Réveillé comme d’hab’ vers 5h30. Peu avant 6h, je récupère la clé du portail pour pouvoir quitter ce charmant endroit. Je croise la jeune propriétaire laotienne (et non pas française comme je le pensais) sortie pour sermonner trois chenapans entrés par un trou de souris pour chaparder des mangues.

Je quitte ce charmant village de Champasak sans pouvoir déjeuner. Tout est encore fermé à cette heure matinale. Je reprends ma route vers Pakse à une trentaine de kms au nord. Comme hier, les paysages sont désertiques dès que les rizières sont à sec.

Lorsque les forêts n’ont pas été incendiées pour récupérer la terre, de magnifiques arbres se dressent encore dans cette forêt primaire. Pour en revenir aux forêts incendiées, Philippe le franco-laotien, me disait que ces terres avaient été données par l’Etat, non pas à des paysans, mais aux nombreux citadins qui ont tout perdu pendant la crise du Covid.

Un peu avant 8h00, je m’arrête en bord de route dans une petite gargote pour y déjeuner. Ce sera à nouveau soupe ce matin, accompagnée de choux et haricots verts crus et également de menthe fraîche. Dans cette gargote, je tombe sur 2 cyclistes qui se restaurent également (les 2 qui m’encadrent). Quand un cycliste rencontre d’autres cyclistes, ça discute forcément vélo. Le 3è, croisé en partant, a dû allonger la distance et nous rejoint au moment de la photo. Les gars roulent sur de superbes vélos Trek et Look achetés au Vietnam. C’est quand même assez rare de croiser des cyclistes dans ces latitudes.

Après ce sympathique intermède, je repars sur cette longue langue de bitume. Le vent me pousse bon train. Pas suffisamment pour que je puisse accrocher les roues quand le trio me rattrape filant à bonne allure.

Je passe sous l’arche d’arrivée de la course « Have a good trip » en 4è position. Le peloton est loin derrière. Je fais gaffe de ne pas écraser la jeune fille qui semble vouloir traverser. De temps en temps, ce sont des troupeaux de vaches qui paissent sur le bas-côté et qui décident soudainement de changer de côté pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs.

Alors que je me rapproche de Pakse, je franchis un poste de péage gratuit pour les 2 roues. Cette portion de route bitumée semble payante pour les véhicules. Je remarque bien évidemment ce panneau avec les symboles (faucille et marteau) du Communisme.

Un peu plus loin, c’est un cimetière aux tombes colorées qui attire à nouveau mon attention. Des tombes chinoises sont également présentes dans cet immense cimetière aux portes de la ville.

A 9h00 pétante, j’entre dans Pakse par un immense pont d’une longueur de 1,2kms qui enjambe le Mékong. Sur la colline, le temple de Wat Phou Salao et son Bouddha aussi domine le fleuve. De ce côté-ci, c’est une pauvre cabane de pêcheur qui contraste fortement avec l’imposant bâtiment au-dessus.

Je n’arrive pas à trouver quel était la fonction de ce bâtiment qui semble en réfection (hôtel, administration, ?).

Arrivé dans Pakse, je pars à la recherche d’un vélociste pour y acheter un nouveau cuissard et vérifier l’état de ma chaîne. J’ai demandé à mon duo de cyclistes mais, avec toujours ce barrage de la langue, ce n’est pas évident de communiquer et de se faire comprendre. Je déniche enfin un vrai réparateur. Bien qu’il n’ait pas cette fameuse réglette pour vérifier l’usure, il me confirme que la chaîne est à changer. J’en profite également pour changer le pneu avant bien usé et crevassé sur les côtés. Pendant que j’y suis, le vélociste me conseille aussi de changer ma selle d’origine Cannondale qui est vraiment en fin de vie également. Malgré le temps passé à changer ces accessoires, je ne paie pas la main d’oeuvre mais uniquement les 3 pièces à 150.000 LAK chacune soit 23€ au total.

