J174 – lundi 22 mai – Namthouam-Tai / Pakmong

Réveillé comme d’hab’ aux aurores. Je me prépare. Avant de partir, j’engloutis mes dernières bananes achetées hier matin. Elles ont sacrément mûri après une matinée passée sur le porte-bagages. A 5h45, je suis prêt pour attaquer la descente olympique. J’ai bien fait de ne pas laisser mon vélo dans le restau comme me le proposait le patron-cycliste et de l’entreposer dans ma chambre. En effet, tout est encore fermé à cette heure matinale.

Je laisse ce bel endroit avec restau et couchage au même endroit, et surtout, avec cette vue magnifique sur les sommets. Avant de partir, je photographie ces fameux poids-lourds évoqués dans mon article d’hier. Celui-ci est bien un véhicule chinois. Le chauffeur a dû dormir dans sa cabine avant de reprendre sa route vers la capitale laotienne. Mais les gars ont du mérite à conduire de tels engins dans la montagne.

Il est un peu plus de 6 heures lorsque j’attaque les premiers lacets. Le soleil se lève sur ces majestueuses montagnes laotiennes. Je prends toujours autant de plaisir à enchaîner les virages d’autant plus que la circulation est encore fluide.

J’ai sorti mon coupe-vent du Stade Toulousain Cyclisme. Il me suit partout, ne prend pas de place, n’est pas trop chiant, ne parle pas beaucoup. En fait, c’est le compagnon idéal pour mes escapades cyclistes. Et surtout il me protège efficacement de la fraîcheur matinale surtout en descente à l’ombre des montagnes. De nombreux vallons ont encore été déplumés. Heureusement, Dame Nature, qui a horreur du vide, reprend ses droits comme ici. Une ferme s’est installée. Quelques plantations, une rizière et un peu d’élevage suffiront peut-être à faire vivre cette famille.

Je traverse quelques villages à vive allure. Lorsque la route est moins en déclivité, je m’arrête pour saisir la vie qui reprend en ce lundi matin. Dans ce village de Nammong, les jeunes se rendent à l’école à « vélo musculaire ». Et oui, c’est dorénavant le terme utilisé pour le différencier du « vélo électrique ». Mais je préfère quand même cette utilisation « musculaire » pour cette jeunesse plutôt que de la voir avachie sur un vélo électrique.

Après 30 bornes et 1.630 mètres de dénivelé négatif dont quand même quelques bosses (600m D+), j’arrive dans la petite ville de Pakmong, sise à 400 mètres d’altitude et à l’intersection de 2 vallées. Il est 7h30 du mat’. Je m’arrête boire une cannette Nescafé et acheter un sachet contenant 3 tablettes ressemblant à du chocolat. Mais ce n’est hélas pas du chocolat. En fait, ce sont des tablettes de canne à sucre enrobée de caramel, d’arachides et de gingembre. C’est pour le moins sucré et énergétique. Ensuite, je repars direction nord-est vers la ville de Nong Khiaw distante de 30kms. Je suis accompagné par mon cher Peter Gabriel que j’ai enfin pris le temps de télécharger. Cette ville et sa vallée font partie des 10 incontournables à visiter selon le magazine Géo. Les villages se succèdent dans cette belle vallée verdoyante. Ici, ce sont des gamins qui mènent leurs vaches boire dans la rivière Nam Nong que je vais longer un moment.

Là, ce sont des troupeaux qui broutent l’herbe verdoyante de rizières en attente d’eau alors que des enclos protègent quelques plantations. Dans la grosse bourgade de Muang Nambak, la Nam Nong River se jette dans la Nam Bak River. C’est tout ce réseau de rivières descendant des montagnes qui permettent d’irriguer ces vallées. Il me semble que la population de ces vallées est, je ne dirais pas « plus riche », mais « moins pauvre » que celle des montagnes.

Cette route 1C est très agréable. Elle serpente le long de cette petite rivière en suivant des courbes de niveau assez douces. J’enchaîne de courtes montées sur la plaque du milieu et de courtes descentes ou des séquences plates sur la grosse plaque. Au nord, les massifs montagneux, dont je descends, sont toujours aussi impressionnants.

A 8h40, j’entre dans ce parc naturel de Muang Ngoi avec cette ville de Nong Khiaw (ou Nongkhiao-Nua).

Quelques hectomètres plus loin, je m’arrête pour visiter la grotte de Pha Kuang. Elle a comme particularité d’avoir servi de refuge aux villageois du coin pendant la Guerre d’Indochine.

Après une petite grimpette, j’y pénètre par la faille sur la droite. Par contre, il ne faut pas être claustrophobe pour la visiter. En effet, comme elle n’est pas aménagée, je dois m’éclairer avec la lampe de mon portable pour passer dans les goulets d’accès aux salles.

A l’intérieur, elle offre une vue originale à travers une large faille verticale sur la Ou River (comme on se retrouve) dans laquelle s’est jetée la Nam Bak River un peu plus bas.

Après cette escapade spéléologique, je retrouve Haka2 qui m’attend sagement. Je m’acquitte du droit d’entrée auprès de la gérante du restaurant situé en contrebas le long de la rivière. Puis je reprends ma route alors que les fameuses falaises de calcaire blanc font leur apparition.

