Réveillé à la même heure matinale, j’essaie de me rendormir. Ce matin, je n’ai pas besoin de partir aux aurores. J’émerge à nouveau à 7h00 alors que les voisins reprennent la fiesta en écoutant des chansons italiennes ! Cela fait bizarre. A 7h20, je quitte ce HomeStay alors que la maison est vide. Je n’ai même pas l’occasion de remercier mes hôtes. Tant pis.

Je m’arrête en ville pour m’y acheter un casse-croûte et un gâteau à la banane. Je me pose sur un banc devant l’école secondaire pour casser la croûte. Je suis au point le plus au nord de mon périple asiatique. La frontière chinoise forme un chapeau chinois au-dessus de Dông Van. La ville de Lūng Cú distante de ?? Kms d’ici est l’endroit le plus au nord du Vietnam. Cette ville est prévue sur le Loop à scooter mais il faut 1 jour de plus. Je quitte donc Dông Van pour redescendre au sud.

Ce matin, le ciel était légèrement voilé. Mais ça se couvre à nouveau sur les sommets. Par contre, bonne nouvelle, il ne pleut pas. Les paysan.nes sont déjà dans les rizières.

Après avoir quitté cette vallée et la ville, je grimpe à nouveau dans les montagnes. La brume a fait place au brouillard. Je n’y vois pas à 10 mètres. Je remets le poncho par-dessus mon ciré jaune pour me protéger de l’humidité et couvrir aussi mon pochon contenant mes quelques affaires.

Après l’ascension et la descente de cette montagne, j’arrive dans la vallée et ville de Meo Vac. Les maisons sont identiques et alignées le long de la grande rue principale. De même, un porche a été érigé devant chaque maison. Comme partout dans ces contrées, la vaisselle est faite à la main sans produit dans des bassines. L’eau est réutilisé pour l’arrosage. Il n’y a pas souvent l’eau courante. Et c’est comme cela qu’on s’aperçoit que l’eau s’écoule vite. L’eau est un bien précieux. Après des décennies de gaspillage, nous commençons seulement à nous en rendre compte avec le dérèglement climatique et les sécheresses qui frappent nos régions occidentales. Il est temps ! Quant au vieux monsieur avec ses vêtements traditionnels, j’ai l’impression, illusion d’optique, qu’il se balade avec le drapeau vietnamien.

Une fois arrivé dans le centre, je me trouve un petit bar sympa où déguster mon café matinal. Deux motos de marque russe, me semble-t’il, décore ce café.

A la sortie de la ville, un stade antique est niché à l’abri des montagnes environnantes. Les nuages noirs accrochent les sommets. J’espère que cela va se maintenir sans la pluie.

Par contre, je ne poursuis pas ma route sur la QL4C que j’emprunte depuis le départ. Je bifurque sur un réseau de petites routes encore plus sauvages. Je me dirige au sud-ouest vers la ville de Mâu Duê. En grimpant un nouveau col pour changer de vallée, je me retourne pour voir une dernière fois la ville de Meo Vac.

Je retrouve à nouveau ces paysages grandioses. Je dois avouer que, de circuler dans un tel décor, me noue le bide d’émotion. Oui, je sais, je suis un garçon sensible. Cela me fait le même effet que lorsque j’écoute une symphonie de Beethoven, je contemple un tableau de maître, je tombe amoureux, je quitte mes enfants pour un long moment, … etc …

Cependant, la route DT176 empruntée s’avère être en travaux. Et, c’est du lourd. De gros engins de chantier agrandissent cette route avant de refaire le revêtement. Alors que j’avance prudemment, qu’elle n’est pas ma surprise de voir un gars à vélo dans ce chaos. Évidemment, je m’arrête pour m’enquérir de sa présence. Il se nomme Roger (prononcé Rodgeur) et, comme le célèbre tennisman retraité qui fédère la nation, il est suisse. Il se balade à travers le Vietnam. Comme il a du temps, il a opté de faire ce circuit à vélo. Mal lui en a pris vu l’état de la route après ce passage déjà ô combien merdique. Je lui souhaite bon courage et bon voyage.

Je continue ma route défoncée avant de m’arrêter au prochain village prendre cette petite famille Hmong en photo devant l’épicerie locale.

Après ce village, la « route » redescend à nouveau. Enfin, ce n’est plus une route, c’est une piste boueuse où il vaut mieux éviter de se vautrer. Sinon, c’est bain de boue gratis assuré. Comme il m’arrive de mettre pied à terre pour prendre un photo ou m’équilibrer, je ne vous explique pas l’état de mes sandalettes de moine et de mes pieds.

Et cela dure pendant quelques kilomètres. Les Hmong continuent, eux, à cheminer à pied sur cet axe difficilement praticable. Je pense à Roger avec son vélo dans ce bourbier. J’espère qu’il va faire demi-tour et reprendre la route QL4C.

Et, heureusement, que la circulation n’est vraiment pas dense. D’ailleurs, quand je croise un véhicule, je plains également son chauffeur tellement c’est compliqué de rouler sur cette piste.

Après avoir passé ce gros chantier, je retrouve une route défoncée mais sans bourbier. Je peux, à nouveau, contempler le paysage en toute quiétude.

Et, je peux aussi admirer les costumes de cette maman avec sa fille qui arrive du village plus bas. Je leur demande si elles veulent bien poser pour moi. Elles acceptent avec le sourire. Pour vous remercier, je vous mets en avant sur ma page de garde.

