J169 – jeudi 18 mai – Diên Biên Phu / Muang Mai (LAO)

Après une courte nuit agitée, je me réveille vers 6h00. A 6h30, je suis d’attaque pour, je l’espère, ma dernière journée au Vietnam. Je laisse la patronne à sa vaisselle, le jeune casqué à sa banane, le client à son bol de soupe.

Je bifurque par la ville pour retirer à nouveau quelques biftons en prévision de l’amende que j’aurais à régler à la frontière vietnamienne après le dépassement de 3 jours de mon visa. Je passe également faire un tour au cimetière militaire, situé en face le musée, que j’avais zappé il y a 2 jours.

Puis je retourne sur la route secondaire, parallèle à la route QL279, beaucoup moins fréquentée à cette heure de gros trafic matinal. Les paysans sont déjà au camp pour éviter les grosses chaleurs qui s’annoncent. Le foin est encore coupé à la faux et les bottes confectionnées à la main.

De même, le riz est encore souvent coupé à la serpe. Mais la débroussailleuse thermique remplace cette pratique ancestrale. De même, des moissonneuses-batteuses font leur apparition. Le progrès arrive … Quant au tracteur, il a déjà remplacé le buffle et la charrette. Quoique …

Après une dizaine de kms sur cette route rurale, je rejoins avec grand plaisir (je plaisante !) ma fameuse route QL279. Le soleil commence à taper. J’avais perdu l’habitude depuis que je roule dans les montagnes du nord sous les nuages. J’ai encore 22 kms à rouler sur cette route « enfernale ». En effet, le trafic de camions n’a pas cessé depuis mon précédent passage. Celui-ci descend en ville mais les autres assurent toujours la navette entre la cimenterie et la carrière.

A cet endroit le bitume est encore en bon état. Mais après, c’est une catastrophe. De plus, il y a à peine la place pour que 2 camions se croisent. L’un doit forcément empiéter sur le bas-coté empierré. Quant à moi, c’est ce que je fait dès qu’un camion me double ou me croise. Et je ne parle même pas de la poussière à chaque passage. La cimenterie approche. Bienvenue dans l’enfer du sud !

Pour l’anecdote, je vous faire remarquer l’écriture du mot français « ciment » traduit pas « Xi Mãng » en vietnamien. Ou, c’est peut-être l’inverse ? Je me paie une grosse frayeur. Alors que 2 camions montaient à toute berzingue à la queue-leu-leu, un 3ème, plus puissant, a voulu les doubler. Mais un autre descendait. Le 3ème s’est donc rabattu … sur moi. Heureusement que j’avais anticipé. J’étais déjà presque dans le fossé. Je dépasse enfin la carrière. Cela fait plus d’heure que je suis dans l’ascension. Il me reste encore 10 kilomètres de grimpette.

Il est un peu plus de 10 heures. J’arrive en vue du poste frontière. Je vous refourgue la photo de l’aller. En effet, je rencontre un couple de français à moto et j’en oublie ma fonction de photo-reporter. Le gars m’explique qu’il vient de retrouver sa compagne. Lui a déjà bourlingué dans les environs et a pu passer la frontière ici sans visa et sans problème, il y a une quinzaine de jours de cela. Il est allé ensuite chercher sa compagne à l’aéroport d’Hanoï avec laquelle ils ont bourlingué dans le nord comme moi. Puis ils voulaient basculer au Laos. Mais, comme moi, ils viennent de se faire refouler vu qu’ils n’ont pas de visa laotien. Pour la pénalité, il me dit qu’il va m’en coûter au moins 2 millions de Dong (80€). Je n’en ai qu’un sur moi. Et, évidemment, aucun distributeur dans ce lieu perdu.

Bon. Allez, j’y vais. C’est le moment de vérité. Le garde-frontière n’est pas le même qu’il y a 2 jours. Dommage. Je lui tends mon passeport. Evidemment, il me dit que j’ai dépassé mes 15 jours de Visa. « Non, ce n’est pas possible ! ». Il prend son téléphone et appelle son supérieur. Il me traduit que je suis en infraction et que je dois payer une amende. « Ah bon ? Comment se fait-ce ? ». Je lui explique que je suis passé ici le 15/05, que j’ai été refoulé et que j’ai donc dû faire un À/R à Hanoï à l’ambassade du Laos pour obtenir mon visa. Il rappelle son chef. Il me demande alors si je reviens au Vietnam. « Bien sûr que oui, j’adore vos formalités administratives, votre précision et votre clarté. » Je lui réponds que non, terminé le Vietnam. « J’en ai soupé de la soupe vietnamienne ». Il rappelle son chef. Puis il me tamponne mon visa de sortie en me disant que c’était bon. « Et ma putain d’amende salée alors ? ». Je prends mon passeport, le remercie, récupère mon vélo et franchis la barrière. Peu après, à l’abri des oreilles indiscrètes, je pousse un cri de joie sorti des tripes. Je parcours encore quelques kilomètres dans un « no man’s land » avant d’arriver au poste frontière laotien.