J’espère finir ce trip sans problème avec toutes ces pièces changées. Surtout, je suis rassuré par le fait de pouvoir attaquer la montagne avec des vitesses qui fonctionnent et une chaîne qui ne devrait pas casser en plein effort comme cela m’est déjà arrivé au Portugal et en Albanie. Et, quand vous êtes dans la pente, debout sur les pédales tout à gauche à 3 ou 4km/h et que ça pète d’un coup, cela fait plutôt bizarre … Par contre, il ne vend pas de textile. Il m’indique sur ma carte où je devrais pouvoir trouver mon bonheur. Je m’y rends. C’est un magasin de vêtements de sport surtout orienté foot. Mais la patronne me dégote une tenue Castelli, référence italienne en textile cycliste, mais bleue ciel ainsi qu’une autre BMC rouge et noire. Devinez laquelle je choisis ?

Le prix est très élevé pour le pays mais cela ne me revient finalement qu’à 34€. J’espère que cette tenue me fera de l’usage. De toute façon, mon seul et unique cuissard (de VTT) était vraiment foutu, troué et usé jusqu’à la corde. Il aura fait le job comme on dit. Concernant les manchons, je n’en trouve évidemment pas. Mais j’avais récupéré les manches longues de mon tee-shirt noir balancé ce matin. Avec 2 élastiques pour les fixer en haut des bras, cela devrait faire l’affaire et me protéger de la morsure du soleil.
Il est plus de 11h. Je me pose enfin dans un café climatisé pour y déguster un bon café noir glacé et faire le point. J’ai 50 bornes pour rejoindre Paksong et 1.200m de D+ à grimper pour monter sur le plateau des Bolovens. Le soleil cogne fort. Ce serait de la pure folie d’attaquer maintenant. Je décide de me poser tranquillement ici et visiter la ville. Je grimperai à la fraîche demain matin. Je me rends au temple de Wat Luang, le plus important de cette région.

J’entre dans le temple le plus récent et me recueille quelques instants devant Bouddha. Par contre, l’ancien temple érigé en 1849 est hélas fermé à la visite. Comme souvent, je suis seul dans cet endroit.

Je me trouve ensuite un GuestHouse dans ce vieux quartier de Pakse. Le tarif est toujours le même. J’ai une belle chambre avec air cond et fenêtre donnant sur le jardin. Puis je pars déjeuner dans la première gargote venue. Au menu, ce sera encore de la soupe avec de grosses nouilles et du bœuf. La soupe aux nouilles est la spécialité de la région. Je m’en rends compte. Je retourne à l’hôtel pour une bonne sieste au frais avant de partir me balader à nouveau dans le quartier notamment pour aller voir la Cathédrale du Sacré-Coeur.

J’entre à l’intérieur alors qu’une messe se déroule. Je m’installe sans faire de bruit pour admirer les peintures religieuses avec Jésus représenté au milieu des laotiens.

A l’extérieur se trouve une représentation de la grotte de Lourdes et la Vierge Marie. Je suis invité à venir dîner avec les fidèles présents dans cette cathédrale. Mais j’ai prévu d’aller me faire couper les tifs. Tant pis.

Je trouve un jeune barber basketteur qui me fait une coupe aux petits oignons. Il est d’une méticulosité impressionnante. Me voilà frais comme un gardon.

Je rentre à l’hôtel. Je consulte à nouveau mes cartes avec, positionné dessus les sites « incontournables » du Laos, pour étudier la suite de mon périple. Je m’aperçois alors que j’ai raté la visite du temple de Vat Phou à côté de Champasak. J’étais tellement préoccupé par ce problème de dérailleur que j’ai complètement zappé cette visite. Et bien, demain, je vais repartir en arrière pour réparer cet oubli impardonnable. Par contre, je ne sais pas si j’aurais le temps d’aller dans la baie d’Halong au Vietnam. Je vais devoir faire des choix. Pour le moment, il est l’heure d’aller dîner (enfin du riz) , rentrer bouquiner et me reposer. Comme me l’a confirmé Manu, mon p’tit frangin, au bigophone, je manque quelque peu de lucidité ces derniers jours.