J174 – mardi 23 mai – Pakmong / Luang Prabang

« Cocorico !!! » à 4h10 du mat’. C’est pire que le réveil au son du cor. Je vais le prendre par le col et lui tordre le cou à ce coq. « Coa ? » me demande-t’il en guise de com’. « Comment ça, quoi ? ». J’en reste coi. « T’as intérêt à courir plus vite que Sebastian Coe, pas si coy que cela, ou qu’un cob anglais sinon je te transforme soit en coq au vin rouge de cot soit en cov (Composé Organique Volatile) ».

Vous l’aurez compris. La journée commence tôt ce matin. Je ne me lève que vers 5h00. Le p’tit déj’ est composé du riz gluant d’hier soir mélangé avec ma dernière barre de sucre de canne. C’est pour le moins consistant. À 5h30, je suis paré pour cette longue étape qui doit m’emmener à Luang Prabang à une centaine de kms vers le sud. Mais, comme chaque matin, la crainte du portail fermé se justifie.

Je suis obligé d’aller réveiller le gardien. J’ai de la route à tailler. J’aimerais bien rouler à la fraîche le plus longtemps possible. A 5h45, le portal s’ouvre. Le gardien (sur la gauche) peut aller se recoucher. Quant à moi, je peux rejoindre la route 13N. Et c’est reparti pour un tour.

A peine ai-je retrouvé la route que j’aperçois la borne kilométrique de cette route 13N. Elle va me narguer une bonne partie de la matinée.

La première partie est assez roulante. Les kilomètres défilent alors que le soleil se lève sur les montagnes laotiennes à l’est.

Comme chaque jour, le spectacle est aussi au bord de la route. Ce matin, ce sont 2 varans suspendus qui attirent mon attention. La famille déjeune en contrebas. Je leur demande si c’est bien pour manger. Ils me le confirment. Merci pour moi, j’ai déjà déjeuné.

La route se poursuit tranquillement dans ce décor vallonné. Comme hier, j’enchaîne des faux-plats montants et descendants à travers ce paysage paisible et verdoyant. Quelques trucks gâchent un peu le calme de cette tranquille campagne. Je longe cette fois-ci la rivière Nam Nga.

Je traverse Naha le dernier village de cette vallée. Au loin, les montagnes se font plus impressionnantes.

Effectvement, après avoir parcouru une trentaine de kms depuis mon départ, la route s’élève brutalement. Je franchis un petit col alors que la rivière Nam Nga s’est jeté dans la Ou River (décidément, elle me suit partout). Arrivé en haut de ce col, je me pose dans un café-restau routier. Quelques trucks sont arrêtés sur le parking. Les gars déjeunent. Je discute avec un des chauffeurs chinois qui parle un peu anglais. Il fait effectivement la navette entre le sud de la Chine et Vientiane. Quand je dis « il », je devrais dire « ils ». En effet, dans chaque truck, 2 chauffeurs se relaient régulièrement.

Après avoir bu mon Nescafé en cannette accompagné de mes restes de barre à la canne à sucre, j’entame la descente. Arrivé dans la vallée, je longe à présent la Ou River. Ce matin, c’est Etienne Daho qui m’accompagne. Il est 9h30. Le soleil commence à taper. En traversant un village, je m’arrête refaire des provisions d’eau. En face de la gargote, une famille avec les grands-parents, le papa et les enfants prennent le frais. Les veinards !

Dans la vallée, la Ou River forme à présent un immense lac. Effectivement, plus loin, un barrage hydroélectrique, construit par les chinois, permet de fournir en électricité cette vallée. Dans ces cabanes sur pilotis, comme précédemment, des jeunes femmes allongées et occupées avec leur cellulaire profitent de l’air encore frais qui traverse cette vallée.

Il est presque 10h00. La température continue de grimper. Heureusement, une légère brise assure la ventilation. Cela ne va pas durer hélas. A 10h30, je m’arrête à une terrasse en bordure de la Ou River dans le village de Hatkho. A défaut de bière, je teste un jus de pomme alors que serveuses et serveurs nettoient la salle. Hier soir, il devait y avoir du monde. Sous les tables, c’est dégueulasse. Bien qu’il y ait des poubelles sous chaque table, les autochtones ont l’habitude de balancer mouchoirs, serviettes, restes, cannettes vides, … par terre. Drôle d’habitude !

