J154 – mercredi 3 mai – Diên Châu / Nghi Son

En ce mercredi 3 mai, c’est bien chaud Nixon ! En clair, c’est reparti mon kiki pour une nouvelle journée de vadrouille. Ce matin, c’est le gérant qui m’apporte en main propre mon passeport laissé à l’accueil ce soir. J’ai tellement la crainte de l’oublier que je me suis fait un pense-bête sur le vélo. De bon matin, la balayette est de sortie. C’est hallucinant ce sens de la propreté devant sa porte et à l’intérieur de son domicile chez tous ces peuples asiatiques alors que, à l’extérieur, la majorité balance toutes les ordures par terre. Les plages sont d’ailleurs aussi dégueulasse que dans le sud.

Par contre, ce matin, mon pneu arrière est à nouveau à plat. Mais j’ai l’explication. J’ai fait regonfler mes pneus hier chez le champion. Le pneu étant gonflé à bloc, le morceau de limaille, inséré dedans, a percé à nouveau légèrement la chambre à air. Ce qui provoque une crevaison dite lente. Je regonfle à bloc avec ma pompe et reprends la direction du nord. Il va vraiment falloir que je trouve une nouvelle chambre à air. Je reprends la route du bord de mer. Je profite du soleil levant alors que des promeneurs matinaux se baladent le long de cette vaste plage.

J’emprunte la petite route qui longe la baie de Diên Châu. Je vais faire un tour sur la plage où sont posées ces drôles de barques de pêcheur à fond plat, avec une couche de polystyrène entre les rangées de bambous. Riche idée d’ailleurs. La plage, en plus des déchets, est couverte de morceaux de cette saloperie.

J’arrive au fond de la baie qui donne dans le Golfe du Tonkin. Je m’arrête faire une dernière photo alors qu’un jeune gamin passe avec son vélo. Hier, j’étais médisant en écrivant qu’ils roulent tous en scooter électrique. Il y a encore quelques irréductibles, ou, probablement des parents plus modestes.

Avant de basculer de l’autre côté de cette baie, j’emprunte un pont qui enjambe un bras de mer. Alors que le pont se rapproche, un pêcheur étend ses filets tout en manœuvrant sa barque avec son pied. Je reste un moment à regarder cet exercice de dextérité.

Je reprends ma route. Il est déjà 8 heures. Le temps passe beaucoup plus vite sur ces bords de mer où il y a toujours quelque chose à contempler. Par contre, mon p’tit déj’ matinal composé du reste de mon gâteau de riz, est déjà loin. J’ai dû parcourir une trentaine de bornes. Il faut recharger les batteries. Je traverse un petit marché dans le village animé de Quynh Thuan situé sur la pointe de cette baie. Une vendeuse de fruits propose des bananes. Je m’arrête et lui demande le prix pour un régime sur lequel il doit y avoir une vingtaine de bananes. C’est 20.000VND. Je lui demande alors, comme à chaque fois, de me le couper en deux vu que c’est beaucoup trop volumineux pour moi tout seul et mes sacoches pleines. Et, évidemment, ce n’est pas simple. Finalement, pour ce faire, elle récupère le couteau de sa voisine bouchère. Je prends ma moitié de régime et lui tends un billet de 20 vu que je n’ai pas l’appoint sur 10. J’attends qu’elle me rende 10. Logique. J’attends. Rien. Je rigole et lui prends l’autre moitié. Elle se met à rire aussi et me tends alors un billet … de 5.000VND ! Pour ce mémorable sketch, j’ai droit à une photo à 5.000VND.

Après m’être approvisionné en solide, j’aimerais bien boire mon café matinal. Mais, bizarrement, je n’ai rien trouvé avant et je ne trouve pas grand chose après. Avant de sortir de cette pointe, je m’arrête devant un stand tenu par une charmante femme et son frère en situation de handicap mental. Je lui demande où je peux trouver un Ca Phé dans le coin. Cela tombe bien, elle en propose ! Ses enfants et sa maman arrivent alors pour mater le cinglé de Pháp (français) à vélo. Par contre, je ne sais pas à quoi correspondent tous ces noms sur le tableau rouge derrière elle.

Après ce moment fort sympathique, je repars n longeant le fleuve Hau River. Je longe les quais où sont amarrés de nombreux bateaux de pêche toujours aux mêmes couleurs bleues. Au vu des rampes de lampes au-dessus des cabines de pilotage, j’en déduis qu’ils pêchent de nuit au lamparo comme ils disent en Méditerranée.

Une fois traversé ce fleuve, je longe maintenant ce que je pense être des parcelles partagées à l’abandon pour de la culture maraîchère avec des serres vitrées basses. Mais, en me rapprochant, je me rends compte qu’il s’agit de marais salants avec de toutes petites parcelles de salanisation. Étonnant.

