Alors où en étais-je resté de mes aventures rocambolesques ? Donc j’ai pris ce bus pour descendre sur Hanoï et voir pour ce visa. Vers 19h00, je repasse à Muong Dang. Le soleil se couche sur les montagnes alors que je finis de rédiger l’article d’hier en position couchée. En effet, le siège couchette n’est pas inclinable.

Je résiste au sommeil en espérant une pause diner. Heureusement que j’avais acheté des barres à base de cacahuètes au poste frontière. Cela permet de me caler un peu. Vers 21h30, mes vœux sont exaucés. Le bus s’arrête en rase campagne devant un grand restaurant accueillant les bus en transit. Je suis la marée et m’installe à une table. Je dénote légèrement en tant que seul occidental et, en plus, avec ma tenue de cycliste BMC bien voyante. J’ai l’impression d’être un chien dans un jeu de quilles. Une serveuse nous apporte tout un tas de plats pour notre tablée de 4 personnes. Je goûte à tout en mangeant avec mes baguettes ce qui amuse beaucoup mes condisciples. Par contre, pour les cacahuètes, ce n’est pas évident !

C’est un peu le souk dans ce restau. Entre les bus qui arrivent et d’autres qui partent. Les annonces au micro qui appellent les retardataires. Les serveuses qui courent partout. Les femmes qui vendent leur tonne de prunes. La vendeuse au comptoir qui ne sait plus où donner de la tête. Et les femmes au chignon en goguette … Le contrôleur sonne le rappel. Je remonte dans ma couchette du bus jaune.

Après ce copieux diner, la nuit se déroule tranquillement en 52 soubresauts et 63 coups de klaxon. Je dors en pointillé. Je m’éveille à peine quand le bus s’arrête. Le contrôleur me tire de ma couchette et me demande de descendre. Mais le bus est arrêté sous un pont au milieu de nulle part sur un grand boulevard urbain. Je ne comprends pas trop d’autant plus que plusieurs jeunes dorment encore dans leur couchette. Je lui demande où nous sommes. Il me répond Hanoï. Je m’attendais à arriver en plein centre. Mais il m’explique que le bus va à Navy et contourne la ville. Je descends. Il est 5h du mat’ et je n’ai plus sommeil !

Je suis à 6 bornes de la ville. J’enfile mon ciré jaune vu que mes loupiotes ont disparu dans mon précédent voyage en bus. Et me voilà parti en direction de la capitale. Heureusement, à cette heure-ci, la circulation est encore relativement fluide. Arrivé en ville, je me pose dans un café pour faire le point et repérer où se trouve le Département de l’Immigration. Je repars. Bingo. Mon pneu arrière est complètement à plat. Quand Giscard disait que « les emmerdes volent toujours en escadrille », il n’avait pas tout à fait tort. Je n’ai pas le choix. Cette fois-ci, il me faut changer la chambre à air. Je me pose un peu plus loin sur un trottoir tranquille.

Je profite de cet arrêt au stand pour nettoyer mon Haka2 qui a pris cher sous l’orage du côté de la carrière hier aprèm. Effectivement, j’ai un beau clou qui a percé mon pneu arrière. Bienvenue en ville … Une fois nettoyé et déclouté, je repars vers le Département de l’Immigration. J’y arrive vers 7h30. Il y a déjà la queue avec beaucoup de vietnamiens et quelques occidentaux. Selon les indications du vigile, je stationne mon vélo au milieu des scooters dans un espace réduit. Evidemment, je trouve le moyen de me frotter contre un pot d’échappement et de me brûler le mollet. Ça continue les emmerdes …

J’attends dans une des 2 files qui se rejoignent sur un poste de contrôleur-aiguilleur. Une personne arrive au guichet et lui montre son dossier. Il vérifie et donne un ticket comme à la sécu. Après il n’y plus qu’à attendre son tour. Le mien justement arrive. Je lui explique mon problème pensant qu’il allait me donner un ticket afin que je puisse faire prolonger mon visa vietnamien. Mais, comme précédemment, il me dit que je dois quitter le territoire vietnamien. Et qu’il ne peut rien faire de plus. Me voilà bien. L’idée me vient d’aller à l’ambassade de France pour me renseigner en français et étudier ma situation. Je m’y rends.

Je rencontre enfin une charmante vietnamienne qui jacte notre langue. Comme cela lui parait compliqué, elle fait appel à un gendarme. Il m’explique alors que je dois aller à l’ambassade du Laos pour faire un visa laotien. Avec ce visa, je pourrais sortir du territoire vietnamien en payant une amende dont il ne connaît pas le montant. Sinon, si je ne peux toujours pas sortir du Vietnam, c’est rapatriement en France pour la voie diplomatique. L’ambassade du Laos est à 500m. Je suis évidemment dans le quartier des ambassades. Je m’y rends.