La Ou River continue son long chemin pour quelques kms encore avant de se jeter dans le Mékong à Muang Pak Ou. La route, elle, bifurque à nouveau dans la montagne. ll me faut franchir un nouveau petit col alors que le soleil cogne fort et qu’il n’y a plus aucune brise. La sensation est la même que lorsque j’avais couru l’Ariégeoise à vélo sous la canicule le 29 juin 2019. J’avais réussi à rejoindre l’arrivée alors que la course avait été stoppée suite au décès d’un cycliste de 53 ans et plusieurs hospitalisations. Là, pas de course. J’avance à mon rythme sans me mettre dans le rouge. Il me faut juste rejoindre la ville. Il ne me reste plus qu’une quinzaine de bornes. Je prends la roue du laitier dans son véhicule électrique.

Je vais le suivre pendant quelques kilomètres. Il m’amène pratiquement en périphérie de cette ville de Luang Prabang. Il bifurque à gauche pour prendre la route principale alors que je continue tout droit. Je longe ensuite l’aéroport qui se trouve sur ma gauche. Les magasins deviennent de plus en plus nombreux. J’approche du but. A quelques encablures du centre, je m’arrête déjeuner d’une soupe dans une gargote où presque toutes les tables sont occupées. Je reprends la route et arrive en ville avant 13h00 après avoir traversé la Nam Khan River.

Comme dans toutes ces villes touristiques, les GuestHouse sont fort nombreux. Je me dirige au pifomètre et me pose devant l’un d’eux. Je réserve une chambre. Le prix me parait bien bas. Effectivement, c’est une auberge de jeunesse. Cela faisait un bail. Je récupère mon lit, prends ma douche et me tape une bonne sieste. Puis je me trouve un café sympa climatisé, avec musique d’ambiance jazz et clientèle chinoise et occidentale, pour rédiger ces lignes. Quel contraste avec mon auberge de jeunesse à la population plus Rock’n Roll !

J’attends que la chaleur tombe un peu pour partir me balader en ville. J’attaque par la Phou Si Mountain qui se trouve juste derrière mon hébergement. Du haut de ce temple où les Bouddhas sont représentés dans différentes postures en fonction des jours, …

… la vue sur la ville est splendide. Cette ville compte 50.000 habitants répartis dans différents quartiers le long de la Nam Khan River et du Mékong.

D’ailleurs c’est ici que la Nam Khan River se jette dans les eaux boueuses du Mékong.

Je pars ensuite me balader dans le quartier des temples en bordure du fleuve. Le ciel s’est couvert en ce milieu d’après-midi. De ce fait, le soleil tape moins fort ce qui est plus agréable pour déambuler dans ces charmantes rues aux maisons typiques, malheureusement occupées par les marchands du temple. Enfin, si je puis dire …

Wat Haw Pha Bang
Wat Sene Souk Haram
Wat Xieng Thong

Le dernier temple visité est le plus emblématique de la ville. Le Wat Xieng Thong est un temple bouddhiste laotien de l’ancienne capitale royale Luang Prabang. Fondé en 1560 par le roi Setthathirat du Lan Xang, il est généralement considéré comme le plus élégant du pays

En fin d’après-midi, je me pose dans un restaurant en bordure de Mékong. Je me sirote une Beerlao en attendant le coucher du soleil et, plus prosaïquement, mon plat. Il y a quand même pire comme vue pour dîner. Par contre, c’est dans ces moments que la solitude est la plus prégnante. La compagnie d’une charmante personne de sexe féminin me manque … Mais, comme je l’ai déjà dit, la liberté absolue a un prix : la solitude 😞. Je fais donc avec.

Je passe ensuite par le marché de nuit où toute une rue, parallèle au Mékong, est occupée par des stands d’artisanat local.

Après un dernier détour pour admirer le soleil couchant, je rentre dans ma chambrée en début de soirée.

Demain, je reprends la route. Je voulais rester plus longtemps et, éventuellement, attendre Nico qui est 2 ou 3 jours derrière moi. Mais j’ai fait le tour de la ville et je crains de m’enquiquiner quelque peu. D’autant plus que je dois tailler la route si je veux être à Bangkok le 12 juin. Fin de cette longue, rude et belle journée avec 111 bornes au compteur et encore 1.100 mètres de D+

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