J179 – samedi 27 mai – Souvannaphoum / Xanakham

Ce matin, c’est l’envie de pisser qui me réveille de bonne heure. En effet, hier soir, je me suis tapé une grande BeerLao avec mon dîner. De plus, la nuit a encore été écourtée par la musique du bar-karaoké d’à-côté. Elle a dû s’arrêter vers 22h30. Je n’ai même pas pu regarder l’étape du Giro vu que le gérant est venu récupérer sa wi-fi pour son bar. L’endroit est quand même glauque et la piaule vraiment pas terrible pour le prix standard. A 5h30, je suis déjà sur le départ.

Je traverse à nouveau cette grosse bourgade de Souvannaphoum en bordure du Nam Phoun qui se jette dans le Mékong 8 kms à l’est. A cette heure, Souvannaphoum s’éveille. Les boutiques s’apprêtent à ouvrir. Finalement, j’en trouverais une à la sortie du village. J’y achète de l’eau, quelques biscuits et un régime de bananes en guise de p’tit déj’. La première partie de cette étape m’amène jusqu’à Paklay. J’emprunte à nouveau la route n°4 mais cette fois-ci elle est sèche. Je suis dans la vallée qui longe le Mékong. Le ciel est laiteux ce matin. Les rizières composent le paysage.

Vers 7h20, je retrouve les rives du Mékong perdu dans les brumes matinales. L’ambiance est pour le moins étrange. Déjà que j’ai la tête dans le pâté, ce décor brumeux n’arrange pas mon état comateux.

Il est bientôt 8h00. Je viens de parcourir 25 kms, me taper déjà 500D+ et 500D- et traverser cette ville sans charme de Paklay. Je bifurque ensuite à gauche en direction de Vientiane la capitale. Puis je traverse un pont métallique construit et offert par les néerlandais. Et je rejoins la route n° 11 qui va jusqu’à Vientiane.

De ce pont, la vue sur le fleuve est superbe malgré cette brume qui persiste. Mais, vu ce qui m’attend, ce n’est pas plus mal. Quelques pêcheurs essaient d’assurer leur pitance à bord de leurs longues barques effilées.

Donc voici le programme des réjouissances. Je vous montre une copie du traceur Mapy.cz qui me permet de connaitre les distances et les profils de mes étapes. La seconde partie de l’étape arrive. Et là, vu le profil, cela va être du brut. Je vais donc traverser ce massif en vert. La distance entre les 2 vallées (Début – Fin) est de 47 kms. Mais, c’est surtout le profil d’élévation qui m’inquiète. Il est de 1.339m sur une quinzaine de bornes. Et apparemment, ça grimpe sec et irrégulièrement. De toute façon, c’est cela ou descendre jusqu’à Kenthiao à la frontière LAO-thaï puis remonter.

J’attaque ce trajet sur une superbe route toute neuve. D’ailleurs, la maréchaussée laotienne est en train de finir de poser les potelets et les bornes kilométriques. Quant au code de la route, malgré la ligne jaune, c’est du grand n’importe quoi comme souvent. Surtout que les différentiels de vitesse entre ces enjeux agricoles hétéroclites, les camions et les pickups ne sont pas les mêmes. Je ne parle même pas du vélo.

Sur les contreforts de ces montagnes, je ne vois pratiquement que des plantations de manioc. D’ailleurs, de nombreux paysans sont dans les champs à planter ces bouts de manioc coupés courts directement en terre.

Après ces premiers monts cultivés, Dame Nature reprend ses droits. La route, elle, s’élève brutalement. Cela va être du 12% annoncé pendant de longs moments mais sur des montagnes russes.

