Ce matin, je fais grasse mat’. J’ai donné RDV à 7h00 à mon jeune loueur de scooter. Mon léger baluchon est déjà prêt. Je n’ai plus qu’à prendre ma douche, m’habiller et descendre mes sacoches à l’accueil. Malheureusement, comme hier, il pleut. Le ciel est couvert. Le crachin tombe. Tant pis. J’enfourche Haka2 pour me rendre chez le loueur et récupérer ce scooter Honda Blade aux couleurs du Stade Toulousain évidemment.

Hier, avant de le louer, j’avais quand même fait un essai vu que c’est un scooter à 4 vitesses. Et cela fait vraiment un bail que je n’ai plus conduit un 2 roues motorisés à vitesse. Mais, comme le vélo, cela ne s’oublie pas. Je récupère l’engin après avoir déposé mon passeport en caution. Je file ensuite dans un café après m’être acheté de quoi déjeuner. Je patiente en espérant que la pluie cesse. En désespoir de cause, à 8h30, je prends la route sous le crachin. Après avoir suivi la rivière et la vallée pendant une trentaine de kilomètres, la route s’élève sévèrement. En sortant de la ville, la pluie a cessé. Par contre, la température est fraiche. Le paysage est à couper le souffle.

Je grimpe mon 1er col de la journée. Beaucoup de passage sont indiqués à 10%. Heureusement que je n’ai pas pris l’option 2. D’autant plus qu’on grimpant, je retrouve les nuages et la pluie. Heureusement, j’ai mon ciré jaune et une tenue de pluie fournie avec le scooter. En partant de 150m d’altitude, je grimpe déjà à 600m. Je passe au-dessus du village de Mhin Tan.

Après être passé au col, je bascule dans la descente vers la ville de Tam Son. J’ai également bien fait de prendre mes lunettes de soleil qui me protège du vent et de la pluie. Comme les rares villes que je vais traverser dans cette journée, elles sont construites dans de petites vallées. Les cultures y sont nombreuses.

En 2 jours, je suis passé de la Baie d’Halong avec ces pains de sucre perdus dans l’immensité bleutée. Là, je retrouve aussi des pains de sucre mais disséminés cette fois dans l’immensité verdoyante.

Je m’arrête en ville boire un bon café chaud. L’espace café se trouve au 1er étage. Je survole les cuisines où de bons plats mijotent. Je serais bien resté déjeuner ici. L’atelier est nickel et les plats ont l’air succulents.

Mais je reprends ma route pour filer encore plus au nord. Je quitte cette vallée traversée par un torrent vert émeraude. J’attaque le second col.

Je me dirige maintenant vers Quan Ba. La route grimpe à nouveau pendant de nombreux kilomètres. Des hameaux sont éparpillés dans ces montagnes sauvages. Autour de ces hameaux, le moindre recoin est cultivé en terrasse. C’est impressionnant.

Dans ces hameaux ou bourgades, d’énormes bassins sont construits comme réserve d’eau. Vu comme c’est vert, il ne doit pas en manquer.

J’arrive en haut du second col. Du haut de ces cols, je me rends compte que les vallées sont hyper encaissées.

Les nuages effleurent les sommets environnants qui culminent à plus de 1.500m d’altitude. Je ne pense pas que je verrais le soleil aujourd’hui. Cela n’a pas l’air de se lever. Malgré cela, je me régale de ces paysages sauvages. En parlant de régalade, j’arrive dans la ville de Yen Minh où je m’arrête déjeuner dans une gargote. Je suis surpris d’ailleurs par le nombre de gargotes quand je traverse ces villes. J’en choisis une au pif. Je suis seul. Je demande à la patronne du riz frit. Elle m’apporte un riz festif accompagné de morceaux d’omelettes, porcs, poulets frits.

Et, comme je suis tout seul et qu’aucun autre client n’arrive, j’ai droit aux fonds de gamelle. J’ai un sac plastique avec moi. Je le remplis pour mon dîner. Quel festin ! Je repars repu. Près avoir quitté cette ville, je traverse la bourgade de Truong où c’est la truie qui va devenir festin. Tout est en place pour la boucherie. Le bourreau, en haut à gauche, attend l’ordre d’exécution. La truie se débat mais sans échappatoire. Je la laisse à son triste sort.

Un peu plus loin, c’est un spectacle beaucoup moins sordide que je regarde. Une jolie femme Hmong promène son buffle albinos en laisse. C’est la première fois que je vois un buffle de cette couleur rose cochon (j’ose) aux sourcils blonds. Il a presque l’air de poser pour la photo.

