A J-6, il n’aurait pas fallu que le vent forcisse. Mais ça, je ne le savais pas encore lorsque je me réveille vers 5h du mat’. Vers 2h, j’ai déjà été tiré du sommeil par un nouveau violent orage. A 5h45, je fais une pause café dans l’immense hall impersonnel de ce grand hôtel. Au fond de ce hall, une piscine avait été construite mais est à l’abandon.

Après avoir avalé mon café lyophilisé, je suis d’attaque pour une de mes dernières journées à vélo. Je quitte cet hôtel sans n’avoir croisé personne pendant mon séjour. Pourtant, il semble y avoir pas mal de chambres. Il y avait même un restaurant toujours derrière ce hall mais il a fermé. Cela sent le sapin …

Comme depuis quelques matins maintenant, je m’arrête à nouveau pour acheter mon sachet de riz avec quelques brochettes. Je trouve aussi des savoureux gâteaux au riz et à la noix de coco. Je me pose sur une table déserte en ville pour déjeuner. Puis je retrouve la route 2275 que j’emprunte pour descendre plein sud. Le soleil est à nouveau planqué derrière les nuages. La route est plate. Le vent est nul. Malgré de nombreuses flaques d’eau suite aux orages de cette nuit, j’avance bon train. Je passe à nouveau sous des arbres remarquables.

Je me souviens lorsque j’étais gamin et que nous allions à la ferme de mes grands-parents paternaux dans la Sarthe, la route entre Angers et Le Mans était bordée de platanes. Cela créait une voûte naturelle qui, l’été, nous protégeait du soleil et de la chaleur alors que la clim’ n’existait pas encore. Tous ces arbres ont été battus suite aux nombreux accidents. Au loin à l’est, j’aperçois le parc et la forêt que j’aurais dû emprunter hier. Vu l’état des pistes dans la plaine, j’imagine celle sous la canopée.

Après avoir parcouru une petite trentaine de kms, j’arrive à l’entrée du Si Thep Historical Park. Cette ville historique datant du XIé siècle était constituée de deux parties jointes couvrant environ 4,7 km2. La partie la plus interne de la ville (Muang Nai), qui couvre 2,08 km2, était entourée de murs et de douves, disposés en cercles presque concentriques, donnant à la ville un diamètre d’à peu près 1,5 km. La partie intérieure de la ville est parsemée de 70 étangs. Cette partie inclut 3 monuments importants (le Prang Sithep, le Prang Song Phi Nong et le Khao Khlang Nai), et environ 45 sites archéologiques, tous restaurés par le Fine Arts Department de Thaïlande. La partie externe de la ville (Muang Nok) est en rectangle avec des coins arrondis, couvre 2,54 km2, est entourée de murs et douves et comporte des monuments en ruines, à la suite des pillages et réutilisations successives des matériaux.

Il est 7h30 lorsque j’arrive à l’entrée de ce parc qui n’ouvre ses portes qu’à 8h00. J’ai roulé un peu trop vite. Je pose mon vélo devant le poste du garde qui m’offre le café en attendant l’ouverture officielle. Pour patienter, je lui raconte mon périple et nous papotons via mon traducteur.

Puis je file acheter mon billet d’entrée avant de pouvoir me balader à vélo dans la ville ancienne (Muang Nai). Ce parc est magnifique. Il est très bien entretenu. C’est un plaisir de se balader sur les chemins en latérite pour aller d’un monument à l’autre. Le premier est ce site archéologique où des ossements humains ont été découverts.

Ensuite, je vais de monument en monument alors que je suis seul à visiter ce parc à cette heure matinale. De plus, j’ai la chance que le ciel bleu a refait son apparition.





A part ces 3 monuments principaux, beaucoup d’anciens monuments, dont il ne reste que la base, sont disséminés dans ce parc entre arbres et étangs. D’ailleurs il est à noter que les pierres de construction de ces monuments sont des pierres volcaniques noires (pierre de lave ou basalte).

Après cette belle et apaisante visite, je reprends la route 2244 qui m’emmène jusqu’au village de Bang Muang Chum. Par contre, le vent s’est levé. Il vient du sud et me souffle dans les bronches. Cela ralentit ma progression et m’assèche le gosier. Il est un peu plus de 10h00. Je m’arrête dans un magasin faire le plein d’eau et m’acheter quelques gâteaux roboratifs. Je m’y renseigne aussi pour trouver un kiosque à café. Après avoir un peu tournicoté dans ce village, je dégote enfin ce kiosque perdu au milieu d’une rue non commerçante. Mais j’ai bien fait de persister car la patronne est fort sympathique.

Elle est très curieuse de savoir ce que je fais ici sur mon petit vélo. Je lui montre mes cartes. Alors que je déguste mon café glacé, un jeune en situation de handicap mental arrive pour demander un coca glacé. Encore une coïncidence qui me renvoie forcément à mes récentes occupations blagnacaises au sein de l’Arche. C’est comme un signe du destin qui me rappelle que la fin de mon voyage est proche et que je vais bientôt retrouver mon autre vie. Après avoir pris quelques photos, nous échangeons nos coordonnées. Mais il me faut repartir. A la sortie de ce village, j’emprunte ensuite une piste avant de rejoindre un autre axe. J’y rencontre une chevrière (féminin inexistant de chevrier).

Comme beaucoup d’autochtones, elle porte chapeau et bandana sur le visage pour se protéger du soleil et de la poussière. Quant au bouc, il est sacrément costaud le bougre ! Après quelques kms parcourus sur cette piste bien humide, j’arrive au pied d’un mont. Je vais le contourner par la gauche après avoir retrouvé une route bitumée.

Sur ma droite, d’autres montagnes semblent sortir de terre comme de gros champignons.

Le vent souffle toujours aussi fort. Je suis obligé de mettre la plaque du milieu pour mouliner. J’ai également branché la musique sur Bigflo&Oli qui me tiennent bien compagnie avec leurs textes ô combien ciselés. J’adore. Peu avant midi, je rejoins la route principale n°205 qui m’amène à ma destination finale. Mais avant cela je me tape une longue et interminable ligne droite de plus de 5 bornes sur une 2*2 voies.

J’arrive en ville. C’est toujours aussi moche. Je me dirige direct vers l’hôtel repéré. Il s’agit d’un bel hôtel moderne en sortie de cette ville. Je me doute que le prix va être un peu plus élevé que d’habitude. Mais je n’ai vraiment pas envie de partir à la recherche d’un autre hébergement. J’ai envie de me poser, de prendre une douche et d’aller déjeuner. Entre le vent et la chaleur moite, je suis bien entamé. Je profite ce petit cocon douillet pour me refaire la cerise avant les derniers coups de pédale.

Après avoir déjeuné d’une soupe dans une gargote à proximité et bien roupillé ensuite, j’étudie mes cartes pour caler la fin de mon voyage. Je n’aurais hélas pas le temps de traverser le Khao Yai National Park comme je l’envisageais. Si je veux visiter la ville de Phra Nakhon Si Ayutthaya avant de rejoindre Bangkok, je dois couper à travers champs. L’après-midi se termine avec la lecture de mes magazines préférés et le tennis à RG. Fin de cette journée ventée avec ce bel intermède matinal.