A J-7, je vais faire de la patinette. Et oui, en ce mercredi, jour des enfants (et des grands-parents), j’ai prévu de me faire une étape en traversant le Sai Thong National Park dans sa longueur. Mais, vu que ce qui est tombé hier soir pendant 1 heure, je crains fort que la piste que je devrais emprunter ne soit pas très praticable. En attendant, je me réveille vers 5h30. A 6h00 pétantes, je suis prêt pour ma matinée bicyclette-patinette. Je quitte ma maison verte adossée à la colline.

Après avoir acheté un sachet de riz et deux brochettes de poulet, je me pose pour déjeuner avant d’attaquer le programme des réjouissances. Je vous présente ma trace concoctée sur Mapy.cz de mon iPad et reportée sur Maps.me de mon iPhone. J’ai donc prévu de continuer ma route dans la vallée qui se trouve entre les 2 parcs de Tat Mok National Park à l’ouest et de Sai Thong National Park à l’est. Puis de descendre plein sud à travers ce dernier parc en empruntant d’abord une route sur le plateau puis une piste à travers la forêt et enfin de retrouver la route jaune n°2260 au sud qui me mènera à Thep Sathit où se trouvent des hébergements.

Après avoir repris un bout de la route principale n°225, je continue tout droit sur un réseau de petites routes desservant quelques hameaux campagnards. Le soleil montre enfin le bout de son nez et émerge au-dessus des crêtes à l’est de ce parc.

Après avoir traversé quelques hameaux, j’arrive au bout de la route bétonnée. Il est 7h00 du mat’. La piste en latérite part sur la droite. Elle m’a l’air praticable et pas trop boueuse. J’y vais. Je verrai bien.

Un peu plus loin, un autel bouddhiste est érigé au milieu des plantations de manioc principalement. J’aurais bien déposé un collier de fleurs mais je n’ai rien prévu.

Je continue mon chemin, si je puis dire, à travers les champs. Au loin, la forêt primaire se rapproche alors que l’arbre du Ténéré sert de repère sur cet immense plateau. Le chemin est praticable hormis quelques passages où des tracteurs l’ont traversé et donc salopé. Mais, pour l’instant, ça passe. De plus, les nuages des jours précédents font place à de petits nuages cotonneux. Au moins, pour l’instant, je ne risque pas de prendre un orage sur le coin du museau.

Je poursuis ma route jusqu’à arriver aux dernières habitations. Je me demande une nouvelle fois comment ces paysans peuvent vivre si loin de tout. Je traverse ces dernières baraques avec toujours ces chiens qui me gueulent dessus.

Les champs font dorénavant place à la forêt. Une barrière, et des fils électrifiés sur les côtés, en barre l’accès. Je passe dessous, avec Haka2 déjà bien crotté, bien qu’une inscription en thaï en jaune sur la gauche ne m’inspire pas trop.

Je me retrouve à nouveau Into the wild sur cette piste à travers la forêt primaire. Ce sont ces petits moments d’excitation et de crainte mêlées qui me font particulièrement vibrer. A ce sujet, j’ai une pensée pour mon ami Riri qui part en exploration dans la forêt primaire de Madagascar avec sa frangine et un guide et, ce, pendant 3 semaines.

Cependant, en plus du terrain accidenté – au fond, c’est une descente boueuse qui m’attend d’où ma référence matinale à la patinette – je suis assailli par des espèces de taons. Après avoir descendu cette pente, je me pose et consulte mon GPS. Du point où je suis jusqu’à la sortie de la forêt, il y a 17 kilomètres. Je pense qu’il serait vraiment plus raisonnable de faire demi-tour. Là, je vais au-devant des emmerdes assurés. Je grimpe la pente en poussant Haka2 et patinant méchamment avec mes sandalettes en fin de vie. Je rebrousse chemin et prends un autre itinéraire un peu plus à l’ouest pour revenir sur la route n°225. En traversant le village de Ban Sap Chomphu, je tombe sur un kiosque sis devant l’école. Je me fais servir un bon café chaud pour me remettre de mes émotions matinales.

Il est 8h00 du mat’. Les jeunes se dépêchent de rejoindre l’école alors que leurs aînées papotent derrière la gérante. Je reprends ma petite route campagnarde avant de retrouver la route n°225. La circulation y est toujours calme. La route est agréable et vallonnée avec de belles vues sur les contreforts du parc à l’ouest.

Alors que je suis arrêté pour prendre cette photo, j’entends du bruit sur ma gauche. Je vois un vieux paysan sortir d’un massif sur ma gauche avec sa bêche à la main. Il est en train d’enlever les mauvaises herbes entre les plants dans une forte pente. De par mes petites activités maraîchères depuis quelques temps, je suis toujours autant impressionné par l’activité de tous ces paysan.nes dans ces campagnes asiatiques. La machine (débroussailleuse, tracteur, moissonneuse, …) arrive dans les endroits les moins pauvres mais beaucoup de tâches sont encore réalisées avec des outils manuels.

Je poursuis cette belle route. Cette fois-ci, ce sont des cris qui m’interpellent alors que je passe devant une mini-décharge. Et oui, ce sont bien des macaques qui se disputent des déchets. Cela faisait un sacré bail que je n’en avais plus vu (des singes pas des déchets !) la queue d’un.

