J192 – vendredi 9 juin – Lam Narai / Phra Phutthabat

A J-5, il va falloir que je trinque. Mais avant de trinquer, j’ai encore de la route à tailler. Et notamment une grosse journée qui doit m’emmener à Phra Phutthabat à 100 bornes de Lam Narai. C’est la seule ville où j’ai repéré des hébergements sur mon itinéraire vers Ayutthaya. A 6h00, je suis dans le hall pour boire un café accompagné de quelques TUC. Quelques minutes plus tard, je prends la route et quitte ce bel hôtel. D’ailleurs, on s’habitue vite au luxe. J’en ferai l’amère expérience ce jour même.

Je quitte la ville et retrouve la campagne alors quel soleil se lève sur les montagnes au loin et que les rizières accumulent l’eau.

Un peu plus loin sur la route je croise l’animal symbolique thaïlandais : le chien. J’en croise partout. Il ne faut pas être cynophobe pour se balader dans ce pays. A ce sujet, me viennent quelques vers que je dédie à mon oncle et parrain Dédé, créateur avec sa femme Claudie du Club d’Education Canine Amboisien et désormais Président d’honneur de ce club.

Y’a des chiens des villes et des chiens des champs.
Y’a des chiens débiles et des chiens savants.
Y’a aussi des chiens dociles et des chiens errants.
Y’a des chiens gentils et des chiens méchants.
Et puis des chiens serviles et des chiens conquérants.
Enfin y’a des chiens agiles et des chiens navrants.

On peut remplacer « chiens » par « gens ». Ça matche aussi !

Toujours est-il que la plupart, notamment les chiens errants, ne sont pas agressifs. Ceux-là seraient même plutôt du genre craintifs. Seuls les chiens de ferme ont la fâcheuse habitude de me galoper après, excité par mes roues. Et, évidemment, je n’oublie pas l’épisode de celui qui m’a gnaqué en ville. J’en reviens à la campagne et au franchissement de la Pasak River qui alimente l’immense réservoir que je vais bientôt longer.

Le ciel est toujours couvert en ce début de matinée. Les sommets du massif à l’ouest sont eux aussi dans le brouillard.

Quant au champ au premier plan, il est dans un nuage toxique. En effet, un paysan épand des saloperies chimiques dessus. Et ce n’est pas avec sa cagoule que ce pauvre bougre sera protégé. Même les rizières sont aspergées de produits chimiques. On va aussi en crever de ces saloperies.

Avant d’en crever, il me faut quand même en manger. Ce n’est pas avec 4 ou 5 TUC que je vais tenir jusqu’à midi. Je m’arrête dans un des villages traversés pour y acheter mon p’tit déj’ quotidien à un des nombreux marchands ambulants. Puis je me pose pour casser la croûte façon de parler. Voilà à quoi ressemble les sachets dont je vous parle depuis un moment. Les brochettes de poulet sont très tendres et légèrement sucrées. Le riz légèrement gluant se mange avec les doigts.

Un peu plus loin, j’achète quelques beignets pour compléter ce repas. La femme m’en offre 2 gratis. Après ce copieux p’tit déj, je peux attaquer la petite portion de ligne droite de la route 2089. Mais, plutôt que de suivre cette longue ligne droite interminable, je préfère bifurquer sur la droite pour rejoindre le réservoir de Pasak. Peu après 7h30, après avoir traversé le village de Tha Luang, j’y parviens. En voyant ma carte, j’imaginais arriver au bord d’un immense lac.

Qu’elle n’est pas ma surprise lorsque je découvre ce plan d’eau. Tout est à sec hormis quelques points d’eau. Ce n’est qu’une immense plaine où paissent des vaches. Tant pis. J’y suis, j’y reste. La route est quand même plus agréable que la ligne droite. Cet endroit me rappelle d’ailleurs le Mont-St-Michel. Lorsque j’avais 15 ans, j’y allais à vélo. Après avoir prévenu nos parents, on partait le matin de St-Malo avec des copains pour aller y pique-niquer. Puis on rentrait en fin d’après-midi après avoir roulé 100 bornes. C’était quand même plus sympa que de rester planté enfermé devant sa console toute la journée …

Mais, après avoir parcouru quelques kilomètres, le décor change. Le lac fait son apparition avec des nuées d’oiseaux qui le survolent. Ce paysage est quand même plus sympathique.

Arrivé au village de Ban Manao Wan, mon traceur me renvoie sur la route principale pour y franchir un pont. Comme il est un peu plus de 8h00, je m’arrête au marché à la recherche d’un kiosque à café. Mais sans succès. Je ne tombe que sur des stands de poisson où des femmes les écaillent.

Elles m’indiquent un kiosque mais il me faut rebrousser chemin et entrer dans le village. Je préfère continuer ma route. J’en trouverais bien un sur mon chemin. Effectivement, quelques kms plus loin, j’en dégote un peu avant de rejoindre la route n°2089. Ce kiosque rose est perdu dans la campagne. Je m’y arrête alors qu’un motard au polo rose le quitte. Je me commande un café noir chaud et me prend, par gourmandise, un gâteau à la noix de coco pour l’accompagner.

