J164 – vendredi 12 mai – Phô Ráng / Than Ûyen

Ce main, je suis réveillé par la pluie vers 4h00 du mat’. Ça tombe fort. Je me rendors et, à 5h30, la marmotte sort la tête. Un jour sans fin. A 6h00, je suis d’attaque pour une rude journée. Je vais franchir quelques cols pour traverser d’est en ouest les chaînes montagneuses qui, elles, vont plutôt du nord au sud.

Comme chaque matin, je traverse la ville qui s’éveille. Ça balaie. Ça tranche la viande. Ça découpe le poisson. Ça prépare les étals de marché. Ça confectionne les Banh divers et variés. Ça chauffe la soupe. Quant à moi, ça prend une photo d’un bloc de béton soviétique avant de m’enfoncer dans les montagnes. Et, évidemment, ça pédale !

La pluie a cessé avant que je ne parte. Le temps est couvert. La température est idéale pour ma petite balade. Le paysage est toujours aussi verdoyant.

Par contre, j’ai bien fait de me poser hier. En effet, après quelques kilomètres relativement plats pour me chauffer les gambettes, j’attaque direct la montée de mon premier col de la journée. Cela monte régulièrement entre 8 et 10%. Je prends mon rythme sans faire monter le cardio. En montagne, il ne faut surtout pas se mettre dans le rouge. Je ne me fie pas trop aux panneaux qui, parfois, sont farfelus voire incompréhensibles comme celui-ci.

Après 45 minutes de grimpette, je bascule dans la vallée pour rejoindre Baò Há. La route est superbe. Dans la montée, les portions à plus de 8% étaient en plaque bétonnée, les autres (beaucoup plus rares) en bitume. Par contre, de nombreux camions empruntent cette route pour rejoindre l’autoroute qui passe Baò Há. Je descends à fond les ballons en doublant camions et voitures qui m’ont doublé en fin de montée.

Malgré cet impératif de date pour sortir du Vietnam, je prends quand même le temps d’admirer le paysage et de faire des arrêts photo. Je ne suis pas non plus à une heure près. Ici, ce sont à nouveau des rizières en terrasse aux couleurs vertes contrastant avec la végétation luxuriante. J’adore.

Et, comme les jours précédents, j’essaie aussi de prendre en photo les autochtones quand ils acceptent, ce qui est pratiquement tout le temps le cas. J’arrive à Baò Há. Une arche marque l’entrée de ce quartier avant de pénétrer dans le centre-ville.

Je repère ces deux mamies avec leurs petits-enfants sur le dos alors que je descends de la route à droite. Je m’arrête. Je sors mon iPad et, avec le sourire toujours, demande si je peux les photographier. Elles acceptent en se marrant comme des gamines. J’adore !

A chaque fois, dans quelques régions que ce soit, je suis toujours étonné par le nombre impressionnant d’enfants et de jeunes. Je ne sais plus qui me disait que le 50% de la population vietnamienne a moins de 25 ans soit 50 millions de jeunes ! Il faut effectivement beaucoup de riz pour nourrir tout ce beau monde. Et ce ne sont pas les rizières qui manquent par ici. Ni le maïs non plus.

Par contre, je n’arrive pas à dégoter un café. J’ai pourtant cherché dans cette ville de Baò Há, notamment au niveau du noeud autoroutier et de la gare (une ligne ferroviaire qui relie le nord-ouest à Hanoï passe également ici), mais je n’ai pas trouvé. On me propose juste des cannettes de café. Finalement, je me résouds à en boire une pour accompagner mon paquet-cadeau acheté ce matin en partant. Ce matin, je n’ai mangé que 2 gâteaux roboratifs pour ne pas attaquer le 1er col sur la digestion. Je découvre un pavé de riz violet qui couvre une pâte gluante contenant des œufs. Parfait avec mon café Boss.

Après ce ptit’ déj’ original, je quitte cette ville alors que la majorité des camions et voitures se dirigent vers l’autoroute. De mon côté, je file toujours tout droit à travers monts et vallées. En sortant de la ville, je traverse la rivière Sông Hóng aux eaux tumultueuses et boueuses.

J’attaque la montée du second col de la journée. La route est cette fois-ci bien défoncée. Mais cela reste quand même praticable. Je passe sous un mont aux 3 sommets qui me rappelle les « 3 quilles » situées au-dessus de Quillan dans l’Aude. Un de mes plus vieux potes Pierre-Gilles, avec qui j’ai fait ma Première et Terminale H (informatique) à Tours et dont la famille habite dans le Loir-et-Cher, avait trouvé du taf, comme contrôleur de gestion, chez Formica. Pour les anciens, cela doit leur rappeler les cuisines de leur jeunesse avec ce mobilier couvert de laminé de toutes les couleurs, mobilier appelé en Formica. A l’époque florissante, Quillan était une ville prospère dont l’équipe de rugby jouait même dans l’élite. A partir de 1980, tout a péréclité . Même Gillou et sa petite famille, ont dû partir trouver du boulot ailleurs.

Pour finir sur ce sujet, j’avais également couru le « Le Trail des 3 quilles » organisé par un de ses voisins à l’époque. J’étais parti en première ligne, avais dû passer dans le trio de tête devant leur maison et avais explosé dans la montée ! Après cette course, je partais beaucoup plus prudemment. En parlant de course, je m’arrête à présent devant ce stand pour goûter le légume oblongue. En fait, il s’agit d’un concombre. Je n’achète pas vu que j’ai du mal à le digérer et que je risque fort d’en manger toute la journée.

