J151 – samedi 29 avril – Thakhek / Nakay

Le samedi, c’est comme le vendredi : réveil aux aurores. Alors que 6h du mat’ vient juste de sonner aux cloches du temple protestant, je suis déjà prêt à partir pour cette nouvelle étape. Je quitte Southida GuestHouse, urbain et air cond’ sans les cons. Aujourd’hui, comme hier, je n’ai pas besoin de tracer ma route. Je n’ai qu’à suivre la route 12 qui mène à la frontière vietnamienne sans oublier tout de même de bifurquer vers Nakay. Cette ville est située dans les montagnes au pied du plus grand lac laotien Nam Theun 2.

En sortant de cette grande ville, je double des moines bouddhistes partant récupérer des offrandes à travers leur quartier. Ici, c’est une vieille femme qui leur offre du riz. En remerciement, elle aura droit à un mantra récité par ces 4 jeunes moines. Je remarque qu’il marche pieds nus mais, par contre, ne sont pas rasés donc pas encore ordonnés. En effet, dans le bouddhisme, le rasage de la tête et du visage fait partie de la Pabbajja. C’est le moment où une personne quitte sa maison et “sort” pour vivre la vie d’un renonçant bouddhiste parmi les moines ordonnés. Il s’agit d’une étape primordiale pour devenir moine. La tonsure d’un moine bouddhiste est pratiquée de manière routinière afin de garder la tête proprement rasée. Se débarrasser de ses cheveux est un symbole de renoncement à l’égo mondain et à la mode.

A ce sujet, je vous conseille la lecture du livre de mon oncle Marc intitulé « La beauté à l’image de soi ». (La beauté à l’image de soi). Il est le 4è de la fratrie de 5 enfants de mes grands-parents maternels : Marie-Renée (appelée Marinette) ma maman de 86 ans alzheimerisée et momifiée, Jean-Maurice prof de maths et physique à la retraite, André (appelé Dédé) directeur commercial à la retraite et vivant une partie de l’année à Pattaya, Marc coiffeur et morphopsychologue et Geneviève infirmière en gériatrie à la retraite. Marc a créé son 1er salon à Nantes. A cette époque, il coiffait les anciens joueurs du FC Nantes tel Henri Michel, JP Bertrand-Demanes, José Touré, … Adolescents, nous allions voir les derbys contre Angers et Saint-Etienne à Saupin. Je pense que son coeur va vibrer ce soir lors de la 107é finale de la Coupe de France entre nantais et toulousains. Il a ensuite découvert la morphopsychologie et a créé par la suite la morphocoiffure qu’il enseigne maintenant à travers la France. Et, pour en terminer et faire la liaison avec mon texte, mon grand-père était boulanger. Boulangerie que je trouve en sortant de la ville où je vais y acheter une brioche fourrée à la pistache en guise de p’tit déj’.

J’emprunte donc cette route nationale 12 qui mène à la frontière vietnamienne distante, comme l’indique cette borne, de 142 kms. Comme je le répète souvent, ces routes nationales sont dangereuses. De nombreux camions y circulent à tombeaux ouverts (expression hélas justifiée par l’anecdote contée par Chris&Henriet lorsqu’ils sont arrivés sur un accident mortel où un scooter a été embarqué par un camion). Là, ces jeunes vachettes, en train de se bagarrer au milieu de la chaussée, l’ont échappé belle. Heureusement que personne n’arrivait en face, sinon il y aurait eu du veau au menu ce midi.

En parlant d’échappée belle, c’est le cas ce matin. Je me dirige en effet vers les montagnes du centre du Laos en suivant ce Thakhet Loop dont je vous parlais hier. En voici d’ailleurs le tracé. Quant à moi, je n’irai que jusqu’à Laksao avant de bifurquer vers le Vietnam.

En effet, la route sillonne dans la vallée à travers des pains de sucre. Le spectacle matinal est de toute beauté. De plus, il fait encore doux. Les conditions sont idéales pour faire de la bicyclette.

Peu après 7h00, je m’arrête dans la grotte de Tham Sa Pha In, une des grottes répertoriées sur ce circuit. J’y accède par un mauvais chemin de terre. Au bout de ce chemin, je suis surpris de ne pas trouver de guérite pour acquitter une entrée. C’est entrée libre. Le site est de toute beauté. La grotte est accessible par les marches en bas à droite qui s’enfonce dans la végétation.

Cette grotte est une grande cavité avec ses stalactites, stalagmites et draperies. Mais il n’y a que la partie du haut qui est accessible. Toute la partie centrale et aquatique que l’on peut apercevoir au fond est interdite. Dommage. Cependant, comparé aux grottes cambodgiennes visitées, il n’y a pas photo.

