Réveillé encore plus tôt que d’habitude. J’ai oublié de mettre mes boules Quiès en me couchant hier soir. Et, évidemment, ce matin, mes voisins se sont levés tôt sans faire trop attention. A 5h40, je suis déjà prêt à partir. Par contre, ça caille !!! Pour la 1ère depuis mon départ de Bangkok il y a 95 jours, je sors de ma sacoche mon coupe-vent du STC. Avec l’orage d’hier soir et l’altitude, la température a sacrément baissé. Je quitte ce beau Guesthouse où j’étais logé au RDC.

Avant de prendre la route, il me faut retirer de l’argent. En effet, mes nombreuses dépenses à Lakse ont pompé dans mes billets de 100.000LAK. Et, dans ces endroits non touristiques, la CB n’est accepté nulle part. J’essaie dans 3 distributeurs avant d’en trouver un qui accepte la carte VISA. Ensuite, je trouve une gargote en train d’ouvrir. Je commande du riz et une brochette. Le riz m’est apporté blanc sans sauce. A 6h00, j’attaque la traversée du Plateau des Bolovens. Je quitte ce grand boulevard urbain qui scinde cette ville toute en longueur. Le soleil se lève à peine

Une fois la ville derrière moi, j’attaque ma longue descente vers la plaine. Hier, c’était faux plat montant. Aujourd’hui, ce sera faux-plat descendant. Les caféiers sont toujours aussi bien dissimulés et protégés.

La route est belle. Le paysage lui est luxuriant. Quel contraste saisissant avec les plaines désertiques de la vallée ! Ce ne sont que forêts primaires accrochées aux monts et collines, plantations et champs herbeux.

Je traverse de nombreux hameaux et villages. Les paysans partent au champ. Beaucoup empruntent cette espèce de jeep bruyante et crachotante de la fumée noire. D’autres sont tassés dans une remorque tirée par ces gros motoculteurs fort utilisés également au Cambodge. Les plus riches y vont en scooter.

Quant à moi, je circule toujours perché sur mon Haka2 beaucoup plus confortable depuis que j’ai changé selle et cuissard. Mon auguste fessier ne s’en porte pas plus mal.

Vers 8h00, lors de la traversée d’un hameau, je trouve enfin un endroit où est servi du café. C’est quand même fort de café que, dans cet endroit, il n’y ait que très peu de baraques à café. Je demande à la jeune femme boutonneuse un café yen (café chaud). Je lui fais répété pour m’assurer qu’elle a bien compris. Elle m’apporte un café hôrn (glacé). Vu la température, j’espérais me réchauffer un peu. Tant pis, ce sera un mauvais café froid. Je repars de ce hameau qui, comme beaucoup, est composé de vieilles baraques en bois. Mais de nombreuses maisons en dur sortent de terre, signe pour leurs propriétaires de réussite.

La végétation est toujours aussi luxuriante. Les vaches ici doivent se régaler. D’ailleurs, il n’est qu’à voir leur flanc. Elles se portent bien les vaches !

Peu après 9h00, je traverse la grosse bourgade de Ban Thateng, carrefour névralgique de la route 16 qui arrive de la ville d’Attrapeu au sud-est, de Paksong au sud et de Salavan au nord. Cette route contourne le mont Phou Sét culminant à 1572m à l’ouest. Je poursuis ma paisible descente à travers cette terre ô combien fertile, ces plantations de caféiers et ces paysages verdoyants.

Cependant, le paysage a quelque peu changé. Les forêts primaires sur tous les monts avoisinants ont été rasées pour faire place à encore plus de plantations. Et oui, même ici « Le toujours plus » s’impose de plus en plus, si je puis dire.

Je suis déjà au mitan de la matinée. Je progresse bon train sur cette longue route descendante. Dès que je traverse un hameau, je recherche à nouveau un café pour y faire ma pause. A défaut de café, j’aperçois au loin un groupe de collégiennes marchant vers moi. Je stoppe Haka2. Je les trouve tout à fait charmantes dans leur longue robe traditionnelle. Je leur demande si je peux les photographier. Elles acceptent avec plaisir. Je remarque également que certaines ont gardé une petite laine. Quant à moi, j’ai toujours mon coupe-vent. Merci les filles !

A la sortie de ce village de Dongko-Kang, je m’arrête à un stand boisson. Comme il n’y a pas de café, je vais tester une de ces boissons colorées et glacées que beaucoup boivent tout au long de la journée. Je vais devoir choisir au pif. J’en vois une avec de la poudre blanche. Je demande « Coco ? ». La jeune femme acquiesce. Je m’installe sur une petite table à l’ombre d’une tonnelle en osier. Ma boisson arrive. Elle est marron. Bizarre pour de la noix de coco. En fait, c’est du chocolat. J’adore le chocolat. Donc ça ira. Par contre, celui-ci est mixé avec du lait en boîte auquel sont ajoutés des morceaux gélatineux et de la glace pilée. C’est bon. Mais mon estomac, pourtant robuste, ne va pas trop apprécier.