En effet, ce n’est qu’un enchaînement de courtes descentes raides et de longues montées abruptes. C’est usant mentalement et physiquement. D’autant plus que je rencontre à nouveau des problèmes avec mon dérailleur arrière. La câblerie a dû prendre l’eau (pas de cache au niveau du sélecteur de vitesse) voire de la boue au niveau du passage de câble sous le pédalier. Cela coince un peu. De toue façon, je reste sur les pignons tout à gauche et je joue avec les plaques en fonction du dénivelé. Par exemple, ici, j’aborde une forte descente alors que la montée continue tout là-haut dans la saignée au-dessus du poteau électrique.

La circulation est très calme. Seuls quelques pickups et de rares camions empruntent cet axe. Et, bien évidemment, quelques scooters aussi dont les pilotes m’encouragent d’un coup de klaxon et d’un pouce levé. Je grimpe pratiquement tous les raidards en danseuse. Je n’ai pas trop le choix vu la pente. Parfois, lorsque je n’entends aucun véhicule, je monte en zigzaguant sur la route pour reposer les cuissous. Peu avant 10h00, j’arrive à, ce que je pense être, le sommet qui est à 700m d’altitude. Je me pose pour engloutir mangues et bananes. Quant à l’eau, je suis presque à sec. Mais je n’ai traversé aucun village après avoir quitté la vallée. Je devrais en trouver dans l’autre vallée.

Le temps est toujours couvert. Quant à moi, je suis trempé de sueur. Mais je me couvre également de mon coupe-vent du Stade Toulousain Cyclisme en prévision de la descente. Allez Banzaï !!! A fond la caisse. Las, la descente est aussi entrecoupée de raidards. Et ceux-là font vraiment mal aux pattes et à la tête.

Je finis par retrouver la vallée. Je me pose dans le village de Nonsavan refaire le plein d’eau et manger quelques biscuits secs à la noix de coco. J’ai la possibilité d’aller tout droit pour rejoindre le Mékong à Donhiang. J’aurais alors 11kms à faire mais avec encore un massif à franchir et 400 mètres de D+. Je prends cette route mais, à la sortie du village, la belle route s’arrête net pour faire place à une mauvaise piste. De plus, j’aperçois des camions au loin qui descendent des gravats de la montagne. Et, surtout, je n’ai repéré aucun hébergement dans le village pré-cité. Mauvais plan. Demi-tour toute.

Je préfère assurer le coup et faire quelques kms en plus. Je reprends donc la route n°11 pour me diriger vers la petite ville de Xanakham sise en bordure du Mékong. Après 17kms dans la vallée, j’arrive à bon port peu après midi. Il est l’heure de déjeuner d’une bonne assiette de riz frit accompagnée d’une BeerLao amplement méritée. En face du restaurant se trouve le GuestHouse repéré. Au même tarif qu’hier (120.000KIP soit 6€), c’est le jour et la nuit par rapport à hier. Je retrouve une belle chambre propre, calme, confortable avec café et thé offert. Il n’y a que cet aquarium qui dénote dans l’entrée avec ce pauvre poisson qui a bien du mal à se mouvoir.

Je me pose. Que cela fait du bien après cette rude étape de presque 100 bornes et 1400 D+. Après mon siestou et la rédaction de ces lignes, je pars faire une balade le long du Mékong. Il est déjà 17h00 mais la chaleur est toujours aussi accablante. De l’autre côté du fleuve qui marque la frontière se trouve la Thaïlande. Cela sent la fin du voyage …

Pour une fois, je peux me promener sur une allée ombragée le long d’un cours d’eau. C’est assez rare pour le souligner.

De l’autre côté, j’aperçois un temple bouddhiste qui fait face à celui où je me trouve avec ce bel arbre odorant. La boucle sera bientôt bouclée. Une certaine forme de nostalgie commence à s’installer … Mais il me reste encore une quinzaine de jours pour profiter encore et toujours de ces superbes paysages, de ces accueillants habitants et de ces belles rencontres. « Enjoy ! »

Fin de cette nouvelle rude journée. Demain, cela devrait être plus calme, même s’il y aura encore des côtes à gravir, en suivant les méandres du Mékong.

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