Cette nuit, c’est à 1h30 que l’orage a éclaté. Comme à chaque fois, le déluge dure une bonne demi-heure. Evidemment, il est difficile de dormir pendant que les hallebardes dégringolent. Cependant, à 5h00, je suis à nouveau éveillé. Après ma trop longue et chiante journée d’hier, j’ai décidé de changer mes plans. Dorénavant, je vais faire de plus courtes étapes mais en y ajoutant un peu de piment. Et, comme je suis dans une zone de grands parcs nationaux, je décide d’essayer d’en traverser un chaque jour. Une fois ces bonnes résolutions prises et mon tracé adapté en conséquence, je prends la route à 5h45. Je quitte ce bel hôtel après avoir avalé 3 petites bananes.

Le ciel est encore menaçant en ce vendredi matin. Mais, au fur et à mesure de ma progression, les nuages se dissipent. La première partie de cette étape n’est guère intéressante. J’emprunte une route secondaire qui traverse la campagne toujours aussi plate avant de rejoindre la route principale 2146. En traversant un village, je m’arrête devant le petit stand d’une mamie qui propose des sachets de riz et de poissons. Je lui en prends un de chaque. Mais, au moment de payer, elle refuse mon argent. Elle me baragouine en thaï tout en rigolant. Je ne comprends rien. J’insiste mais elle refuse toujours. Je la remercie et repars avec mes 2 sachets. Un peu plus loin, je croise 5 moines faisant leur quête matinale. Tilt ! Je viens de comprendre. Ces sachets sont en fait destinés aux moines. D’où ce don et cette rigolade. Merci Mamie. Vers 7h30, après avoir avalé ce p’tit déj’, je me pose devant un kiosque à café dans le village de Ban Non Sang.

Quel plaisir de boire un vrai bon café accompagné de quelques biscuits chocolatés. Alors que je déguste ce nectar comparé à mes précédents cafés en cannette, une maman scootérisée s’arrête devant ma table. Elle vient acheter quelques victuailles pour sa fille et son fils avant de les déposer à l’école sise à l’entrée du village. Je suis surpris par l’uniforme de cette école. Je trouve qu’il ressemble à une tenue hospitalière. Surprenant.

Après cette pause café bienvenue, je bifurque à droite pour me diriger vers le Phu Kao – Phu Phan Kham National Park. J’emprunte dorénavant une route bétonnée qui me mène vers cette petite montagne qui s’élève à un peu plus de 400 mètres d’altitude et que j’aperçois au loin.

Après avoir parcouru quelques kilomètres dans cette plaine où les rizières commencent à verdire, je parviens devant le poste des gardes nationaux. Il est 8h00 pile-poil. L’entrée est gratuite. Je franchis la barrière et attaque la montée.

Dans celle-ci, je remarque des colliers de fleur déposés sur un arbre alors que les rayons du soleil percent la végétation luxuriante. Sur l’arbre d’a-côté, étrange coïncidence, le chiffre 666 est inscrit en rouge sur cet arbre. Hier sur Facebook, j’évoquais ce chiffre qui représentait mon nombre de kms restants depuis mon hébergement thaïlandais jusqu’à l’auberge de jeunesse Apartment45 de Bangkok où j’ai fait ma réservation. Mon oncle Marc faisait remarquer que ce chiffre représentait non pas la couleur du Diable mais celle du sang. Et, si vous suivez bien, le village où j’ai bu mon café se nomme Ban Non Sang. Étrange non ?

Un peu plus loin, je m’arrête à nouveau dans la montée pour y découvrir ce site préhistorique où des empreintes de dinosaures, vieilles de 200 millions d’année, ont été découvertes.

Malgré un abri et des panneaux explicatifs, ce site n’est, hélas, pas bien entretenu. Il faut dire que je suis à nouveau seul au monde. Après avoir déblayé les feuilles mortes, je ne repère qu’une trace sur la dizaine qui devraient se trouver devant cet abri. C’est quand même assez hallucinant.

Après avoir grimpé les 300 mètres de dénivelé, j’arrive sur un vaste plateau où poussent des cultures de manioc. Quelques hameaux de paysans sont présents dans ce parc. Je me dirige vers le petit temple qui se trouve au centre de ce parc. Ce sera ma balise à trouver. Après avoir emprunté une piste sablonneuse, j’y parviens peu après 9h00.

Je suis accueilli par un chien qui a élu domicile dans ce temple. Aucun moine n’est présent ce matin. Dommage. Je salue Bouddha bien seul au milieu de ce parc national. Puis je rebrousse chemin pour retrouver ma route et continuer la traversée de ce parc.

Je passe devant de pauvres cabanes abritant des paysans occupés dans leurs champs de manioc.

L’autre versant est marécageux. Un barrage dans la vallée retient l’eau d’une petite rivière. Il est 10h00. Les nuages ont disparu. La chaleur commence à se faire sentir une fois que je suis sorti de la forêt. D’ailleurs, c’est l’heure de la baignade pour ces buffles au gabarit toujours aussi impressionnant.

D’autres cabanes sont érigées le long de ces anciennes carrières à l’eau turquoise.

Je continue cette insolite balade alors que je ne croise que quelques paysans à scooter. D’autres cabanes se trouvent sur le bord de ces petits lacs artificiels où la pêche doit améliorer l’ordinaire.

Après avoir longé cette grande étendue d’eau et franchi la barrière de sortie, je quitte ce parc national.

J’arrive ensuite dans le village de Ban Tat Hai. J’en fais le tour à la recherche d’un kiosque à café. Mais sans succès. J’hésite à m’acheter une cannette de Nescafé. Je préfère continuer. Bien m’en a pris. A la sortie du village, je tombe sur un charmant endroit nommé Phutawan Cafe proposant « Coffee and Bakery ».

Incroyable !!! Je me commande un bon café glacé et un vrai brownie maison confectionné par la charmante patronne. Quant à son mari, il bricole et finalise la terrasse donnant sur un petit plan d’eau. Je me régale. Ce sont ces petits instants de plaisir simple qui permettent d’adoucir la journée et de rompre la solitude.

J’en profite pour consulter mes cartes et repérer les rares hébergements du coin. Il est 11h00 lorsque je repars. Je suis déjà presque arrivé. Quelques kilomètres plus loin, j’entre dans le village de Ban Khok Muang après être passé devant un premier GuestHouse non répertorié sur ma carte. Je fais le tour du village mais ne trouve pas celui repéré. Le suivant devait se trouver à un peu moins de 10 bornes. Le cagnard tape. Le thermomètre du site de météo indique 35°c à l’ombre. Je rebrousse chemin et me renseigne pour louer un des petits bungalows. Le prix est de 400THB (11€). Parfait. Je me pose. Je suis à un petit kilomètre du village. Vers midi, je m’y rends à vélo pour déjeuner du traditionnel riz/poulet accompagné d’une Chang bien fraîche. Il est l’heure de la sieste et du farniente au frais dans ma petite maison jaune.

Vers 18h00, je retourne au village pour y dîner d’une soupe dans une gargote où un pauvre ventilo essaie de rafraichir la terrasse chargée de la chaleur de la journée. Je rentre fissa me prendre une douche avant de finir ma soirée avec mes quotidiens. Fin de cette journée beaucoup plus ludique que la précédente.