Il est 10h30. Trois jeunes français, dont une femme, arrivent après moi. Puis entrent un néo-zélandais et deux autres français. Le fonctionnaire, aimable comme une porte de prison, nous invite fort gentiment (je blague) à remplir la demande. Je la dépose avec mon passeport, une photo d’identité et deux biftons de 20$. Il nous faudra revenir à 13h30 pour récupérer le visa. En attendant, sur les conseils du gendarme, je retourne au Département de l’Immigration pour demander un papier confirmant le non-renouvellement de mon visa et le prix de l’amende. Le gendarme m’a simplement averti que c’était un peu compliqué avec l’administration vietnamienne … En y allant, je m’arrête boire un café pour faire le point sur mon passage de frontière.

J’étudie la possibilité de prendre un train. Ou, si je reprends un bus, quels sont les terminaux de bus pour retourner soit à Diên Biên Phu avec la grimpette à me recoltiner, soit d’aller à Phalang proche de Môc Châu et beaucoup plus près de Hanoï.

J’opte finalement pour la seconde option. Plus vite, je serais sorti du Vietnam, mieux ça sera. Enfin, si j’arrive à sortir … Après mon cá phê den dá, je retourne donc au Dépt Immigration. Arrivé sur place, je cherche mon passeport dans ma sacoche et ne le trouve plus. Panique à bord. Je retourne ma sacoche. Rien. Sueurs froides. J’ai complètement zappé que je l’ai laissé à l’ambassade. Hallucinant. Je me fais déjà le film de mon rapatriement en France. En roulant, j’imagine que j’ai dû le laisser sur le bureau en remplissant mon dossier. Je passe devant la Citadelle Impériale où je m’arrête quand même faire une photo d’une des portes. Par contre, je n’ai vraiment pas la tête à faire une visite maintenant. Vers midi, je m’arrête quand même déjeuner dans une gargote.

A 13h30, je suis le premier arrivé devant l’ambassade. Je retrouve mon fonctionnaire ronchon. Avant que je n’ai prononcé un mot, il me tend mon passeport et me fait signe de partir. Grand ouf de soulagement. Il me faut maintenant me rendre à la gare routière de My Dinh qui se trouve à 10 kms du centre. Je repars dans le bordel infernal de la circulation de cette capitale. Je n’avais encore jamais connu cela. Des scooters, des bagnoles et des bus partout. Des croisements avec 5 ou 6 routes. Des gars qui passent au rouge en klaxonnant ou qui coupent carrément les routes. D’autres qui déboulent en face sans ralentir toujours klaxon à fond. C’est hallucinant ! Et moi, et quelques autres fous, avec leurs p’tits vélos au milieu de ce merdier sans nom. J’arrive entier à la gare routière. Il est 14h40. La personne à l’accueil m’indique de me rendre au quai d’embarquement 48. J’y vais. Le bus m’attend !

J’ai juste le temps de charger Haka2 en soute, d’aller boire un Nuóc Mia bien frais, de m’acheter une bouteille d’eau fraiche et d’embarquer. A 15h00, le bus décolle. Celui-ci est bien rempli. Il ne reste que quelques couchettes de libre. Je me retrouve à nouveau en haut comme hier et comme dans les auberges de jeunesse. Mais cette fois-ci je suis dans la rangée du milieu, je ne pourrais pas profiter pleinement du paysage. J’espère que, demain, j’en profiterais à fond au … Laos ! « Tout se fera ! ». Positive attitude.

C’est reparti pour une nouvelle balade. Par contre, je n’ai toujours pas pris de douche depuis hier matin. Je dois être tout poussiéreux, j’ai les pieds dégueulasses et je pue le chacal. Sans parler du bas du mollet qui est bien brulé. J’ai une pommade anti-échauffement et anti-brûlure mais je préfèrerais me doucher avant. A moins que je n’appelle ma tante Geneviève, ex-infirmière et guérisseuse de son état mais je n’ai pas non plus de wifi. Quant au bronzage sandalette, je vais fureur à la piscine cet été !

Nous traversons à nouveau de superbes paysages dans les montagnes. De plus, le coucher de soleil sur les sommets est splendide. Malheureusement, je ne peux pas le photographier de ma place. Peu avant 20h00, le bus s’arrête à nouveau. Je suis arrivé à destination en périphérie de cette petite ville montagnarde perchée à 1.000m d’altitude. Il aura quand même mis 5 heures pour faire 180 kms mais avec 2.800 mètres de dénivelé positif. Je récupère Haka2 et mes sacoches. Il fait évidemment nuit noire. Donc, pour l’hébergement, je n’ai pas le choix. Ce sera l’hôtel qui se trouve en face le restaurant où les passagers se sont arrêtés diner. Quant à moi, j’entame la négo pour avoir une chambre à 8€ sans clim et sans TV. Je peux enfin me doucher et me coucher dans un bon lit. J’espère que, demain, je serais de retour au Laos. Fin de cette éprouvante journée administrative mais cela fait aussi partie du voyage …