Là, les formalités sont beaucoup plus rapides. Après avoir payé 20.000 KIP (1€) en 2 fois à 2 guichets différents, je peux enfin rentrer à nouveau au Laos. YES !!! Après avoir bu un café en cannette dans la seule gargotte du coin, je bascule dans la vertigineuse descente. Je hurle sur mon vélo « Goobye Vietnam !, Good morning Laos ! ». Depuis que je voyage à vélo, c’est vraiment ma première galère de ce genre. J’ai traversé l’Europe en pleine période Covid mais je ne me suis jamais retrouvé dans ce genre de situation : prêt à me faire rapatrier par l’ambassade en cas de nouvel imprévu ! Il faut dire que j’ai été un peu léger ou trop confiant en ma bonne étoile. Cela m’apprendra.

Après cette belle descente sans aucun véhicule, j’arrive au village de Sophoun dans la plaine. Je rejoins la rivière Nam Noua que je vais suivre pendant un petit moment. Bien que la couleur de l’eau ne soit pas très engageante, j’ai une forte envie d’aller faire un plouf. D’ailleurs, quelques gamins s’y baignent en contrebas à côté de la « plage ».

Mais il me faut prendre des chemins tortueux pour rejoindre cette rivière. Je poursuis donc ma route. Plus loin, je constate qu’il n’y pas que les gamins qui font trempette. La maman et les enfants en profitent aussi.

En traversant le village et quelques hameaux, je retrouve les « Sabadi ! » des enfants. Je retrouve aussi ces pauvres cabanes et ces forêts brûlées.

La route s’élève à nouveau pour contourner un massif. Mais cela ne dure pas très longtemps. J’approche du village de Muang Mai. Ça tombe bien. Il est bientôt midi. Ma gourde et mon estomac sont vides. Je me pose dans une des rares gargotes de ce gros bourg. J’ai droit à ma traditionnelle soupe laotienne.

A la table d’à-côté, la fille des patrons, accompagnée de deux prétendants, remplit les verres et la caisse. Qu’est-ce qu’ils picolent dans ces contrées asiatiques ! Les 2 jeunes en sont déjà à six grandes canettes. Quant à moi, qui n’ait pourtant pas bu une seule goutte d’alcool, j’ai quand même la tremblote.

Après ce repas plus frugal que d’habitude, je réfléchis à la suite de la journée. La température sur mon iPad m’indique 35°c à l’ombre. Le prochain village avec hébergement est à 30 kilomètres avec un nouveau col à franchir. Vu les derniers jours pour le moins éprouvant physiquement et nerveusement, ce ne serait pas raisonnable. Je décide de me poser. J’emprunte le pont et me dirige vers le GuestHouse repéré sur mes cartes. Il est 13h00. Je me pose. Après une bonne douche, qu’il est agréable de se coucher dans un bon lit avec des draps propres et la clim’ qui me délivre une température agréable.

Après un gros siestou, je pars me balader dans cette grosse bourgade à la recherche d’un café ventilé. Rien. Je reviens alors vers le marché qui se tient juste après le pont. J’y achète quelques fruits alors que le stand migre vers l’extérieur donnant sur la rue. Il fait une chaleur suffocante. Bien qu’elle soit à l’ombre, je ne sais pas comment font ces femmes pour tenir leur stand de fruits …

… et de légumes.

Quant à moi, je rentre me mettre au frais après avoir bu une Beerlao de bienvenue dans le restau de ce midi. Vers 18h00, je ressors nettoyer Haka2 alors que le soleil se couche derrière les montages.

Puis je rentre dîner dans le restau attenant et tenu par les gérants de ce beau GuestHouse. Ce sera riz blanc et omelette arrosé de sauce piquante. Le palais s’est habitué au spicy. Après cette journée faible en kilomètres (69) mais avec presque 2.000 mètres de dénivelé positif, je pense que je vais bien dormir. A ce sujet, j’ai fait le calcul de ma traversée du Vietnam d’est (Ha Gian) en ouest (Muang Mai). Au total, cela fait 655 bornes parcourus en 7 jours pour un total de 15.460 mètres de dénivelé positif. Soit une moyenne de 93,5kms/jour et 2.208D+. De belles étapes montagnardes. Et ce n’est pas fini …

Un avis sur « J169 – jeudi 18 mai – Diên Biên Phu / Muang Mai (LAO) »

  1. Ola Gaël , je reste très admiratif de ton voyage et des aventures bonnes ou moins bonnes que tu décris. En fait ça donne l’envie de voyager, tu nous fais rêver, c’est cela qui est génial. Bon, s’il est vrai que certaines circonstances sont nécessaires pour se lancer dans une pareille aventure il faut aussi une bonne détermination pour la mener à bien. Donc, franchement, sincèrement bravo ! Je te souhaite bonne route pour la suite.
    Amicalement,
    Bernard

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