du costaud. Mais la route est agréable et ombragée. Je traverse un massif forestier alors que la vallée et la côte est s’éloigne peu à peu au rythme de mon pédalage d’escargot.

Vers 8h30, j’arrive au sommet après une dizaine de kms de grimpette. Un autel a été érigé peu avant. Des offrandes ont été déposées : eau, riz, fruits. Sur un autre autel un peu plus loin, ce sont carrément des boites en polystyrène contenant des repas. Cet autel donne sur le Mont Pelé. Au sommet, quelques routiers sont arrêtés et laissent refroidir le moteur de leur camion. Un d’eux n’a pas eu cette chance. Il est sous son camion à tenter de réparer une durite qui a dû péter vu la flotte sous lui. De plus, il trimballe un énorme chargement de canne à sucre. Bon courage !

Quant à moi, j’amorce une légère descente qui va me conduire sur un immense plateau. Là encore, la déforestation a sévi. Certainement, pour y planter des exploitations fruitières beaucoup plus rentables. Mais que c’est triste de voir ces montagnes pelées. C’est comme si cette forêt avait suivi une chimiothérapie après un cancer humain et perdait tous ses arbres sur le crâne.

Je poursuis ma route beaucoup moins pentue que précédemment. J’enchaîne de belles portions légèrement descendantes sur la grosse plaque puis d’autres un peu plus pentues sur la plaque du milieu. Quelques hameaux sont disséminés sur ce plateau. Et, de temps en temps, une maison en bois d’un pauvre hère. Celui-ci est couché ans son hamac et attend, peut-être, des jours meilleurs …

Pourtant, ce plateau est verdoyant. De petits lacs et de nombreux ruisseaux permettent d’irriguer des rizières et d’autres plantations maraîchères.

Vers 9h30, je m’arrête à Ea Trang pour boire mon café. Ce matin, je teste le café sua avec de la crème au fond. Il y a affluence. Quelques routiers et paysans s’arrêtent comme moi pour faire un break et taper la causette. De mon côté, c’est un couple d’une cinquantaine d’années, en balade à scooter, qui vient s’enquérir de ma présence en ces contrées éloignées de tout. Je repars en dernier vers 10h00. La patronne à droite et son employée peuvent s’octroyer une pause après le coup de feu.

Je repars et attaque une nouvelle descente. Au loin, un nouveau massif se présente. Finalement je le contournerai par la gauche.

Une fois descendu et de retour sur un plateau, je m’arrête à nouveau devant cette rizière en cours de récolte. Ici pas de machine, c’est du fait-main : les femmes coupent, les hommes portent.

J’essaie de les prendre en gros plan mais cela ne donne pas terrible. Il va falloir que j’investisse dans un petit appareil avec un zoom puissant pour prendre plus de gros plans.

J’arrive en périphérie de cette ville montagnarde. Comme je l’évoquais précédemment, l’eau et les cultures sont présentes. D’ailleurs, j’adore ces paysages de camaïeu de vert.

J’entre en ville. Il est un peu plus de 11h00. Les lycéens regagnent leur domicile. Beaucoup à scooter thermique, de plus en plus à scooter électrique et quelques irréductibles (ou moins fortunés) à vélo. Je salue ces confrères de la pédale.

Une fois en ville, je me pose à nouveau dans un café mais, cette fois-ci, pour y déguster un grand verre de jus de canne bien frais. Cela me tentait depuis quelques jours déjà. Vu la chaleur ambiante et l’effort produit, j’ai besoin de sucre et de fraîcheur. Hhhhmmmm, c’est trop bon. A notre santé et à celle des potes du Stade Toulousain Cycliste.

Une autre cycliste du même âge que le mien, donc plus très jeune mais pas trop vieille non plus, s’arrête à son tour au stand ravito. Elle est moins chargée que moi mais a certainement besoin de vitamines également.

Après cette pause fraîcheur et studieuse pour étudier mes cartes, je décide de m’arrêter ici. Le prochain hébergement répéré est à 33kms en suivant la route QL26 soit encore 2 bonnes heures de route. S’il n’existe plus, ce sera 10 bornes en plus. Je n’ai pas envie de prendre ce risque et de galérer comme hier après-midi. Je me rends donc directement à l’hébergement repéré. Je visite la chambre et réserve.

De plus, cela tombe bien, il y a un restau juste à côté. Je m’installe. Une grande tablée d’employés de la même boite (les femmes portent toutes un polo bleu, les hommes sont en chemise blanche) sont déjà à table. Ça picole sec. Deux autres tables sont occupées. Apparemment, ce restau, et non gargote, a l’air connu. Un serveur me tend la carte en vietnamien. Me voilà bien ! Je lui demande en anglais un menu en anglais. Évidemment, il ne comprend pas. Heureusement, un gars derrière moi vient à mon aide et me tend son traducteur. J’inscris « rice, chicken, vegetable ». Il donne la traduction viet au serveur. Je verrais bien. Et, quand je vois les plats arrivés, j’ai un léger sursaut.

Effectivement, il y a du riz (une assiette pour trois), du poulet (6 beaux morceaux) et des légumes (maïs, pommes de terre, carottes, haricots) cuits à la vapeur. Pour accompagner le tout, je demande une bière. Il m’apporte carrément un pack d’une cinquantaine de canettes de bière Larue, du nom de son inventeur français et produite depuis 1909 à Da Nang, ainsi qu’un seau de glaçons. Il pose le tout au pied de ma table. C’est festin ce midi. Finalement, je repars avec mon diner du soir. Je n’ai mangé que la moitié du riz et des légumes. Par contre, je m’attends à une addition salée. Je passe à la caisse. Le gars, derrière son vieil ordinateur, y passe un moment. Il me tend la douloureuse.

Quand même ! Pratiquement le prix d’une nuitée en hôtel. Dans les gargotes, un repas riz-poulet me coûte 25.000VND. Je lui demande qu’il m’explique le détail. Étrangement, dans mon porte-feuille, j’ai pile-poil, au billet près, ce montant. Je lui tends les biftons. Il me prend celui de 50.000VND. 2€ ce menu gargantuesque ? C’est une blague. Je n’ai toujours rien compris à son addition. Pas grave. Je suis repus. Je me dirige vers l’hôtel, donne mon passeport, paie les 200.000VND traditionnels, récupère ma clé 201, pose mes sacoches, me douche, ferme les rideaux, branche la clim’ et pionce pendant 1 bonne heure. Je me réveille vers 14h00. J’ai encore tout l’après-midi devant moi. Quel pied ! Et j’ai même un balcon qui donne sur la rue et la montagne au fond.

J’oubliais. Je confirme : « Nhà Nghi » signifie bien « Hôtel ». Mon traducteur me dit « La maison de Nghi » mais, soit il y a beaucoup de Nghi (comme les Nguyen), soit il n’y a que les Nghi qui ont le droit de monter des hôtels ! Bon, après la sieste, j’entreprends de faire ma lessive, laver mes sacoches, nettoyer Haka2, télécharger les langues disponibles sur mon iPhone, me couper les ongles, me raser les poils des pattes (poils qui commencent à se prendre dans les rayons). A ce sujet, je prends connaissance des dégâts occasionnés par le clébard qui m’avait chiqué à Phnom Penh. Comme la chique est à la pliure du genou droit, la cicatrisation a été longue et difficile. Et elle est un peu bizarre. Une de plus au compteur !

Après cette belle matinée montagnarde et ce tranquille après-midi de récupération, je le finis dans un café à côté avant de rentrer dîner de mes restes. Je vais pouvoir bouquiner et me coucher pas trop tard.

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