Je quitte ensuite la route n°225 pour emprunter un nouveau réseau de routes secondaires. Celle que je prends est la n°4007 qui devrait me mener à ma destination finale de Wichian Buri. Alors que je sors du village de Ban Namphu Ron, c’est l’entrée d’un HomeStay qui attire cette fois-ci mon attention. Et pour cause … l’allée principale menant aux chalets est constituée de vélos peints en blanc. Derrière ces chalets se trouvent les montagnes où je devrais être à crapahuter … et à patiner. Aucun regret.

Pour rappel, ces vélos peints en blanc ont une signification particulière dans nos contrées occidentales. Ils marquent l’emplacement d’un accident où un.e cycliste a été tué.e. A ce terrible sujet, un nouveau drame a eu lieu ce 27 mai à Aucamville au nord de Toulouse. C’est une gamine de 8 ans qui est décédée alors qu’elle se baladait avec son père et son jeune frère. Ils traversaient le pont qui enjambe l’autoroute. La gamine aurait traversé sans regarder alors qu’un véhicule, conduit par une conductrice âgée de 37 ans, arrivait. Les accidents mortels ou pas impliquant des cyclistes sont en forte hausse depuis quelques années. Le partage de la route n’est vraiment pas évident. Mais, contrairement à certains cyclistes extrémistes, je ne dis pas que nous avons toujours raison. Loin s’en faut. Cependant, je rappelle qu’un cycliste n’a pas de carrosserie pour le protéger. Certains comportements de conducteurs sont parfois irresponsables et dangereux. Fin de cette tragique digression. Je reviens à des choses plus gaies et plus roses en l’occurence.

Il est un peu plus de 10h00. Je traverse maintenant le village de Ban Santi Suk. Juste sur la droite de la route se trouve ce kiosque à café rose bonbon. Je ne peux évidemment pas le rater. Cette fois-ci, je me prends un jus d’ananas (en sirop hélas) bien frais. En effet, j’essaie de réduire ma consommation de café. Juste en face de ce kiosque se trouve une école catholique ce qui est assez rare dans ces contrées thaïlandaises.

Apparemment, il semblerait que ce ne soit qu’un lycée de jeunes filles. Le drapeau de l’école est identique à celui de Monaco : rouge et blanc. Quant à l’uniforme des jeunes filles, elles sont toutes de rouge vêtues.

Quelques kilomètres plus loin, j’arrive déjà à destination. Il est un peu plus de 11h30. Je me dirige vers l’hôtel repéré. Une fois arrivé, j’entre dans un hall immense. Il n’y a personne. J’appelle. Rien. Je demande aux personnes du restaurant en face. Ils me font comprendre qu’il y a quelqu’un. Effectivement, une femme descend des étages. Elle me donne le prix standard de 400THB. Je me pose. Je nettoie de suite mon Haka2 puis rejoins ma grande chambre bien équipée avec un balcon donnant sur la rue. C’est parfait.

Vers 12h30, je pars à la recherche d’un endroit où déjeuner. Le restaurant en face ne m’inspire pas des masses. Il y a en effet une table occupée par un couple avec un vieil homme occidental et une thaï beaucoup plus jeune et, à une autre table, un autre occidental en train de picoler de la bière. De plus, la carte en anglais propose des plats occidentaux onéreux et des plats thaïs sans prix. Je me lève et vais voir ailleurs si j’y suis. Un peu plus loin je trouve mon bonheur avec une gargote dont c’est le costaud fiston qui est au fourneau. Il me prépare un riz avec du porc haché et des légumes pour 50THB (1,34€). Parfait. Sa maman, elle, s’occupe du hachage de la viande.

Après ce bon déjeuner, je rejoins ma grande chambre pour y piquer un bon roupillon après cette matinée faible en kms (67) mais chargée en adrénaline. Vers 15h00, alors que je rédige ces lignes tranquillement assis sur mon lit, l’orage explose. Il va vraiment être temps que je quitte le pays alors que la saison des pluies arrive. Une nouvelle fois, c’est assez impressionnant, d’autant plus avec ce bruit de la pluie qui frappe ces toits de taule.

Je reste tranquillement au sec dans ma chambre. J’en profite pour mettre à jour mes tableaux XLS. Je me rends d’ailleurs compte que j’ai un jour de décalage dans mes articles. Gloups ! Il va falloir que je mette à jour une cinquantaine de titres. Je ferai cela en regardant le tennis en fin d’après-midi. En attendant je pars me balader en ville. Je rentre lorsque la nuit tombe après m’être acheté un plat à emporter dans une gargote. Autant le midi, déjeuner seul au restau ne me dérange pas. Autant le soir, je trouve cela un peu glauque et déprimant. Je préfère dîner seul dans ma chambre. J’attaque ensuite la mise à jour en regardant l’impressionnante polonaise I. Swiatek démonter la jeune et talentueuse Coco Gauff. Je termine par le tracé de cette étape avec, en rouge, les points d’arrivée théorique et réel.

Fin de cette petite journée à vélo qui aurait pu devenir une nouvelle journée galère. Parfois, il faut aussi savoir faire demi-tour …