Peu après cette pause dégustation, je franchis l’arche d’arrivée de mon second col. Je n’ai plus qu’à basculer prudemment, vu l’état du revêtement, dans la descente et me diriger vers la ville de Khánh Yên.

Dans la descente, je m’arrête à nouveau pour photographier ces paysages de rizières dont je ne me lasse pas.

Un peu plus bas, c’est une femme assise en bordure de route qui surveille son cheval. Je dois dire que je n’en pas beaucoup vu depuis mon départ. Celui-ci refuse de se faire prendre en photo. Vous n’aurez droit qu’à son postérieur.

En milieu de matinée, je traverse la bourgade d’Hoa Mac. Vu le paysage enchanteur, je m’arrêterais bien y faire une sieste dans un hoamac évidemment.

A défaut de sieste, c’est un remontant sucré que je me prends dans le village suivant de Duong Quy. Comme souvent, je partage l’unique table de ces gargotes installées devant l’habitation de la propriétaire.

Après cette pause fraîcheur, je repars mais pas pour longtemps. A la sortie de ce village, la vue est à nouveau splendide. Franchement, même si c’est dur, je me régale à nouveau les yeux. C’est moins sauvage qu’il y a 2 jours. Mais c’est quand même splendide.

Je traverse maintenant la ville de Khánh Yên au fond de cette vallée. J’enchaîne de sacrés tape-culs en la traversant. Cette ville est bâtie sur les contreforts de la montagne. Ça grimpe. En sortant de cette ville, je longe à présent un torrent. La route, construite à flanc de montagne, suit ce torrent pendant un long moment. J’enchaîne de courtes descentes avec des tape-culs à plus de 10%. Il n’y a aucun plat. C’est harassant. Comme beaucoup, je préfère des montées régulières et ces montées étagées. Mais bon, je n’ai pas le choix. Des barrages et de petites usines hydroélectriques sont construites le long de ce torrent. Sur la droite de la photo, vous pouvez apercevoir la route qui grimpe sec à cet endroit.

Il est plus de midi. Je m’arrête dans la 1ère gargote avec le panneau ‘CÓM’ du village de Nam Xe. Par contre, c’est menu unique avec de la soupe. Cela faisait longtemps.

Il me faut repartir sans avoir siesté. Je traverse le village mais ne trouve aucun endroit où me poser. Pas de temple. Pas d’église. Pas de place avec des bancs. Tant pis. La vue en sortant du village est à nouveau superbe.

En traversant le hameau suivant, je repère un banc devant une maison fermée. Je m’arrête pour un siestou réparateur avant d’attaquer le gros morceau de cette étape. C’est le clébard de la maison qui me réveille avant mon alarme. J’aurais bien roupillé 10’ de plus.

Je me secoue et repars. Le ciel est toujours couvert. Quelques gouttes tombent. Mais rien de méchant. Les conditions sont idéales pour grimper. Il est 13h40. Il me reste encore 29 bornes jusqu’à la ville où j’aimerais bien me poser. Mais il me reste un dernier col à franchir.

La montée est toujours aussi irrégulière. Heureusement, les pilotes des scooters qui me doublent ou me croisent m’encouragent. Cela fait du bien au moral. Par contre, il n’y a pratiquement plus aucun véhicule. j’ai la route à moi tout seul ou presque. Sur le côté, des conduites d’eau alimentent une autre centrale. Ces conduites doivent puiser l’eau à la source du torrent plus haut dans cette montagne.

D’ailleurs, la montée devient plus régulière. Ça grimpe dorénavant à plus de 8% mais de façon continue. Je préfère. Je m’arrête à nouveau pour prendre en photo ce troupeau de chevaux sauvages. Comme les Meyrens des Pyrénées, ce sont de petits chevaux trapus.

A 15h00, je parviens enfin au port, comme on appelle le passage d’un col pyrénéen. Celui-ci est particulièrement venté. Je dois être à 1.200 mètres d’altitude, point le plus élevé de cette journée. On aperçoit la route en bas à gauche qui part dans des méandres en suivant la montagne avant de revenir ici.

De l’autre côté, le décor change pour s’ouvrir sur une vaste vallée. Cela sent bon l’écurie. J’entame à nouveau cette descente prudemment. La route est en travaux et, de plus, le vent est particulièrement violent sur ce versant.

J’arrive enfin dans la plaine. La route est à nouveau plate. Je retrouve de la circulation et du monde. Par contre, les paysages sont toujours aussi époustouflants.

Je file bon train jusqu’à Than Ûyen. J’y arrive avant 16h00. Je me pose dans une gargote pour y boire un nouveau Nuóc Mia avant de rejoindre un Nha Nghi situé juste en face. Ce n’est pas terrible mais cela fera l’affaire pour cette nuit. Plutôt que de rester dans ma chambre construite dans un grand hangar, je trouve une café sympa à l’ambiance italienne pour y rédiger cet article.

Puis, vers 19h00, je reviens dans mes pénates après m’être arrêté diner d’un riz frit dans une gargote à proximité. Fin de cette éprouvante journée avec 108 kms au compteur, 3.300D+ et 2820D-

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