J167 – lundi 15 mai – Mùong Àng / Diên Biên Phu

C’est à nouveau la pluie qui me réveille à 4h00 du mat’ alors que je me suis endormi vers 20h30 tellement j’étais naze hier soir. Je me rendors et émerge à nouveau vers 6h45. La pluie a cessé. Je peux me lever et me préparer. A 7h30, je quitte ce tristoune Nhá Nghi pour ma dernière journée au Vietnam … si tout se passe bien.

Je n’ai pas à faire beaucoup de chemin pour trouver mon p’tit déj’. Après avoir rejoint l’artère principale, je passe devant le lycée. Comme devant tous les établissements scolaires, des marchandes ambulantes vendent bonbons, boissons et nourritures. Je m’arrête devant le stand nourriture pour y acheter du riz gluant légèrement sucré accompagné d’arachides écrasés. C’est parfait pour l’effort qui m’attend. Je m’arrête un peu plus loin pour engloutir mon sachet.

De bon matin, j’attaque les préliminaires. Je vais grimper le col de l’utérus. Tout est encore humide. Je pénètre pourtant difficilement dans ce massif touffu. C’est pourtant mouillé de partout. Je grimpe. Je me déhanche. J’avance péniblement.

Après environ 1h de grimpette, 7kms et 560D+, j’arrive enfin à mes fins et en haut de ce col qui culmine à 976 mètres. J’attaque maintenant la descente en palier comme indiqué par le panneau.

La vue sur l’autre versant est superbe. Je me croirais presque en avion à survoler les nuages et la Terre.

Je traverse quelques hameaux. Dans l’un d’eux, je m’arrête acheter un sachet de prunes. Un peu plus loin, je suis attiré par le présentoir de cette belle vietnamienne à la doudoune blanche. On dirait des brindilles de plastique. Je lui demande ce que c’est. Ce sont des nooddles tout bêtement.

C’est un peu volumineux. Je ne peux lui en acheter. Je repars et reprends ma descente en palier en suivant toujours la route QL279. Je fais un nouvel arrêt devant un monument de commémoration de la Guerre d’Indochine.

Après avoir parcouru 40 kilomètres, j’arrive en périphérie de Diên Biên Phu. Je m’arrête boire mon café matinal et repérer où se trouve le Musée de la Guerre. Je reprend la route et m’y dirige. Mais avant cela, je vais contempler la ville du haut de ce promontoire d’une des 3 collines stratégiques où se sont déroulés les combats pour la prise de la ville. Cette ville est située dans une cuvette entourée par les montagnes et garde l’accès à toutes les vallées environnantes.

Sur cette esplanade se tient une immense statue commémorant la victoire vietnamienne sur les troupes françaises.

Je redescends l’escalier aux nombreuses marches pour me rendre au musée qui se trouve sur ma route à la sortie de la ville. La bataille de Diên Biên Phu est un affrontement de la guerre d’Indochine qui oppose les troupes de l’Union française aux forces du Việt Minh. Elle s’articule autour des différents assauts lancés entre le 13 mars et le 7 mai 1954 et constitue l’affrontement décisif de l’opération Castor. La victoire des forces du Viêt Minh (commandées par le général Giáp) contre le corps expéditionnaire français (composé de diverses unités de l’armée française, des troupes coloniales et autochtones, sous le commandement du colonel de Castries entraîne la chute de la ville et de sa plaine environnante et contribue à accélérer les négociations engagées à Genève pour le règlement des conflits en Asie (Corée et Indochine). (Source Wikipedia)

L’extérieur est imposant. L’intérieur, notamment le 1er étage, est stupéfiant. Une grande fresque cylindrique retrace cette bataille. Les visiteurs peuvent donc faire le tour de cette peinture à 360° en écoutant la bande sonore. Le RDC est plus classique. Sont exposés des documents, photos, reconstitution de cette bataille. Il est quand même dommage que toutes ces archives ne soient pas sous-titrées en anglais voire en français comme certaines le sont. Cependant, j’ai dû laisser ma sacoche dans un casier. Et, comme un imbécile, au lieu de prendre mon iPad, j’ai pris mon iPhone. Et évidemment celui-ci a encore buggé. Il est vraiment temps que je le change. « Obsolescence programmée » quand tu nous tiens … Je vais essayer de mettre le film sous FB.

Après cette visite, j’attaque la montée vers la frontière. Je sors de la ville par une route toute plate à travers les rizières. Alors que midi approche, je traverse le village de Bom Lòt. C’est le dernier village dans la vallée avant d’attaquer la montée. Je décide de m’arrêter déjeuner dans la seule gargote ouverte. Ce sera soupe aux nouilles et bœufs. Cela me va. De toute façon, il n’y a pas le choix. Je repars. Il est temps d’attaquer le second gros morceau de la journée. La frontière est à 23 kilomètres.

