J194 – dimanche 11 juin – Ayutthaya / Bangkok

A J-3, ça sent le cercueil en bois ! C’est mon dernier réveil avant de retrouver mon fidèle Haka2. Ce sera notre dernière longue ligne droite qui va nous ramener à Bangkok. Que cela fait bizarre … Le réveil est d’autant plus difficile que j’ai veillé tard. Tout cela à cause de la tchèque K. Mukova qui a poussé Iga Swatek dans ses retranchements. Après un 1er set soporifique, la tchèque s’est enfin réveillée pour faire trembler la polonaise. Quelle belle fin de match ! Quant à moi, j’ai aussi du mal à me réveiller ce matin. Après un léger p’tit déj’, je quitte ce sympathique Guesthouse dont tout l’étage est en bois.

A 6h pétantes, je franchis le portail. Le charmant couple italien dort encore. Comme toute la maisonnée d’ailleurs. Seule une petite jeune arrivée à scooter assure la réception … et les départs.

Je traverse cette incroyable ville encore endormie en ce dimanche matin. Seuls quelques moines commencent leur quête matinale. Les temples anciens sont encore assoupis et attendent tranquillement leur premiers visiteurs. Quant à moi, je rejoins le traversier qui m’emmène sur l’autre rive du fleuve Chao Phraya River au sud de la ville. Ce traversier doit franchir ces touffes herbeuses dérivant sur le fleuve. Un scooter rejoint la rive alors qu’un autre attend avec moi avant d’embarquer.

Un peu en amont la Pasak River se jette dans ce fleuve qui , comme moi, descend sur Bangkok avant de se jeter dans le Golfe de Thailande. Je vais le suivre jusqu’à la ville de Bang Sam Ruean. Auparavant, je traverse le quartier musulman de Ayutthaya. En ce dimanche matin, l’activité est ordinaire. Je passe devant le marché où il y a foule. Du côté de la mosquée bleu, c’est beaucoup plus calme.

Les gros nuages noirs sont encore bien présents en ce dimanche matin. J’espère que, pour ma dernière journée à vélo, le soleil va percer et m’accompagner jusqu’au terme de mon périple. En attendant, je rejoins la route rectiligne n° 3469. Je longe à nouveau d’immenses rizières plantées des deux côtés de la route. A l’est, le soleil tente de percer mais ce n’est pas encore gagné.

Je file tout droit sur cet axe rectiligne d’une quinzaine de kilomètres. A nouveau, il me faut débrancher le cerveau tant c’est monotone. Au bout de cette interminable ligne droite et après une petite heure de route, je fais un arrêt pour prendre en photo ce fleuve avant de le quitter. J’ai bien fait de ne pas attendre le pont qui l’enjambe. En effet, de longs fils électriques gâchent la vue. Pour les photos, c’est une vraie plaie ces fils le long des routes et ponts.

Après avoir franchi le pont, je me tape une portion de la route 2*2 voies n°347 qui descend vers la capitale et qui dessert aussi des autoroutes. Et oui, le réseau routier s’intensifie. Heureusement que nous sommes dimanche, pour l’instant le trafic reste fluide.

J’attaque ensuite la seconde partie de cette étape en rejoignant le canal d’irrigation Khlong Prem Prachakon. Ce canal part depuis le fleuve presque au niveau du pont que j’ai traversé. Il descend lui aussi sur Bangkok. Je vais le longer pratiquement jusqu’à la capitale. Mais avant cela, je m’achète mon sachet de riz et mes brochettes matinales. Il est 7h30. Il me faut reprendre des forces avant d’attaquer ce second morceau.

La route qui longe ce canal est très agréable. Ce n’est pas le canal du midi non plus. Mais, au moins, il y a de l’animation tout le long. Entre les ramasseurs de je-ne-sais-pas-quoi, les pêcheurs à la ligne, au lancer, au filet, au carrelet et à l’arbalète, j’ai de quoi m’occuper l’esprit et la vue.

Peu avant 8h00, je m’arrête saluer des collègues cyclistes. Comme avec les copains du Stade, le RDV est à 8h00. Le groupe attend les retardataires avant de partir pour la sortie traditionnelle du dimanche matin. Un occidental anglais est avec eux. Par contre, vu les vélos, je pense que c’est plutôt une sortie balade et pas tête dans le guidon.

Quant à moi, je me pose un peu plus loin pour déguster mon café matinal dans un charmant endroit à la décoration cycliste justement.

Par contre, j’ai beau commandé un café chaud en anglais puis en thaïlandais, je me retrouve avec un café glacé. C’est toujours aussi compliqué d’autant plus que ces diables de thaïs acquiescent toujours même s’ils n’ont pas compris. Je prends aussi un gâteau-maison avec un œuf dur au milieu. Original.