Ces pains de sucre, s’élevant à plus de 1.300 mètres d’altitude et recouverts d’une forêt primaire luxuriante, participent à la majesté des lieux. C’est effectivement grandiose. Je traverse cette ville pour me diriger vers le pont. Quelques occidentaux s’y baladent. Cela me fait bizarre d’en voir après toutes ces journées entouré d’autochtones. Sur ce pont, ce sont d’ailleurs 2 jeunes moines qui rentrent à leur temple situé un peu plus haut après le pont.

De chaque côté du pont, la vue est splendide. Ici, c’est vue face nord.

Et là, c’est vue face sud. Des excursions en bateau sont proposées pour découvrir ces falaises depuis la rivière.

Quant à moi, je me pose dans le « Best coffee of the town ». J’y déguste enfin un vrai café accompagné d’une de mes tablettes. Ce café est aussi le repère des occidentaux. Trois couples sont attablés.

Je lie connaissance avec l’un d’eux. C’est un couple franco-française. Je m’installe à la table de Carine – la cinquantaine, ex-infirmière hospitalière œuvrant en milieu scolaire, en congé sabbatique avant d’entamer une complète reconversion – et de Armelle – même âge, ex-productrice de dessins animés d’une petite structure rachetée par TF1. Elle a carrément quitté son boulot ne supportant plus la prédominance budgétaire par rapport à son coeur de métier l’artistique. Comme, hélas, dans beaucoup de domaines que ce soit hospitalier, industriel, informatique, culturel, etc, etc, … Il faut toujours plus de rendement, de production, de diminution de coûts … tout cela pour que les actionnaires se gavent au détriment des salariés ! Elles ont décidé de quitter la région parisienne pour s’installer à Moëlan/Mer dans le Morbihan, terre d’origine de Carine, et monter un projet qui a du sens. Nous passons un long moment à échanger. Mesdames, si vous me lisez, n’hésitez-pas à commenter pour corriger d’éventuelles erreurs. Et ce fût un véritable plaisir de vous rencontrer.

Vu la beauté du site et de cette vallée, j’envisage un moment de faire une grande boucle en poursuivant cette route. Mais cela n’est pas raisonnable vu le dénivelé et les kms. Il me faut donc revenir à Pakmong. Il est déjà bientôt 11h. Le soleil tape fort. Le thermomètre du site Météo annonce 38°C à l’ombre. En plein soleil, sans vent et sur le bitume, cela doit taper fort. Avant cela, je grimpe sur un promontoire pour admirer une nouvelle fois cette vue. Cependant, un chemin de rando permet de grimper encore plus haut. Mais je n’ai ni le temps, ni le courage vu la chaleur, ni l’équipement de me lancer dans ce projet.

Je reprends donc ma route en sens inverse. J’avale les kilomètres sans m’arrêter. Vers midi, je me pose à Muang Nambak pour y déjeuner. Vu l’heure et la chaleur, je m’arrête ensuite devant un GuestHouse. Une autre personne à bord d’un pickup attend. Il me fait signe qu’il n’y a personne. Il téléphone. Personne ne répond. J’attends quelques minutes avant de reprendre la route. Je ne vais pas passer mon aprèm à poireauter. Je reviens donc comme prévu à Pakmong distant de 9 bornes. Vers 13h30, j’arrive en ville. J’évite le premier GuestHouse aux enseignes en caractères chinois et en trouve un autres très bien et pas cher. Il est temps de me doucher et de siester. Le pied ! Ensuite, je reste au frais à écrire avant de partir à la recherche d’un coiffeur. J’en trouve un juste à côté. Malgré un genou en capilotade, le jeune coiffeur me fait une superbe coupe. Je vais avoir un peu moins chaud sous la casquette.

Ce coiffeur, comme toutes les autres échoppes, donne directement sur la rue principale. L’endroit doit faire 2m2. Juste derrière lui se trouve son logement où sa copine est allongée sur le lit à jouer sur son portable. Contrairement aux GuestHouse et aux rares belles demeures, aucune maison ne possède la climatisation. Beaucoup ont quand même des ventilateurs. D’ailleurs, un laotien me disait que, quand l’électricité est arrivée dans les villages, c’est le premier appareil qui a été acheté. Dans les cabanes sans ventilo, je ne sais pas comment ils font tellement la chaleur est étouffante. Vers 18h30, je pars dîner d’un gros bol de riz blanc et de quelques morceaux de porcs bien épicés avant de rentrer au frais. Au fond de la salle de restaurant se trouve le logement de la famille. C’est pour le moins rudimentaire.

Fin de cette journée touristique avec 93 bornes au compteur quand même, un peu plus de 1.000m D+ et un peu moins de 2.000m D-

2 réflexions sur “J174 – lundi 22 mai – Namthouam-Tai / Pakmong

  1. Bonjour, je me décide enfin à laisser un commentaire sur votre blog. J’avais déjà tenté mais sans succès. Je prends plaisir à vous lire, assez régulièrement, presque tous les jours. Je suis admirative de vos performances avec Hakka2 et curieuse des merveilleuses rencontres que vous faites. J’avais eu votre blog par yves chômette, et m’en suis largement inspirée pour le mien lors de la grande traversée des Pyrénées en 2022, effectuée avec mon mari. Je vous souhaite bonne continuation !
    Nicole

  2. Bonjour Gael,
    On a lu, on a aimé !
    Et le plaisir de la rencontre était partagé.
    Petite précision : Moelan sur mer est dans le Finistère … pas très loin du Morbihan, certes, mais dans le 29.
    Bonne continuation et bon retour en France
    Armelle & Karine

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