En traversant à nouveau ce fleuve, je passe sur un pont au-dessus d’un parc ostréicole. Une fois les huîtres ramassées, les femmes, toujours en position accroupie, nettoient les coquilles d’huîtres avec un petit marteau. J’en observe une mais n’ose l’interrompre et la prendre en photo tellement ce labeur est fastidieux. Les fils noirs ne sont pas prévus pour faire passer un chariot afin d’amener plus facilement les huîtres. Il s’agit tout simplement de câbles électriques et téléphoniques tendus au-dessus de l’eau.

Je traverse maintenant le village de Quynh Nghia. Je suis toujours à l’affût d’un réparateur de vélos pour trouver cette fameuse chambre à l’air. Je déniche un petit atelier où une femme répare justement une crevaison sur un antique vélo. Je m’arrête à nouveau. Je sors mon texte préparé sur mon traducteur. Son mari comprend ma problématique et part dans son stock. Mais il revient, lui aussi, bredouille. Décidément. Comme il a l’air de s’intéresser à mon parcours et à ma tenue (dont il me demande le prix), je lui montre quelques photos de mon atelier et de mes vélos remontés. Il m’emmène alors dans son arrière boutique pour me montrer son vélo de course et un vieux vélo Peugeot. En me montrant son coursier, il me fait comprendre qu’il a mal aux fesses en roulant avec son short sans peau de chamois. D’où sa question sur le prix de ma tenue BMC. Je quitte ce charmant couple de vélociste et reprends mes pérégrinations.

J’arrive maintenant dans la baie de Hoang Mai. Je me dirige vers la route côtière. Je fais un nouvel arrêt sur la plage de Quynh Nghia. Les vacances de la Fête de la Réunification sont terminées. A part cette barque bleue, il n’y a personne sur cette longue plage toujours aussi dégueulasse.

Je longe cette baie au plus près. La petite route bétonnée n’est séparée de la mer que par une bande de pins formant un paysage étrange.

De l’autre côté de cette route sont implantés de nombreux élevages de crevettes. Cependant, j’aperçois un panneau avec inscrit dessus « Ca Phé » et d’autres mots dot je ne comprends pas la signification. Je m’y dirige. De nombreux scooters sont garés sur le parking alors que ce lieu est au milieu de nulle part. L’endroit et le patron sont effectivement fort sympathiques. Je m’installe à un petit tonneau jaune et commande mon café da. Puis j’assiste à la répétition de pom-pom girls plus tout jeune répétant des chorégraphies. Pendant leur pause, elles reviennent s’installer juste à côté de moi. La conversation s’engage pendant qu’elles se restaurent de fruits qu’elles me partagent gentiment.

Alors qu’elles reprennent leur répétition, je les salue et pars à nouveau comme un vieux loup solitaire. Je longe à nouveau cette baie avant d’arriver devant un éperon rocheux qui la ferme. Je vais devoir le traverser vu qu’aucune route ne permet d’en faire le tour par la côte.

Par contre, une fois parvenu de l’autre côté de cette pointe, le décor change brutalement. Je descends vers une immense site pétrochimique avec le plus grand port vietnamien de Cáng Nghi Son. Autant dire que je traverse cette zone sans m’arrêter. Comme il est déjà midi passé, j’attends d’être sorti de ce merdier pour me poser dans un « snack-café » à la sortie de Hai Thuong. J’y déjeune du plat unique : spicy noodle. En sus, j’ai droit à 3 saucisses grillées. Bien que légèrement ballonné, je repars à fond les ballons vent dans le dos !

Je n’ai pas envie de rester dans ce sinistre coin. J’aimerais sortie de cette baie industrielle. Donc je taille la route en écoutant Led Zepp’ à donf’. Cela me file trop la patate. Vers 15h00, j’arrive à Nghi Son, à l’entrée de l’autre baie, par de grandes voies routières. Je retrouve le bruit et la fureur des véhicules klaxonnant sans arrêt. J’aimerais me rapprocher de la côte mais je n’ai repéré qu’un seul hôtel distant de 4 bornes. Si cela ne le fait pas, je devrais soit longer la côte jusqu’à je ne sais ou revenir en ville. Finalement, je prospecte en ville. Je me résous à prendre un Motel à un prix un peu plus élevé que d’habitude. Je suis naze. J’ai vraiment envie de poser les sacoches.

Je finis l’après-midi sans sortir. Je ne mets le nez dehors que pour aller m’acheter ma bière-récompense. Trop de bruit. Trop de monde. Trop de bagnoles. Fin de cette 105è journée ô combien contrastée avec le passage des 7.000 kms.

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