Arrivé à ce village de Sung Mang, c’est à nouveau le chantier. Comme la route est trop défoncée, je suis obligé de me faufiler entre les cochons tenus en laisse par ce vieux monsieur et les gars du chantier.

En sortant du village, je retrouve la tranquillité et ces beaux paysages avec les cultures en terrasse. Des sentes sillonnent ces montagnes pour permettre aux Hmong de se rendre à pied dans leurs parcelles. J’imagine le boulot que cela a dû représenter de défricher ces collines et de construire ces terrasses.

Je poursuis mon cheminement en empruntant cette route à flanc de montagne dans ce décor toujours aussi grandiose …

… avec, parfois, des hameaux disséminés au milieu des plantations de maïs.

J’arrive en vue du village de Sung Trai lorsque je vois une maîtresse avec ses élèves se baladant en bord de route. Nouveau stop photo. A part la maitresse qui est souriante, les enfants semblent pour le moins dubitatifs. Malgré mes grimaces, je n’arrive pas à les dérider.

Je dépasse ce village et continue ma lente progression. Je m’imagine à vélo comme Roger. A défaut de pédale, c’est la folie qui aurait été douce.

Entre les paysages et les personnages, j’ai mon iPhone qui chauffe. Ce matin, comme mon iPad est dans mon pochon en sac à dos recouvert par la cape de pluie, c’est un peu compliqué de le sortir à chaque fois. J’utilise donc mon iPhone comme appareil photo. C’est plus simple notamment pour photographier ces femmes en train de bêcher autour du maïs plané entre ces roches noires. Ils sont fous ces Hmong !

Je repars mais pas pour longtemps. Maintenant, ce sont deux gamins rentrant de l’école que je croise sur mon chemin.

J’aimerais bien savoir ce que se cache derrière ces regards. Me prennent-ils pour un voyeur, un colonisateur, un usurpateur ou d’images un voleur ?

Je poursuis ma roue avec cette interrogation. Le paysage défile devant mon regard. Je dois avouer que j’ai fait du ménage dans les photos prises. Mais je vous présente celles que je ne peux effacer. L’émotion et toujours aussi forte devant ces paysages contrastés.






Au loin perdu dans les nuages, le Nui Phu Tha Ca culmine à 2.276 mètres.

Et puis, à nouveau, un personnage surgit du paysage. Ici, c’est une vieille femme cheminant pieds nus, chargée de feuilles de maïs. Cette image aussi me noue le bide.

D’ailleurs, en parlant de bide, j’ai faim. Désolé pour cette pauvre transition. Je m’arrête déjeuner dans le village de Lung Ho. Ce midi, ce sera un saladier de riz blanc, lardons braisés, choux et soupe de choux. Du simple. Du rural. Du costaud. J’ai encore de la route à tailler.

En sortant de ce village, je retombe sur de nouvelles pistes boueuses. Et, après quelques kilomètres de patinage artistique, je m’aperçois que ma jauge d’essence est au plus bas. A force de contempler paysages et personnages, de me concentrer sur ornières et , de rouler à vélo aussi, j’ai zappé complet la problématique essence.

Je compte les bornes kilométriques qui mènent à la prochaine ville de Du Gia distante d’une vingtaine de bornes. Cela ne va pas le faire. Je vais devoir m’arrêter quémander de l’essence dans une ferme. Je traverse alors le hameau de Minh Son. Et, « comme tout se fera », je déniche une gargote avec quelques bouteilles sur un présentoir. Je m’arrête. Une toute jeune femme regarde son portable. Son jeune fils et le papa dorment dans le lit à côté de la boutique. Je lui demande si mon scooter peut boire une de bouteilles du présentoir. Elle acquiesce. Sauvé.

En sortant du village, j’aperçois au loin des hommes jouant au foot sur un improbable terrain entouré de rizières. Il est déjà 15h00 et j’ai encore de la route à tailler. Heureusement que la chambre est réservée. Je redescends dans la plaine depuis un bon moment. Je ne devrais plus tarder à arriver à la bifurcation.

Je rejoins enfin la route nationale QL34 qui me ramène à la maison. Il me reste une trentaine de bornes. Par contre, j’ai besoin d’un coup de fouet. Je m’arrête dans le village de Minh Ngoc pour y boire un café glacé. J’ai tombé mon ciré jaune. La chaleur toute relative refait son apparition. Dans ce café, la déco de Noël est toujours présente. C’est original comme déco : photo avec la jeune patronne derrière son bar.

Je taille la route à toute berzingue. C’est relativement plat et ça tournicote. Comme j’ai bien en main mon engin, je mets les gaz. A 17h00, je reviens à mon point de départ de Há Giang. Je rends le scooter à son jeune propriétaire. Si un jour vous voulez faire ce trip, je vous le recommande. Mais, comme moi, mon iPhone fatigue. il va être temps de rentrer dans mes pénates.

Ce soir, ce sera casse-croûte au diner. Et gros dodo avant de retrouver Haka2 demain matin. Fin de cette longue, harassante, usante mais ô combien inoubliable journée dans ces magnifiques montagnes et avec ce courageux peuple Hmong du Vietnam du nord. Avec 165 kms au compteur, 4190D+ et 5240D-. Au total de ces 2 jours, cela fait quand même 300 bornes et 8.250 mètres de dénivelé positif et négatif !!!