J163 – jeudi 11 mai – Da Hiang / Phô Ráng

En ce jeudi 11 mai, je retrouve mon rituel vélocipèdique : réveil à 5h30, douche, habillement en tenue BMC qui sent bon la lessive, prépa sacoche, chargement magazines, départ à 6h00. Maïs avant cela, j’ai oublié de dédicacer ma superbe journée d’hier à ma belle-sœur Florence, épouse de mon grand frangin Yves-Marie, qui fêtait son anniversaire ce 10 mai. Je ne dévoilerais pas son âge mais je peux juste préciser qu’elle sera à la retraite fin juin. Nous fêterons ces 2 événements le week-end du 14 juillet dans le cadre du festival international de Woodstock à Ampus avec, entre autres, leurs 2 fils musicos Valérian le guitariste et Hugo le batteur. A ce sujet, et pour en revenir aux émotions d’hier, je dois avouer que mon grand et chevelu neveu guitariste m’en file pas mal lorsqu’il joue son solo de guitare du légendaire « Starway to Heaven » de Led Zepp’. A bon entendeur …

Je quitte donc mon Nhá Nghì après avoir salué mon couple d’hébergeur et regonflé mon pneu arrière ! Le running gag continue. Ce pneu est encore dégonflé, pas à plat mais dégonflé. Je changerais la chambre à l’air à l’occase. Je file juste à côté pour aller voir ma boulangère préférée. Je commande comme d’hab un Bành Mí et un croissant roboratif.

Puis je traverse à nouveau la ville vers l’ouest, trajet que j’ai dû faire une dizaine de fois à vélo et à scooter depuis mon arrivée à Da Hiang, pour récupérer la route nationale QL2. Je taille en direct et sans fioriture. Je rappelle que je dois être à la frontière Vietnamo-Laotienne avant le 15 mai minuit (ou avant en fonction de l’heure de fermeture). En suivant la route nationale QL2 puis QL279, il y a 470 kms (mais surtout 6.000 mètres de D+) à faire en 5 jours. Autant dire que cela va être chaud patate. Pour le moment, je me contente de suivre la rivière Sông Lô.

Le temps est à nouveau couvert. Mais, alors qu’il a dû pleuvoir cette nuit vu l’état de la route, il ne pleut pas. Le bitume est nickel. Le vent me pousse aux fesses. J’enchaîne de longs faux plats montants et descendants. J’avance bon train. Par contre, le trafic est important sur cette route qui mène à la capitale Hanoï via la grande ville de Tuyên Quang.

Vers 8h30, je fais une pause cacafé (cela faisait longtemps !) à la sortie du village de Tan Quang. Et celle-ci est particulièrement attendue. Dans une des salles, les murs sont couverts d’étagères sur lesquelles reposent des bouteilles identiques contenant de l’alcool macérant dans des plantes. C’est quand même plus incitatif que celles avec les bestioles à l’intérieur. Mais je m’abstiens quand même.

Arrivé dans la ville de Viêt Quang, après 60 bornes chiantes sur cette route QL2, je continue tout droit. La QL2 descend vers le sud. J’emprunte dorénavant la route nationale QL279. La circulation devient beaucoup moins intense et le spectacle de la vie beaucoup plus intéressant. Dans le village de Tan Bac, comme dans d’autres de cette vallée, la culture du tabac y est importante. Le séchage se fait ici sur de grandes bâches à même le sol.

Les montagnes autour de ces vallées sont couvertes de forêts primaires qui n’ont pas encore été soit brûlées, soit cultivées. De nombreuses scieries sont implantées le long de la route. Des panneaux très fins de bois sont mis à sécher un peu partout (bas-côtés, fossés, supports, …). J’imagine que c’est pour des entreprises de marqueterie. Je n’ai pas réussi à trouver l’info même en demandant aux autochtones.

Dans cette vallée, comme dans celle d’hier lorsque je suis rentré rapidement à scooter, de nombreuses maisons ont des toits en chaume. Celle-ci est assez modeste avec ses murs en torchis …

Mais la plupart sont superbes. Elles sont construites sur pilotis. L’intérieur doit être sympatoche.

J’avance toujours bon train. Je m’amuse à calculer ma moyenne en déclenchant mon chrono au passage des bornes. Sur le plat, je roule à 23 km/h. A ce rythme-là, j’entre dans la ville de Yên Binh vers 10h30. J’ai déjà parcouru 85 bornes en un peu plus de 4 heures. Je me pose pour faire le point, boire un Nuóc Mia et manger un gâteau roboratif. J’hésite à fumer le calumet de la paix alors que tabac et briquet sont à disposition. Un paysan vient d’ailleurs s’installer en face de moi pour boire un thé, également à dispo, et fumer quelques bouffées avant de repartir avec son buffle en laisse.

Quant à moi, je garde précieusement l’étiquette de mes gâteaux préférés. Comme cela, lorsque j’arrive dans une boutique, je tends directement cette étiquette. Cela m’évite de farfouiller entre tous les paquets de bonbons, de chips et de gâteaux. Comme je suis en avance, je décide de pousser un peu plus loin ma destination finale. Je repars à travers de toujours aussi beaux paysages de rizières et de forêts … un peu dégarnies quand même !

Alors que je viens d’enchaîner mon deuxième petit col de la matinée, je vois ce qui m’attends au loin. La montagne se dresse devant moi alors que les nuages accrochent à nouveau les sommets. C’est toujours aussi impressionnant. Cela me fait le même effet, cette boule au creux de l’estomac, lorsque j’arrive en vue des Pyrénées pour y aller randonner ou raquetter. Une sorte d’appréhension mêlée de plaisir et de crainte.

Après avoir descendu ce petit col, j’entre dans cette vallée au fond à droite et dans le village de Nghia Do. Comme il est déjà midi passé, je décide de m’arrêter déjeuner. A l’entrée de ce restau se trouve une table et des chaises sculptées dans du bois massif. Des animaux sont sculptés aux pieds de la table centrale, du siège-miroir au fond et de certains tabourets. Il faut aimer et avoir ne grande pièce pour accueillir ce mobilier chez soi.

Je commande à nouveau un riz frit poulet servi avec sa soupe aux choux. Une fois mon repas avalé, je m’allonge sur un hamac pour une sieste avant d’attaquer le dernier tronçon de cette étape. ll me reste encore 25 bornes et 800m de D+. Je repars vers 13h00. En traversant ce village, je découvre que beaucoup de maisons ont ses charmants toits de chaume.

Et que, en plus des ces fines planches de bois, certains font aussi sécher des écorces de branches d’arbre. Je ne sais toujours pas dans quel but.

J’entre à présent dans la vallée où se trouve la ville de Phô Ráng. « Et au milieu coule la rivière. » Pour les cinéphiles, cette rivière me fait penser à ce film de 1992 de et avec Robert REDFORD et Brad PITT. Ici, il s’agit de la rivière Sông Cháy.

A 15h30, j’arrive à destination. Je me pose quand même voir si je peux continuer un peu ou pas. Mais j’ai déjà parcouru 130 bornes avec 1.300m D+. Et le prochain hébergement serait à 30 bornes avec un col à franchir. Cela ne me parait pas raisonnable. Je trouve un hébergement en ville et me pose. Le prix est toujours le même : 8€ avec clim. Dans ma belle chambre, je retrouve un mobilier en bois avec table et tabourets sculptés.

En fin d’après-midi, je pars me balader dans le quartier et faire provision de bouche pour mon dîner. Fin de cette journée finalement plus riche en terme de découvertes que je n’espérais au départ.

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