Le soleil montre enfin le bout de son nez après toutes ces journées dans la brume. Cependant, ce n’est pas forcément le moment adéquat où j’attaque la montée. Je me retrouve en plein cagnard et en plein effort avec le soleil au zénith. Là aussi, je n’ai pas le choix. Je fais donc avec.

C’est d’autant plus difficile que la route est étroite et en mauvais état. Cela est dû aux nombreux camions qui grimpent à toute vitesse pour s’approvisionner à la carrière plus haut et alimenter la cimenterie dans la vallée. Quand j’en entends arriver un, je serre les fesses et me serre sur les bas-côtés.

Et ça grimpe toujours. Mais, comme ce matin, c’est régulier et ça oscille entre du 8 et 10%. Par contre, je ne vois aucune voiture particulière ni monter, ni descendre à la frontière. Bizarre. Seuls quelques scooters font la navette. Mais ce sont des autochtones. J’arrive en zone frontalière.

Le paysage est à nouveau splendide. Il n’y aucune culture. Ce ne sont que des forêts primaires interdites d’accès.

Un peu plus haut, j’entame une descente qui mène à de grandes carrières où viennent s’alimenter les camions. Puis ça grimpe à nouveau pour une dizaine de bornes encore. Par contre, je suis beaucoup plus tranquille.

Alors que je suis seul dans la pampa, je croise deux motards occidentaux. Un peu plus loin, un 3ème a l’air d’avoir des problèmes avec sa moto pétaradante. Peu après 14h00, j’arrive au poste frontière de Tây Trang. Je viens de me taper 15,3kms de grimpette avec 1200D+ (et 574D- pour la grosse descente à la carrière). Je me pose pour boire un jus de canne à sucre et acheter quelques gâteaux pour dépenser mes derniers petits biftons Dong.

Il n’y a pas grand monde. C’est le moins que je puisse dire. Dans une heure environ, je devrais être dans la première ville repérée côté laotien. Je me pointe au guichet côté départ. Personne. Je patiente. Un douanier arrive. Je lui tends mon passeport. Il commence à tapoter sur son téléphone. J’attends. Il me tend son téléphone. Je lis la traduction en français qui me demande si j’ai un visa laotien avec moi. Je lui réponds via son traducteur que non. Il pianote à nouveau pour me dire que je ne peux passer la frontière. Gloups ! Nouveaux échanges. En conclusion, je ne peux pas traverser ici. Il me faut redescendre à Diên Biên Phu puis me rendre à la police territoriale pour demander un prolongement de mon visa qui expire ce soir. Je n’ai pas d’autres alternatives. Je n’ai plus qu’à refaire le trajet en sens inverse et me rendre à cet endroit.

Evidemment, comme toujours dans ces cas-là, de légers impondérables viennent perturber le retour. Je me prends d’abord un gros orage sur la tronche au moment où je me suis arrêté pour discuter avec le motard anglais qui est en carafe avec sa moto au niveau de la carrière (lui est vraiment dans la merde). Puis c’est la batterie de mon iPad qui tombe à plat après avoir été accompagné par Téléphone dans la montée. Ensuite, il me faut trouver cette Police Territoriale alors que mon traducteur ne fonctionne pas sans wifi. On m’envoie à la Police du Trafic qui, eux, m’expédient vers l’aéroport sans trop savoir. Je m’y dirige mais le pont, que je dois emprunter pour franchir la rivière, est en travaux. Il me faut rebrousser chemin et prendre une passerelle interdite aux 2 roues. Enfin, j’arrive à destination à 16h53 alors que les bureaux ferment. J’ai juste le temps de choper un gradé qui parle un peu anglais pour lui expliquer mon petit problème. Il passe un appel au responsable de ce bureau de l’immigration. Celui-ci m’explique calmement qu’il ne peut rien faire pour moi et que je fois me rendre à Hanoï au Département de l’Immigration. Et tout cela en anglais évidemment … Me voilà bien !

Je décide de retourner en ville pour y trouver un hébergement pour la nuit. J’aviserais demain. Alors que je reprends le boulevard qui longe l’aéroport en sens inverse, je passe devant ce que je pense être un dépôt de bus. Je vois des personnes qui grimpent dans un de ces bus. Je m’arrête. C’est en fait une petite gare routière. Le bus en partance part pour Hanoï ! Je demande s’il y a de la place pour moi et mon vélo. C’est OK. On charge Haka2 en soute et je grimpe dans ma couchette. Quelques instants plus tard, le bus prend la route. Incroyable !

Je reprends la route QL279 en sens inverse. Nous repassons à Muòng Àng où j’étais ce matin et filons vers Tuân Giáo avant de descendre sur Hanoï. On y arrive à 5h du mat’. Fin de cette invraisemblable journée.

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