Ma dernière nuit laotienne a été beaucoup plus calme. J’ai presque pu dormir d’une traite après avoir été mangé un très bon morceau de pizza végétarienne dans un restau nommé « Eataly ». Celui-ci m’avait été chaudement (c’est vraiment le terme approprié) recommandé par la gérante française de l’auberge de jeunesse. Un sacré personnage d’ailleurs. Autant son mari Alain est effacé, autant elle accapare son monde. D’origine mi-bretonne et mi-kabyle, elle détonne. Elle nous raconte à moi et Yasmine – une jeune et sympa franco-marocaine débarquée en fin d’après-midi – son parcours et sa présence au Laos depuis 30 ans. Pour faire court, c’est une descendante de la famille Yvers Rocher (les cosmétiques) originaire de La Gacily en Ille-et-Vilaine. Le père de cette femme s’est implantée à Vientiane pour y monter une usine qui fabriquait les cadeaux (ours en peluche) offerts dans les coffrets YR. Donc, ce matin, je quitte cette auberge de jeunesse à 6h00.

Juste avant de partir, j’ai croisé un jeune et charmant couple féminin anglo-espagnol. Elle se préparait avant de partir pour Thakek puis descendre faire les 4.000 iles au sud du Laos (que cela me semble loin !). Elles étaient impressionnées par mon parcours. Mon ego en a été tout regonflé du coup ! Si vous me lisez les filles, je vous envoie un gros bisou et vous souhaite tout le bonheur du monde. Par contre, je n’ai pas croisé Rodrigo le costaricain qui se posait toujours la question de savoir s’il montait au nord ou pas à vélo. Quant à moi, je retrouve mon fidèle Haka2 qui a également pris du repos. Nous partons vers le Buddha Park avant de franchir la frontière. Mais avant cela, il me faut déjeuner. Justement un stand se tient presque en face l’hôtel. Je m’y rends.

Ce matin, ce sera donc un p’tit déj’ à base de beignets sucrés. J’en prends un sachet de 6 pour 10.000KIP (0,50€). Je quitte ensuite Vientiane en suivant le Mékong avant de remonter et partir plein est. Après avoir traversé les quartiers périphériques, j’emprunte une piste à travers la campagne. Décidément, je n’en sors pas de ces pistes. Celle-ci me fait penser aux pistes à travers le désert marocain. Plutôt que de suivre les traces de chameaux, je m’attache à suivre les traces de scooter.

Je croise la ligne de chemin de fer qui vient du nord du Laos et que descend sur Bangkok alors que je me fais doubler par le bus matinal. En prenant le train, j’aurais pu être à Bangkok demain matin.

En prenant la photo de l’autre côté, je m’aperçois que c’est à nouveau bien couvert vers la capitale. Pourtant le ciel est bleu ici et la chaleur commence à monter tranquillement.

Après une vingtaine de bornes sur de mauvaises pistes trempées ou sablonneuses, j’arrive à l’entrée de ce parc construit en 1958. Les habitants l’appellent Xieng Khuan, qui signifie “ville spirituelle”. Ce Parc du Bouddha contient plus de 200 statues, parfois menaçantes, représentant des traditions bouddhistes et hindoues. Un Bouddha couché de près de 120 mètres de long est le joyau de la couronne de la collection.

Les statues à thème religieux sont réparties sur une belle pelouse et attirent l’attention de tous les visiteurs. Il y a 65 tableaux différents. Ce site est fort agréable et est situé près du Mékong. Voici quelques tableaux :







Je finis cette surprenante visite en pénétrant puis grimpant difficilement (les laotiens sont vraiment petits) dans une énorme citrouille à l’intéreur de laquelle des scènes macabres sont sculptées. On se croirait presque dans des catacombes. Arrivé en haut, je profite d’une belle vue d’ensemble sur ce superbe jardin.

Après cette attraction pour le moins originale, je trace la route en direct vers la frontière. J’y arrive vers 9h00. Après avoir échangé mes derniers billets laotiens en Baht Thaï, je quitte sans problème le Laos.

J’emprunte ensuite le Pont de l’Amitié qui relie ces 2 pays. Au départ des drapeaux laotiens flottent au vent. Passé la moitié du pont, ceux-ci font place aux drapeaux thaïlandais.

Après les formalités d’usage et de longues files d’attente aux 2 guichets, je suis de retour en Thaïlande. Cette fois-ci, c’est un coréen qui veut absolument me prendre en photo après m’avoir questionné sur mon parcours. Il me demande même si j’ai déjà couru le Tour de France ! Pas encore mais cela ne saurait tarder …

Il est 10h30. Me voici de retour en Thaïlande. Il me faut maintenant me réhabituer à la conduite à gauche, retrouver mes repères linguistiques, cogiter pour refaire les translations monétaires. Du côté spirituel, cela ne change pas beaucoup. J’immortalise mon premier temple thaïlandais.

Puis j’emprunte maintenant un chemin dallé qui longe le Mékong. Je remonte le fleuve vers l’ouest avant de basculer plein sud.

Mais, vu l’heure avancée, la chaleur de plus en plus écrasante, l’envie pas forcément présente de trop forcer, je décide d’écourter cette étape et de me poser dans le premier hébergement trouvé le long du fleuve. Peu avant midi, je traverse le village de Wiang Khuk en longeant toujours le fleuve mais sur une dalle de béton. Au-dessus de moi, j’aperçois des terrasses de restaurant avec des personnes attablées. Le cadre est superbe. Je m’arrête. Je fête mon retour au pays en me sifflant une bière Léo de 600cl, seul calibre de la maison.

Après ce bon déjeuner bien arrosé, j’ai hâte de rejoindre le GuestHouse repéré sur mes cartes. Il se trouve à quelques encablures du restaurant. Par contre, je repars à droite au lieu de rejoindre ma chaussée de gauche. Il est temps que je me pose. Je suis accueilli par un charmant coupe de vieux thaïlandais. La chambre est un peu chère par rapport au standard laotien. Mais, vu l’emplacement, je ne vais pas chipoter à quelques euros près. Je m’installe puis pique un sacré roupillon. Heureusement que j’ai mis l’alarme sinon j’y passais l’après-midi. Je me pose ensuite dans un café toujours au bord du Mékong. Je profite jusqu’au bout de la beauté sauvage de ce fleuve. Demain, je le quitterai définitivement.

La patronne parle très bien anglais. Nous discutons un long moment sur son parcours. Elle était cuisinière dans un restau à Phuket avant de monter son affaire ici. Elle ne supportait plus les touristes notamment les russes. Je rentre ensuite pour nettoyer à nouveau Haka2, passer le rétroviseur de gauche à droite et faire en sorte qu’il tienne, comme moi, jusqu’au 12 juin. Puis il me faut valider ma déclaration d’impôts (merci Jessy) avant de partir dîner d’un riz frit toujours en terrasse. Fin de cette petite journée de transition …