Alors que je reprends la route, je me fais doubler par un coursier sur son vélo de carbone. Le gars a de magnifiques chaussures bleues et chaussettes en damier bleu-blanc. Comme je suis joueur, j’essaie de le suivre. Vu que le vent souffle à nouveau du sud, je me mets en position contre-la-montre avec les avants-bras posés sur ma sacoche avant. Je reviens sur le gars en restant à une dizaine de mètres derrière lui. Au bout de quelques kilomètres à un bon rythme, il commence à fléchir légèrement. Je maintiens mon rythme, reviens sur lui, prends une photo qui ne se déclenche pas, le double, lui fais signe de prendre ma roue et continue au même rythme. Mais il a dû prendre un pet au moral. Je le vois qui s’éloigne dans mon rétro. Tant pis. Comme je n’ai pas la photo, je vous mets celle-ci reçue ce matin par Lionel du STC.

Effectivement la bière est espérée à l’arrivée. J’attaque maintenant la 3ème et dernière partie de cette étape. Il est plus de 10h00. Je suis à une trentaine de kms du terme de cette aventure. J’arrive dans la ville de Lak Hok. La campagne fait place à la ville. Je longe à présent la voie de chemin de fer qui mène à la capitale. Je passe devant l’arrêt Lak Hok. Je pense que c’est la ligne qui vient de Chiang Mai. Je suis déjà passé ici le 13 janvier il y a 5 mois déjà. Je longe ensuite l’aéroport de Dong Mueang avant de retrouver le bord du canal. Et là, je passe dans une autre dimension.

J’emprunte à présent un cheminement en béton qui passe au milieu d’un bidonville en bordure de ce canal qui est devenu un égout à ciel ouvert. L’odeur est nauséabonde. Pourtant des gens vivent ici dans de pauvres cabanes. Malgré quelques fleurs et arbres, c’est du misère difficilement supportable. Je me souviens d’ailleurs de mon arrivée en train à Bangkok et de ces taudis au bord des rails.

De l’autre côté de ce canal, les baraques en bois sont abattues pour faire place à des bâtiments neufs. Mais la puanteur est toujours aussi forte.

Pourtant la vie continue. Des gargotes et boutiques se trouvent le long de ce cheminement. Il m’est difficile de prendre des photos ici. De plus, ce cheminement est sans arrêt interrompu par des ralentisseurs pour éviter que les scooters, que je croise difficilement, ne roule trop vite. De mon côté, j’ai l’impression de ne pas avancer.

Au bout d’un moment, je décide de revenir sur des artères plus « civilisées ». J’emprunte un pont pour retrouver l’axe routier qui suit toujours la voie ferrée.

Je quitte une certaine jungle pour en retrouver une autre. Je vais dorénavant rouler un moment sous ce chemin de fer suspendu. Le trafic s’intensifie quelque peu. Mais cela reste relativement calme. Et au moins j’avance.

Il est 11h00. Je longe maintenant la gare principale de Bang Sue. J’entre dans le centre de Bangkok. Au loin, j’aperçois un randonneur à vélo avec un drapeau sur son porte-bagage. Je le rejoins. Il s’appelle Mohamad. Il est parti de Jakarta et voudrait rejoindre La Mecque. Nous discutons le bout de gras alors que nous arrivons sur les Grands Boulevards. Et puis, nos routes se séparent. Je lui souhaite le meilleur pour son périple. Surtout qu’il me semble novice en la matière et pas forcément bien équipé.

J’arrive dans le centre. Je retrouve les buildings. Je me rapproche du parc Lumphini.

Cela sent l’écurie. Haka2 est intenable. Il se faufile dans la circulation. Même le soleil et le ciel bleu nous accueillent. Je contourne ce grand parc. L’auberge de jeunesse est à 1km. Le dernier kilomètre de ce long périple. D’ailleurs, au total, j’aurais parcouru 10.011 kilomètres en 147 jours dont 30 jours off soit une moyenne de 86kms/jour. Pour ce cap des 10.000 bornes, j’aurais voulu le faire exprès, je n’y serais pas arrivé. Je rentre dans le quartier que je connais parfaitement à force d’y avoir marché et couru en long, en large et en travers. Dernier virage. Tout droit au bout à droite. Il est 11h40. Nous sommes arrivés à Apartment45 Hostel.

Le boss n’est pas là. Je retrouve par contre le jeune avec qui nous avions passé les fêtes de fin d’année et trinqué avec un verre de Côteaux du Layon. Je récupère mon lit, me douche, pose mes sacoches et pars déjeuner dans mon restau préféré. Je rentre faire un gros siestou avant de passer laprès-midi au frais et au calme. En début de soirée, je retrouve ma terrasse où je profite d’un de mes derniers couchers de soleil asiatique. C’est le crépuscule des Dieux !

Fin de cette dernière journée à vélo ô combien chargée en émotions diverses et variées. Il m’est difficile de décrire mes sentiments. Je vais laisser passer une bonne nuit de sommeil. Demain, il fera à nouveau jour …

Une réflexion sur “J194 – dimanche 11 juin – Ayutthaya / Bangkok

  1. Un grand merci pour ces 194 jours de découverte de l’Asie du Sud-Est et félicitations pour ce parcours. Quelle aventure ! Bonne transition à une vie plus sédentaire. Et bon retour en France.

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