Je quitte cette bourgade cochonne et reprends la route qui s’élève à nouveau. Je double une femme qui part au champ de maïs, culture principale par ici, d’un pas décidé. Que la vie doit être rude dans ces contrées humides et montagnardes.

Alors que je grimpe vers ma destination finale sur cette route à flanc de montagne, j’aperçois des bourgades perdus dans des fonds de vallée. Les flancs de montagne ont été, ici, ratiboisés pour de nouvelles futures cultures en terrasse. Alors que, en fond de vallée, les rizières s’étendent au pied de la bourgade.

Je me rapproche de ma destination finale. Je traverse la bourgade de Sung La. De nombreux scooters sont rangés en épi devant une maison. Je ralentis. Devant cette maison se tient une grande tablée, les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. Je stoppe. Je zoome sur ces femmes Hmong revêtues de leurs plus beaux atours.

D’eux d’entres quittent une des tables et traversent la route. Les Hmong (ou Mong ou Miao en vietnamien)sont un groupe ethnique d’Asie du Sud, présent au Sud de la Chine, et au Nord de tous les pays de l’Indochine au sein d’une région appelée Zomia. Ils sont plus d’un million à vivre dans les montagnes du nord de la Thaïlande – j’étais déjà allé dans un village Hmong au-dessus de Chiang Mai – , du Laos et du Vietnam. L’ethnie Hmong est divisée en groupuscules locaux nommés par des couleurs (blanc, fleur, rouge, noir, vert et miao) qui se rapportent à leur vêtement.

Après cet intermède coloré, je repars sur ma route montagnarde. Au milieu de nulle part, je double une gamine qui chemine le long des balustrades. Je lui demande la permission de la photographier. Elle acquiesce mais parait toute timide devant ce vieil occidental sur son scooter.

Plus loin, c’est un vieille femme qui attire mon regard alors qu’elle ramasse des choux (ou des mauvaises herbes ?) entre des pieds de jeunes maïs.

Je repars et double une femme alors qu’elle ramène un chargement de feuilles et branches dans son sac à dos. Décidément, je ne vois que des femmes au boulot dans les champs. Et les messieurs, ils sont passés où ?

Peut-être rejoint-elle ce hameau, sis au pied de ce pic, un peu plus haut sur la route ? Mais, je me répète, que les conditions de vie doivent être difficiles. L’altitude est à plus de 1.200 mètres.

J’approche de la bourgade de Dông Van. Je ne suis qu’à quelques encâblures de la frontière chinoise. Un panneau signale d’ailleurs que je rentre dans cette zone frontalière. Je n’ai jamais été aussi prêt de la Chine, pays qui ne m’attire pas spécialement au vu du comportement de ses ressortissants croisés dans ces pays d’Asie du Sud-Est.

Je touche presque au but. Je m’arrête à nouveau pour admirer ces plantations en terrasse avec ces pains de sucre en toile de fond. Je ne regrette vraiment pas ce périple à scooter dans ces montagnes du nord-Vietnam. Et je ne regrette pas non plus ce choix de déplacement. A vélo, cela aurait été vraiment compliqué. A moins d’y passer une grosse semaine …

Vers 15h30, j’arrive en périphérie de Dông Van. Les deux premiers HomeStay sont fermés. Le troisième est le bon. Je suis accueilli par un charmant monsieur … en train de passer la serpillère dans sa belle maison. J’ai trouvé où sont les messieurs ! Cette famille occupe le RDC. Quelques chambres sont loués à l’étage. C’est parfait pour ce soir. Je me pose et fais un gros siestou avant de descendre en ville un peu plus bas. Je trouve un joli café où je déguste un délicieux et réconfortant café-cacao bien chaud. Je me pose pour écrire ces lignes avant de remonter dans ma chambrette alors que la nuit tombe et que la température est de 17°C.

Une fois rentré, je fais la connaissance de la jeune Mee, 8 ans, parlant anglais et qui me semble bien délurée ainsi que de sa maman rentrant du travail. Je me retire dans ma chambre alors qu’il semble y avoir une fête dans la maison d’a-coté. La musique donne et les portées de toast s’enchaînent. J’espère qu’ils ne vont pas faire la fiesta trop longtemps; je n’ai pas pris mes boules Quiès.
Fin de cette magnifique journée, malgré la météo, à scooter avec 142 kms au compteur, 4063D+ et 3114D- (une belle étape du Tour de France).