Je ressors à l’air libre et reprends ma route nationale toujours empruntée par de nombreux camions qui font la navette entre Laos et Vietnam. Je profite quand même de la beauté des paysages, notamment dans les rares hameaux traversés. Par contre, je viens de me rendre compte, en fouillant dans mes poches dorsales, que j’ai oublié de rendre la clé de ma chambre. J’ai fait trop de route pour faire demi-tour. Je vais devoir trouver un participant à ce Loop qui voudra bien me ramener la clé.

Ces paysages de montagnes et de rizières me changent de mes derniers jours mornes à traverser ces immensités désertiques. C’est quand même plus agréable de rouler dans un tel cadre. Au fond, la récolte du riz se fait encore à la serpette.

De plus, j’arrive à trouver un stand boisson où la jeune femme qui le tient me confectionne un délicieux café glacé. Pour le boire, je m’installe dans la fabrique de meubles de ses parents.

Je récupère à nouveau les glaçons que je mélange avec mon eau tiédasse. Et je repars à travers ces superbes paysages avec ces pains de sucre culminant pour certains à presque 800 mètres d’altitude alors que la route n’est qu’à 180 mètres. Le temps passe beaucoup plus vite.

Peu avant 11 heures, je bifurque à gauche dans une autre vallée en direction de Gnommalat. Les camions, eux, continuent leur route vers le Vietnam. Cela devient encore plus calme. Arrivé dans cette bourgade, je m’y arrête au stand Muoc Mia pour y boire un jus de canne à sucre revigorant et frais. Je m’installe à une petite table devant cette jeep stationnée à l’ombre de ce magnifique mimosas (ou qui y ressemble fortement).

Je réitère mon opération pour recharger ma gourde en eau fraiche. Puis je poursuis ma route alors que je ne suis plus très loin en distance du terme de cette étape. Mais je sais qu’un gros morceau m’attend pour finir. En attendant, je longe le lac artificiel de Nam Kathang-Ngai du nom de la rivière qui l’alimente. Cela commence à grimper tranquillement.

Au bout de cette route est construite la centrale hydroélectrique de Nam Theun 2. J’emprunte un pont qui enjambe cette rivière alimentant en électricité toute la vallée. Une borne indique 6 kms pour monter au village de Nakai. Dès le premier lacet, je passe tout à gauche. C’est du brut. Cela grimpe de 570 mètres en 6 kms soit du 9% de moyenne. Les cyclistes montagnards comprendront la difficulté. A plusieurs moments, je suis d’ailleurs obligé de monter en danseuse tellement la pente est sévère. Je dégouline de sueur. Heureusement que j’ai ma gourde emplie d’eau fraîche légèrement sucrée. Comme je monte doucement, j’ai le temps de voir descendre un scooter avec 2 occidentaux dessus. Je leur fais signe de s’arrêter et leur refile ma clé de chambre. Merci à eux pour la commission. Je repars et après un bel effort, je franchis enfin l’arche d’arrivée.

Je suis presque arrivé alors que midi sonne appelle. Il ne me reste plus qu’à trouver un nouvel hébergement. Mais avant cela, je patiente encore un peu. En effet, j’entends le bruit caractéristique du camion rose transportant du lait. Il m’a doublé puis s’est arrêté pour laisser refroidir son moteur. Et là, il arrive péniblement sur le 1er rapport en haut de ce petit col.

Je profite de ce temps mort pour regarder ma carte et repérer les hébergements du secteur. Je me dirige vers le premier qui se trouve au coeur du village. La gérante me fait visiter la chambre sise dans un bâtiment qui semble neuf. C’est superbe. La literie, les draps et les serviettes de toilette semblent neufs. La fenêtre donne sur le terrain de voisins.

Et dans cette chambre, il y a air conditionné, ventilo, armoire, bureau avec chaise, réfrigérateur et TV neuve. Ce qui n’est souvent le cas.

Quant à la SDB, c’est superbe aussi : évier, douche et toilette toute propre avec un beau carrelage. Elle m’en propose 120.000LAK. Je ne vais pas faire comme l’autre abruti d’hier et ratiociner pour quelques centimes d’euros. Comme à chaque fois, je répète mon rituel avant de partir déjeuner d’une soupe aux nouilles (pas de khao !) au poulet. Au niveau bouffe, c’est quand même assez limité comme choix. Puis c’est un bon gros siestou qui m’attend avant de rédiger ces lignes. Vers 16h30, je pars me balader dans le coin. Enfin, je voulais partir me balader dans le coin. Mais vu le ciel menaçant et les orages qui grondent, je préfère ne pas trop m’éloigner. Je pars faire quelques emplettes de bouche puis rentre dans ma belle chambre. Demain, une grosse journée m’attend avec +1000m de dénivelé à grimper.

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