Après avoir ôté mon coupe-vent, je repars le ventre quelque peu barbouillé. De plus, après une dernière longue descente en pente douce, j’arrive dans la plaine. Je suis à 150 mètres d’altitude. J’ai perdu 1.200m depuis ce matin. La chaleur devient à nouveau prégnante. Quant aux paysages, ils retrouvent leur aridité. De toute façon, je suis dans l’obligation de m’arrêter à Salavan où se trouvent des hébergements. Après, c’est à nouveau la pampa.

Et puis, je ne me vois pas continuer la route sous cette chaleur suffocante avec le bide en vrac. Je m’arrête à l’ombre pour repérer un hébergement plutôt dans le centre et m’y dirige. Pour une fois, je le trouve du premier coup ce GuestHouse alors qu’il est un peu plus de midi. La chambre avec clim’, fenêtre et balcon est parfaite pour 100.000LAK (5€).

J’ai juste le temps de récupérer mes clés et de filer fissa aux toilettes. Cela va bientôt faire 150 jours que je suis en Asie et c’est la première fois que je me chope la courante … à cause d’un chocolat. Incroyable ! Dans ma pharmacie d’urgence, j’ai pensé à prendre de l’Imodium. Cela devrait faire l’affaire. Puis je pars à la recherche d’un restau où ils servent du riz. Je trouve mon bonheur pas très loin. De plus, le riz est servi dans ces récipients en osier que beaucoup emporte en bandoulière pour déjeuner le midi. Une assiette de légumes cuits à la vapeur accompagnera le riz. Ce sera parfait pour mon estomac patraque et en vrac.

Je rentre vers 13h00 pour faire une grosse sieste. Cette fois-ci, je ne mets pas le réveil. La chaleur est tellement étouffante que je ne vais pas aller me balader maintenant. Mon site de météo indique 36°C à l’ombre. Au soleil, c’est du +40°C. D’ailleurs, mon ami Loïc, que j’ai eu au téléphone hier avant qu’il ne reparte au Brésil son pays de coeur, m’informait que l’Asie du Sud-Est était sous la canicule. Cela promet pour les jours qui viennent. Vers 16h30, alors que le soleil entame également sa descente, je pars me balader en ville. Je me dirige d’abord vers la rivière Xe Don qui se jette dans le Mékong à Pakse. Comme souvent, les rives ne sont pas exploitées.

Puis je me dirige ensuite au temple de Vat Kang. J’y rencontre 2 amis d’une quarantaine d’années, dont l’un est professeur, qui viennent faire signer des papiers au bonze. Ils me veulent me le présenter pour que je puisse discuter anglais avec lui. Mais le bonze a d’autres chats à fouetter que de discuter avec un farang. Après m’être pris un vent, je fais le tour de l’ancien temple posé sur un plan d’eau.

Je reviens ensuite vers le centre. Au passage, je tombe à nouveau sur ce panneau de prévention contre l’usage et la vente de drogue. Contrairement à la Thaïlande où le cannabis est en vente libre, ce n’est le cas dans les autres pays asiatiques.

Alors que je me dirige vers le marché, je tombe à nouveau sur ces vendeurs de tombola. Il y en a partout en ville. D’ailleurs, quand je suis sorti, certains étaient en plein soleil sans parasol à vendre leur ticket. J’ai essayé de savoir quel était le but de l’opération mais sans succès.

Je finis mon tour en me baladant dans le marché couvert. Je suis le seul occidental dans le coin. Ma présence ne passe vraiment pas inaperçue. D’autant plus que, vu ma taille pourtant dans la moyenne par chez nous, je dépasse tout le monde. Alors ce soir au menu, je vous propose soit des grenouilles dans le saut rose (ou des crapauds dans le bleu ciel à terre) avec de la salade …

… soit une tête de cochon (au centre sur la table) accompagnée de manioc, courge et mangue,

… soit du varan (dans la bassine bleue à gauche) ou du poulet accompagné de quelques insectes (à droite sur la table).

Quant à moi, ce sera light. Je m’achète quelques gâteaux à base de riz puis rentre au bercail alors que le soleil se couche. La journée se termine au frais après cette belle traversée du plateau des Bolovens. Demain, il me faudra à nouveau partir tôt vu qu’une grosse journée m’attend pour rejoindre le seul hébergement trouvé sur la route qui me ramène vers le Mékong.