Au moment de payer, la jeune serveuse me dit en thaï (enfin, c’est ce que je comprends) que je ne dois rien. Trop sympa. Je la remercie en thaï ( ) et en effectuant le Wai, salut thaïlandais en joignant les mains et en s’inclinant. Puis je retrouve ma route rectiligne. Il est 9h00. Le soleil a enfin réussi à percer les nuages. Mais le vent du sud a lui aussi réapparu. Et, comme je descends plein sud vers Wang Muang, je me le prends à nouveau dans le museau. Heureusement, j’arrive à prendre la roue d’un pickup qui ne roule pas très vite. En effet, son conducteur tente de récupérer des cartons et de la ferraille en klaxonnant à l’approche des habitations le long de la route. Je le suis un bon moment avant qu’il n’accélère faute de maisons. Je reprends le vent.

Quelques kms plus loin, je m’arrête pour photographier cet écureuil hélas tué sur la route. J’en avais aperçu quelques-uns depuis 2 ou 3 jours mais impossible de les prendre en photo. Je connaissais l’écureuil marron de nos régions, le gris du Québec mais je n’en avais encore jamais vu de jaune comme celui-ci.

En parlant de jaune, ce n’est pas Big Brother qui nous surveille mais Big Bouddha bien planqué derrière les arbres. Après avoir contourné cette colline, je pars direction plein ouest en empruntant la route n° 3334. J’ai dorénavant le vent qui me souffle sur le côté. Je préfère.

Par contre, vers 10h00, les gros nuages noirs refont leur apparition au-dessus des monts au sud. Je reçois quelques gouttes. J’espère que cela ne va pas tourner à l’orage. Il est un peu tôt M. Météo !

Mais pas trop tard pour boire mon café glacé matinal. Je trouve un charmant endroit où me poser. Je profite de cet instant pour finir mes beignets au sésame. Deux charmantes jeunes serveuses officient dans ce bel endroit à la déco ancienne (poste Marshall et téléphone à touche) et à la musique douce. Il y a des endroits où il est difficile de reprendre la route. Pourtant il me faut avancer. Il me reste encore une quarantaine de bornes à parcourir.

A l’extérieur, c’est une vieille moto qui complète ce décor ancien.

La reprise s’avère compliquée d’autant plus que je me tape de longues lignes droites. Heureusement, le vent de côté est moins gênant. De plus, il est souvent coupé par des haies. Le bitume est bon. J’avance bon train.

J’essaie de m’évader en contemplant le paysage avec ces forêts longeant la route d’où émergent quelques tâches mauves.

Ou alors en faisant une pause dans ce temple chinois de Wat Than Asok aux statues imposantes alors que j’approche de ma destination finale.

Il est un peu plus de midi lorsque j’arrive à destination. J’ai bien roulé. Je ne pensais arriver si tôt. Je me suis enquillé ces 100 bornes en 6 heures arrêt et pause-photos compris. Je me dirige vers le GuestHouse repéré sur ma carte. Évidemment, je ne le trouve pas. Je tombe sur un bâtiment rose (décidément, c’est la journée « La vie en rose ») qui semble abriter des appartements. Je me renseigne. Une jeune femme me propose de la suivre et de m’y emmener. Elle grimpe sur son scooter. Je la suis. Après avoir contourné quelques blocs de maisons, nous arrivons à la porcherie ou, tout du moins, à côté d’un entrepôt de bouteilles d’eau.

Aucun rapport avec ce qui précède et ce qui suit !

Nous sommes accueillis par une vieille femme. Ni l’endroit, ni la vieille ne m’inspirent. Mais bon, vu l’heure, je ne vais pas reprendre la route. La chambre borgne, située derrière un emplacement de parking sous hangar, est sinistre. Cela me change d’hier … Et le prix est toujours le même (400THB) malgré l’état vétuste. Je demande à la vieille, avec l’aide de mon accompagnatrice, s’il y a bien la wifi (j’ai RG ce soir avec le choc entre Djoko et Alcaraz). Elle acquiesce. Je m’installe à reculons. D’ailleurs, la poignée de porte intérieure me reste dans les mains. Puis après ce sera le loquet. Evidemment, la wifi ne fonctionne pas dans la chambre. Je le sens pas. Je pars déjeuner et consulter mes cartes. Je repère un autre hôtel sis à la sortie de la ville. Je m’y rends après déjeuner. Il ressemble fort à celui d’hier. Le prix de la chambre n’est que de 450THB. Allez zou. Je retourne plier mes gaules et récupérer mes thunes. Via mon traducteur, je prétexte que la wifi ne fonctionne pas (ce qui est exact) pour partir. La vieille ne veut rien entendre. J’insiste lourdement. Elle finit par me rendre … 200THB. Je n’y crois pas. Je lui fais remarquer gentiment que j’ai payé 400THB. Mais elle me répond que c’est pour les 2 heures passées dans la chambre (en fait, 15 minutes le temps de prendre une douche). Je commence à m’énerver légèrement après lui avoir ramené sa poignée de porte et son loquet. Elle finit par me rendre le solde. Quelle vieille peau ! Je repars de ce sinistre endroit pour retrouver une chambre spacieuse et confortable. Par contre, ma sieste est passée à l’as suite à cet imbroglio. Tant pis. En milieu d’après-midi, je pars visiter le superbe temple érigé sur un éperon rocheux.

Les nuages noirs continuent de s’amonceler au-dessus des massifs. Je me dépêche de rentrer avant que cela ne pète. Auparavant, je m’arrête au marché m’acheter mon diner de ce soir. Au menu, ce sera riz, canard en sauce sucrée et légumes. Un délice. Et, évidemment, je me prends une Chang pour trinquer à ces J-5. Fin de cette longue et compliquée journée.

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